Économie

La génération C, nous y sommes déjà !

La génération C ou «natifs numériques» commence à débarquer sur le marché du travail, introduisant des changements en termes de besoins. Cette génération n’est pas uniquement utilisatrice de technologies, mais celles-ci font partie de son quotidien. Pour Mohamed Benouarrek, expert international en gestion des ressources humaines et conduite du changement, «il est inévitable de se rapprocher de cette génération pour bien comprendre ses priorités et savoir agir sur les leviers de sa motivation tout en évitant de leur imposer ce qui nous a été imposé». Le point.

13 Mars 2019 À 20:05

Conseil : Génération connectée ou génération C, en quoi cette génération est-elle différente des précédentes ?r>Mohamed Benouarrek : La génération C est née à l’ère digitale. Elle a ouvert les yeux sur le PC, la tablette, le téléphone mobile, la console au même titre que le biberon. De ce fait, le fait d’être connecté reste une pratique naturelle. Cet arsenal de gadgets fait partie de l’évident. Contrairement aux autres générations, à savoir X et Y ou encore Z qui se retrouve en zone de chevauchement avec elle, la génération C n’utilise pas la technologie ; elle la vie.r>Vous n’avez qu’à contempler les cafés, les espaces publics, ou encore les classes pour voir le degré d’attachement que cette génération a pour le Wi-Fi et l’appartenance aux groupes et aux réseaux sur le Net. r>La vie virtuelle est parfaitement blindée dans la vie normale. La notion d’espace prend une autre ampleur. Le jeune appartenant à la génération C peut se trouver dans un village ou patelin et s’identifier à une culture d’un pays lointain à des milliers de kilomètres. On peut partager le même lieu au tour d’un café sans parler, mais on est connectée via un réseau à d’autres amis. L’internet pour sa part n’est plus un moyen de communication, mais plutôt un espace de vie. r>L’adresse email devient plus importante que l’adresse de domicile. D’autres désignent la génération C comme génération de «Communication», «Connexion», «Collaboration» et «Créativité». Les caractéristiques se démultiplient, mais distinguent bien cette génération des précédentes.

Pourquoi provoque-t-elle autant d’interactions dans le monde du travail ?r>Le gap intergénérationnel fait que certaines interprétations ou certains comportements de référence ne sont pas les mêmes. Ceci crée des frictions et des conflits. Le fait d’être connecté dans le lieu de travail par exemple peut frustrer le responsable hiérarchique appartenant à la génération X ou Y. Effet, le degré de tolérance vis-à-vis de ce comportement n’est pas le même. Si le collaborateur de la génération C est à l’aise avec le téléworking, celui de la génération X préfère de loin le présentéisme. r>Ce dernier veut manifester sa supériorité hiérarchique et exercer son autorité, comportement que le collaborateur de la génération C refusera. Il exige le respect et veut comprendre les consignes avant de les exécuter. Le béni-oui-ouisme ne lui plaît pas. Ainsi, les différences de mindset font que les divergences intergénérationnelles s’ajoutent aux différences de caractère pour rendre la cohabitation plus difficile.

Comment gérer ce conflit intergénérationnel ?r>Il s’agit de rapprocher les points de vue et les angles de vision. S’inviter à explorer les motivations de la génération C ne peut qu’être utile pour la gérer. En effet, c’est une génération qui parait rebelle, mais la réalité est autre. Le rapprochement des états d’esprit demeure la seule issue pour gérer ces conflits.r>Il est inévitable de se rapprocher de cette génération pour bien comprendre ses priorités et savoir agir sur les leviers de sa motivation tout en évitant de leur imposer ce qui nous a été imposé. Leur malléabilité et élasticité mentale n’est ni meilleure ni pire que la nôtre. Elle est juste différente.

Quel est le rôle du manager pour créer un climat favorable ?r>Le manager doit faire preuve d’intelligence relationnelle et d’une vraie attitude de coach. Il doit se défaire de son rôle de chef hiérarchique et se montrer plus un mentor de proximité pour ses équipes de génération C qui requière un tel comportement et donne de meilleurs résultats.r>Cette génération privilégie le bien-être sur le salaire. Elle n’est pas prête à sacrifier sa vie personnelle pour une carrière et exige un équilibre vie privée/travail. Le bonheur et le plaisir se consomment pour elle-même dans le lieu de travail.

Comment tirer profit du pouvoir d’influence de cette génération ?r>Ils sont des habitants de la planète internet. Leur domiciliation aux différents réseaux sociaux fait qu’ils y sont fort présents. Ils sont visibles au niveau des médias sociaux et y contribuent aussi. Ils peuvent être les meilleurs ambassadeurs de leur entreprise ou bien les pires acteurs pour dénoncer leur employeur et parler de leur malaise professionnel.r>Leur aspect connecté peut leur rendre service dans leur travail, car leur capacité de réseautage est inégalée. De ce fait, ils peuvent démarcher des clients, fournisseurs ou partenaires aisément via les médias sociaux. Ceci reste un élément distinctif de taille. 

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Les recommandations de l’expert

Je conseille d’enlever nos lunettes X Ray pour mettre celles du modèle r>C Ray.r> Le fait de comprendre les modalités de raisonnement de la génération C n’est guère une défaite pour nous. C’est une sagesse de notre part pour mieux les intégrer dans un monde qu’ils hériteront de toute façon. Ceci nous aidera à nous inviter à leur monde et à tisser des passerelles d’ententes plus raisonnées et mieux négociées.

Propos recueillis par Najat Mouhssine

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