20 Mars 2019 À 18:44
En baisse depuis le début des années soixante, la fécondité au Maroc est passée de 7,2 enfants par femme en 1962 à 3,28 en 1994, à 2,47 en 2004 et à 2,19 en 2010. Elle a connu une faible hausse, passant à 2,20 enfants par femme en 2014, soit pratiquement une stagnation. «La baisse de la fécondité a été interrompue ces dernières années, puisque l’indice synthétique de la fécondité révélé par le Recensement général de la population et de l’habitat 2014 (2,21 enfants) est légèrement supérieur à celui estimé par l’Enquête nationale démographique à passage répété 2009-2010 (2,19 enfants) suite à un léger accroissement de la fécondité en milieu urbain (1,8 contre 2,01 enfants)», indique le Haut Commissariat au Plan (HCP), dans une note relative au niveau et à la tendance de la fécondité au Maroc. Et d’expliquer : «La baisse tendancielle de la fécondité est due à deux facteurs essentiels. D’abord le recul de l’âge au premier mariage, qui est passé en moyenne d’environ 17,3 ans chez les femmes en 1960 à 25,7 ans en 2014.
Ensuite le rôle considérable qu’a joué la contraception. Elle était de 19,4% au début des années 1980, et n’a pas cessé d’augmenter jusqu’à atteindre 70,8% en 2018. Par ailleurs, il a été constaté que l’âge au premier mariage de la femme se modifie en fonction des circonstances en réagissant, entre autres, aux crises de subsistance ou aux conditions économiques favorables et la fécondité diminue ou augmente en conséquence. Ainsi, la hausse globale de l’âge au premier mariage des femmes marocaines s’est estompée depuis 2004 enregistrant depuis une baisse, passant de 26,3 ans en 2004 à 25,7 ans en 2014 et à 25,5 ans en 2018. Cette baisse est relevée chez les femmes rurales, passant de 25,5 ans en 2004 à 24,8 ans en 2014 et à 23,9 ans en 2018. Par contre chez les femmes urbaines une reprise à la hausse de l’âge au premier mariage a été enregistrée en 2018, passant de 27,1 ans en 2004 à 26,4 ans en 2014 et à 26,6 ans en 2018.»r>Le HCP fait également remarquer que la fécondité a augmenté dans le groupe d’âge 15-19 ans aussi bien dans les grandes villes que dans le milieu rural. Elle a augmenté de 41% à Tanger, 35% à Casablanca, de 24% à Meknès et de 5% à Rabat-Salé. Dans le groupe d’âge 35 ans et plus, et à l’exception de la ville de Fès où le taux de fécondité a baissé, une augmentation de 12% a été enregistrée à Marrakech, 11% à Rabat-Salé et environ 7% à Casablanca. Par contre, en milieu rural, et pour le même groupe d’âge, la fécondité a connu une baisse de presque 23%. Pour le reste des groupes d’âges, de 20 à 34 ans, la fécondité a globalement baissé à l’exception de Tanger où une augmentation de 6% a été enregistrée chez le groupe d’âge 20-24 ans.
En outre, les premiers résultats de l’Enquête nationale sur la population et la santé familiale (ENPSF 2018) semblent indiquer que la fécondité est en train d’enregistrer une baisse comparativement à celle de 2011. «L’évolution de la fécondité marocaine à travers les enquêtes démographiques et de la santé montre qu’après avoir continuellement régressé au fil des années, la fécondité en 2011 a enregistré une faible hausse par rapport au RGPH 2004, passant de 2,5 à 2,59 enfants par femme, avant de descendre à nouveau à 2,38 enfants par femme en 2018. Même avec cette baisse, ce dernier taux reste supérieur à celui du RGPH 2014 (2,21 enfants)», souligne le HCP dans sa note. «Les fluctuations observées dans l’intensité de la fécondité nous poussent à se résigner à opter pour une tendance claire. Si on analyse, séparément, les données des recensements de la population et celles des enquêtes démographiques et de santé, la tendance est globalement vers la baisse. Par contre, lorsqu’on combine les deux sources d’information, la tendance se modifie vers la hausse depuis 2010. A priori, les estimations de la fécondité, des recensements ou des enquêtes démographiques et de santé (EDS), devraient être proches, ou même semblables, mais ce constat soulève des questions d’ordre méthodologique, notamment de nature et de période de référence de chaque opération statistique. Seules d’autres opérations statistiques futures permettront de confirmer ou d’infirmer une éventuelle tendance de la fécondité au Maroc», conclut la même source.