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Les États-Unis sortent du traité de désarmement

Les États-Unis sortent officiellement ce vendredi du traité de désarmement INF, qu’ils accusent Moscou d’avoir violé pendant des années, ouvrant la voie à une nouvelle course aux armements dirigée contre la Russie, mais surtout contre la Chine.

Le retrait des deux pays provoque la fin du traité INF, qui, en abolissant les missiles de 500 à 5.500 km, avait permis l’élimination des missiles SS20 russes et Pershing américains. Ph. DR

01 Août 2019 À 17:37

«Le traité INF (armes nucléaires à portée intermédiaire, ndlr) nous a été utile, mais il ne fonctionne que si les deux parties le respectent», a indiqué récemment le nouveau chef du Pentagone, Mark Esper. «Les États-Unis vont respecter le traité et toutes leurs obligations jusqu’au 2 août, après quoi nous ferons ce qui est dans notre intérêt», a-t-il précisé devant les élus du Sénat. Le 1er février, les États-Unis avaient lancé la procédure de retrait de cet accord bilatéral signé pendant la Guerre froide, procédure qui s’étend sur six mois. Le Président russe Vladimir Poutine a ratifié le 3 juillet la suspension de la participation de la Russie et faute d’évolution, le retrait des deux pays provoque la fin du traité INF, qui, en abolissant l’usage de toute une série de missiles d’une portée variant de 500 à 5.500 km, avait permis l’élimination des missiles balistiques SS20 russes et Pershing américains déployés en Europe. Même si les Européens ont exprimé leurs inquiétudes sur le risque d’une nouvelle course aux armements en Europe, l’Otan a approuvé officiellement la position américaine, invoquant le missile russe 9M729 qui selon les Occidentaux viole le traité INF. Moscou dément, insistant sur le fait que son nouveau missile a une portée maximale de «480 km».

De fait, la mort du traité INF arrange bien les États-Unis, comme le notait le mois dernier l’ancien ministre américain de la Défense Ash Carter. «D’un point de vue militaire, et non politique, ce n’est pas si mal que ça», remarquait-il lors d’une conférence au centre d’études Council on Foreign Relations. «On pourrait faire bon usage de ce que nous appelons une frappe conventionnelle rapide». En fait, le Pentagone se réjouit de pouvoir moderniser son arsenal pour contrer la montée en puissance de la Chine, qui cherche à affirmer sa suprématie militaire en Asie. Les nouvelles technologies permettent de développer des armes de portée intermédiaire beaucoup plus précises qu’il y a 30 ans, explique l’ex-ambassadeur William Courtney, aujourd’hui expert au centre de réflexion indépendant Rand Corporation. Et pour Thomas Mahnken, du centre d’études stratégiques de l’Université Johns Hopkins, les États-Unis doivent maintenant déployer ces missiles conventionnels de moyenne portée dans des îles du Pacifique et sur des territoires de pays alliés pour contrer la montée en puissance de Pékin dans la mer de Chine méridionale, où l’armée chinoise s’est emparée de plusieurs îles disputées.

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