01 Avril 2019 À 17:57
Installée et agencée d’une manière chrono-thématique, cette exposition fait voir l’évolution du travail du peintre, depuis ses premières créations d’inspiration fauviste jusqu’à ses paysages et scènes aériennes aux couleurs lumineuses et apaisées. «La FNM tient ainsi sa promesse de multiplier les rendez-vous artistiques qui célèbrent la création nationale, en lui donnant une place importante dans un cadre muséal en concrétisant, par la même occasion, l’un de ses objectifs majeurs, étant d’élargir son réseau de collaborations avec la jeune génération des curateurs nationaux», souligne Mehdi Qotbi. C’est d’ailleurs le cas de Touria El Glaoui que la Fondation a choisie, en tant qu’actrice culturelle de la scène artistique africaine et marocaine, pour orchestrer le commissariat de la rétrospective consacrée à feu El Glaoui. D’autant plus qu’elle est la fille de l’artiste, qui a accompagné son père tout au long de son voyage artistique. Ainsi, en déambulant à travers le circuit fourni par Touria, on y découvre les thématiques qui furent chères à l’artiste, ainsi que les périodes picturales par lesquelles il est passé.
Le spectateur aperçoit, ainsi, d’autres sujets, outre que les scènes de cavaliers qui ont fait sa célébrité. «Il est appelé à la redécouverte du charmant tempérament pictural d’un peintre passionné qui a placé son art au-dessus de tout. Glaoui nous a quittés il y a presque un an en léguant une riche production artistique imprégnée par une sensibilité inouïe qui se voit dans le traitement lumineux des couleurs, dans les traits élancés et fins dépeignant de tendres portraits, des paysages aériens, des natures mortes poétiques et des scènes de chevaux où culminent la beauté de la figuration et la prouesse de la composition» , analyse Abdelaziz El Idrissi, directeur du Musée Mohammed VI. Et d’ajouter que la répétition du même sujet par l’artiste montre sa capacité à faire d’un seul et unique type de représentation son canon personnel, changeant dans la stabilité, et continuellement innovant. «Voilà le génie d’El Glaoui : par son dévouement à son sujet de prédilection, il crée un style unique avec lequel il se démarque de tous ses contemporains. Ses représentations des chevaux rappellent une grande tradition picturale qui a mis la cavalerie à l’honneur et qui va de Leonard de Vinci à de Delacroix, mais sans pour autant s’en approcher esthétiquement».
Touria El Glaoui se remémore avec émotion les moments d’enfance passés dans l’atelier de son père, le voyant peindre : de vrais moments de complicité et de rêve, dit-elle. «Plus tard, à l’âge de l’apprentissage, je passe de longues heures silencieuses à suivre le voyage du pinceau sur la toile, je cherche la mécanique capable d’exprimer en quelques traits la vérité d’une posture ou l’âme d’un visage. C’est de la magie, aucun doute. Le secret réside-t-il dans le regard si particulier de mon père, prunelles bleues cerclées d’ardoise, dont l’eau calme et profonde saisit invariablement ses interlocuteurs ? ». En effet, en scrutant les œuvres peintes tout au long des sept décennies de son vivant, on décèle un travail des plus élaborés de l’un des premiers artistes figuratifs du Maroc, qui a exposé à Paris dès 1950 et à New York dès 1951. Ainsi, «Le Sel de ma Terre» revient sur deux aspects clés de la vie et du travail du peintre, notamment son génie de portraitiste, qui fut très salué par de nombreux professionnels et critiques d’art, puis ses multiples œuvres s’intéressant à la vie culturelle et politique de son pays et de son temps. Sans oublier sa passion pour les chevaux et leurs fantasias qui ont fait sa célébrité dans de l’univers la peinture.