Société

Iffer et Afourgah, les lacs méconnus du Moyen-Atlas

Le Moyen-Atlas est une région réputée pour l’harmonie de sa nature et la richesse de ses paysages, comprenant de nombreuses étendues d’eau qui restent, toutefois, méconnues du grand public, tels les lacs Afourgah et Iffer, qui pâtissent des fléaux de la désertification et de l’ensablement.

Dayet Iffer est prisée par les randonneurs qui viennent admirer les nénuphars qui semblent évoluer selon une chorégraphie bien ficelée.

21 Août 2019 À 17:55

Les lacs Iffer et Afourgah dans le Moyen-Atlas riment avec plein air, fraîcheur et émerveillement. Offrant un mélange somptueux entre le minéral et le végétal, la flore y est très riche et originale, mais l’usage excessif de la nappe phréatique entraîne l’ensablement d’une partie des lacs. Iffer (caché en Amazigh) est un lac permanent situé à 1.520 m d’altitude dans la province d’Ifrane. De forme subcirculaire de 300 m de diamètre, l’étang dispose d’un plan d’eau de 6 m de profondeur.r>C’est le plus petit lac naturel du Moyen-Atlas avec une étendue de 3,5 hectares. Son niveau est variable en fonction des saisons et de la pluviosité annuelle et son bassin-versant est de 3 km², selon le Haut-Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification (HCEFLD).r>Ce lac est prisé par les randonneurs de la région qui viennent admirer les nénuphars une fois sur la plaine. Un paysage unique en son genre qui fait le bonheur visiteur et notamment des amateurs de photographie. Son large lit verdoyant est une invitation à flâner pour un dépaysement ultime et son environnement copieusement arboré le dote d’une zone ombragée convoitée lors des chaudes journées estivales.r>«Lors des randonnées organisées par notre Association, nous avons eu la chance de découvrir amplement la région», a déclaré à la MAP Samira Nabaoui, membre de l’Association Massarate pour le développement des montagnes, en fixant du regard une prairie très rase et des massifs de chênes verts entourant le lac Iffer. «Je peux vous assurer que les lacs Iffer et Afourgah sont particuliers et privilégiés», a relevé Mme Nabaoui, qui ne cache pas son admiration pour la vase et les galets des rives du lac.r>Compte tenu de la particularité de ce site et dans le dessein de protéger et de préserver son potentiel biologique, le chef du Centre de conservation et de développement des ressources forestières de Sefrou, Mohamed Hachimi Alaoui, a indiqué que dans le cadre de la stratégie nationale des aires protégées, le Site d’intérêt biologique et écologique (SIBE) «Dayet Iffer» a été créé. M. Hachimi Alaoui a fait savoir que ce SIBE est un lac naturel situé à 2 km (piste) de la route provinciale 5016 reliant la route nationale 4 entre Sefrou et Boulemane. L’intérêt primordial de sa création est la protection de certaines espèces de poissons et d’oiseaux migrateurs, en conservant la «complémentarité entre les écosystèmes des zones humides et les écosystèmes des forêts environnantes».r>«Les lacs Iffer et Afourgah sont une source de zénitude, mais dernièrement, je sens qu’ils pleurent. Je peux percevoir leurs larmes», a déploré Zakaria, un étudiant fassi qui a l’habitude de visiter ces deux sites, qui offrent une évasion pour les habitants de la région Fès-Meknès. Avec son «R» roulé, il déplore les comportements de certains visiteurs qui jettent leurs bouteilles d’eau en plastique et divers autres déchets après avoir tiré meilleur profit du calme apaisant de la région.

Le lac Iffer n’est pas la seule fierté naturelle de la région, qui peut s’enorgueillir d’être dotée du très beau lac Afourgah. C’est une petite station idyllique aux allures de carte postale. Apaisant, ce lac alcalin et peu profond (9 m) est essentiellement alimenté par la fonte des neiges et les eaux de ruissellement, d’après les données du HCEFLD. Selon la même source, la superficie du lac Afourgah, classé zone humide, a été estimée en 1978 à 24 hectares, alors qu’actuellement elle est de 12 ha, variable selon les années et les saisons, à cause essentiellement de l’ensablement.r>Le lac Afourgah pâtit des fléaux de la désertification et de l’ensablement, a déclaré à la MAP Abderrahim Bouhadioui, chef de Division urbanisme et environnement à la province de Sefrou. Quelques années auparavant, ce lac débordait et formait un fleuve atteignant Aït Taleb et Sefrou, mais ce fleuve n’existe plus, a-t-il regretté amèrement. «La sécheresse, causant une baisse de pluviométrie, et les rosacées, demandant beaucoup d’eau, ont poussé les agriculteurs à user l’eau de la nappe phréatique, entraînant l’ensablement d’une partie du lac et même des fermes avoisinantes», a-t-il expliqué. M. Bouhaddioui souhaite que les lacs soient identifiés comme des destinations écotouristiques tout en gardant leur aspect «pur et naturel», craignant que cette région ne subisse le même sort que celui de Daït Aoua (province d’Ifrane).r>Pour sa part, Abdallah Alfidi, un passionné de pêche dans la région, a assuré que le charme du lac se trouve dans «son côté rustique». C’est un plan d’eau poissonneux dans lequel se trouvent le brochet, la carpe et la gambusie, mais l’ensablement l’impacte négativement, a-t-il dit.r>Dans ce sens, afin de promouvoir ces deux lacs, ainsi que d’autres joyaux de la région, une application géolocalisée intitulée «Visit Fès Meknès» a été lancée, selon le vice-président du Conseil régional de tourisme de Fès, Farid Lahlou. Après un travail de deux ans, cette application comprenant tout ce qui est touristique, notamment les parcs nationaux, les gîtes et les hébergements, est désormais disponible sur Appstore et Playstore, a fait savoir M. Lahlou.r>Les lacs Iffer et Afourgah sont des chefs-d’œuvre paradisiaques de la nature, qui donnent aux touristes la chance de sortir des sentiers battus, à condition qu’ils soient à la hauteur de ce cadeau, en le préservant et en évitant de le polluer. r>Zineb Bouazzaoui (MAP)

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