Culture

«La médiatisation mondiale du Festival est un grand atout pour notre cinéma, ainsi que pour attirer des productions étrangères au Maroc»

La ville ocre accueille, aujourd’hui à bras ouverts, le 18e Festival international du film de Marrakech. Une édition qui promet une intense programmation pour le plus grand plaisir des professionnels et du public cinéphile. Pour plus d’éclaircissements autour des activités de cette année, Sarim El Haq Fassi Fihri, vice-président délégué de la Fondation du FIFM, nous a accordé un entretien où il fait le point sur les diverses rubriques du programme et les décisions prises par le Comité d’organisation.

Sarim Fassi Fihri.

28 Novembre 2019 À 16:35

Le Matin : Quel est selon vous le point fort ou la particularité qui distingue cette 18e édition du Festival international du film de Marrakech ?r>Sarim Fassi Fihri : La sélection 2019 est très riche et très diversifiée. Nous présentons près de 100 films au total, de 34 nationalités différentes. C’est une véritable sélection de tous les cinémas du monde, avec cependant un focus sur les films de la région MEA (Moyen-Orient et Afrique). La compétition, qui est la section phare du festival, comporte 14 films, 12 premiers longs métrages et deux deuxièmes longs métrages. Nous présentons 4 films en première mondiale, toutes sections confondues. Nous renouons également cette année avec l’hommage à la cinématographie d’un pays. C’est le cinéma australien, l’un des plus anciens au monde, que nous nous apprêtons à célébrer avec une importante délégation d’acteurs, réalisateurs et producteurs qui feront le déplacement à Marrakech. Nous rendons également hommage à 4 grandes personnalités : l’immense réalisateur, producteur et acteur américain Robert Redford, notre star nationale, la brillante Mouna Fettou, le grand réalisateur français Bertrand Tavernier qui est un monument de la cinéphilie française, et enfin l’icône de Bollywood, Priyanka Chopra.r>En raison du très grand succès du programme «Conversation avec» l’an dernier, nous avons décidé de l’intensifier. Douze grands noms du cinéma mondial viendront donc converser librement en présence du public marrakchi. Il s’agit notamment de l’actrice tunisienne Hend Sabry qui fera une conversation croisée avec l’actrice iranienne Golshifteh Farahani, le célèbre réalisateur palestinien Elia Suleiman, ainsi que le grand acteur américain Harvey Keitel, pour n’en citer que ceux-là.r>Les Ateliers de l’Atlas, dans leur deuxième édition, présenteront une sélection de 10 projets en développement et six films en postproduction, tout en s’enrichissant de nouveaux rendez-vous. Six projets marocains participeront au programme «Regards sur l’Atlas» et trois cinéastes confirmés dévoileront les premières images de leurs films à des programmateurs de festivals dans le cadre de l’Atlas Films Showcase. Les Ateliers mettront également à l’honneur le documentaire en accueillant quatre documentaristes africains invités via le prestigieux festival canadien «Hot Docs». Enfin, dans une logique de proximité et d’échange, nous avons décidé d’organiser encore plus de présentations et de débats avec les équipes de films dans les salles.

Après une année blanche, le FIFM est revenu l’année dernière avec une nouvelle organisation et un nouveau concept. Dans quel sens la 17e édition a-t-elle marqué le nouveau départ du FIFM ?r>Trois décisions majeures en 2018 ont marqué le nouveau départ du festival : la première est que le festival soit produit directement par la Fondation, la seconde réside dans la désignation d’une nouvelle équipe de programmation et enfin la création des Ateliers de l’Atlas, notre nouvelle plateforme d’industrie destinée à faire rencontrer et à soutenir les cinéastes marocains, mais aussi ceux d’Afrique et du Moyen-Orient. Nous avons créé l’année dernière plusieurs nouveaux rendez-vous comme les «Conversations avec», le «Panorama du cinéma marocain», le «11e continent» ou «La section Jeune public», qui sont venus enrichir le projet et lui donner encore plus de force.

Les Ateliers de l’Atlas sont dans leur deuxième édition. Quel était leur impact l’année précédente quant à l’accompagnement des jeunes réalisateurs dans leurs premiers projets ?r>Lors de la première édition, qui s’est tenue en décembre 2018, les Ateliers de l’Atlas ont réuni 230 participants : 80 professionnels marocains, 70 professionnels arabes et africains, 50 professionnels européens et nord-américains et 30 directeurs de festivals internationaux. Nous nous réjouissons des premiers résultats obtenus : sept des huit projets en développement ont depuis signé avec un coproducteur et le lauréat du prix d’aide à la postproduction, «123 rue du Désert» de Hassen Ferhani a ensuite été sélectionné et primé au festival de Locarno. «Les femmes du Pavillon J» de Mohamed Nadif, sélectionné en 2018 aux Ateliers, sera présenté dans la section Panorama du cinéma marocain au Festival de Marrakech.r>À propos de ces Ateliers, pourquoi la Fondation du Festival ne pense-t-elle pas, avec le soutien du Centre cinématographique marocain (CCM), à contribuer à la production de deux ou trois films, dont l’un peut être sélectionné parmi les films de la compétition officielle ? Sachant que celui de cette année, de Alaeddine Aljem, est déjà passé dans d’autres festivals ?r>Ni la Fondation ni le CCM n’ont vocation à produire. Ils sont là pour promouvoir et accompagner le développement du cinéma et de l’industrie cinématographique marocaine.

La section «11e Continent» est conçue pour découvrir un cinéma pointu et audacieux. Pensez-vous que ce genre de cinéma a son public au Maroc ?r>Au Maroc et à Marrakech, comme ailleurs, il y a un public cinéphile curieux d’un cinéma audacieux et novateur. Et n’oubliez pas qu’il y a aussi nos invités internationaux venus à Marrakech pour découvrir notre cinéma, mais pas seulement...

En plus des retombées économiques du festival sur la ville de Marrakech, quels sont les autres atouts, les plus concrets, pour le cinéma marocain et les productions étrangères au Maroc ?r>La médiatisation mondiale du Festival contribue à cette image, aujourd’hui largement partagée dans la communauté de l’industrie cinématographique mondiale, que le Maroc est un «film-friendly country». Je rappelle que nous fêtons en 2019 le centenaire de la production étrangère tournée au Maroc. 

Entretien réalisé par Ouafaâ Bennani

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