06 Mars 2019 À 20:49
Conseil : Qu’appelle-t-on les messages contraignants ?r>Mustapha Faik : Les messages contraignants ou drivers, initiés par Taibi Khaler, tirent leurs origines du développement de l’analyse transactionnelle, comme théorie de la personnalité et comme approche très puissante de la communication interpersonnelle. Pour comprendre ces messages, nous revenons aux injonctions qui sont des messages négatifs, des interdictions qui inhibent le comportement de l’enfant. Elles sont adressées par l’état du moi Enfant des parents à l’Enfant de l’enfant. Entre deux et six ans, l’enfant enregistre une douzaine d’interprétations venant de son environnement parental et qui seront sa référence et vont l’impacter dans son fonctionnement au niveau de ses pensées et ses émotions. Le comportement et les attitudes de la personne découlent de l’interaction systémique entre ses croyances et ses sentiments. Ces injonctions sont au nombre de douze et elles interdisent ce qu’il ne faut pas faire : «N’existe pas», «Ne sois pas toi-même», «Ne sois pas un enfant», «Ne grandis pas», «Ne réussis pas», «Ne fais pas», «Ne sois pas important», «N’appartiens pas», «Ne sois pas proche», «Ne sois pas en bonne santé». Les attributions sont aussi des ordres des parents aux enfants leur disant ce qu’ils doivent faire. Les messages contraignants sont donc des réponses de l’enfant à ces interdictions venant du père ou de la mère en famille, du maitre ou de la maitresse à l’école. Ces réponses sont sous forme d’efforts d’adaptation faits par l’enfant pour avoir sa place, pour être aimé, pour survivre. Ils reposent sur des croyances que l’enfant développe par rapport à son environnement. Ils se manifestent au niveau du comportement, souvent de manière inconsciente.r>Partant des messages contraignants, Taibi Kahler a développé le concept de mini scénario qui n’est autre qu’un découpage du grand scénario de Berne en plusieurs séquences de vie. Concrètement, chaque driver est observable par les attitudes, les gestes, les mimiques, les paroles, les pensées et les sentiments de la personne. Chaque personne a un ou deux drivers dominants, observables dans son comportement et qui vont caractériser sa personnalité et être déterminants dans son relationnel dans un groupe social en famille ou en entreprise.
Dans quelle mesure ces messages peuvent-ils freiner le développement de carrière d’un collaborateur ?r>Les messages contraignants ne sont pas en eux même forcément des défauts. Ce sont des caractéristiques de soi. Tant que la personne en est consciente et que son environnement lui apporte les bonnes réponses à ses besoins et son mode de communication, les drivers ont un aspect positif qui aide le responsable à s’organiser, à structurer son temps, à faire des efforts et à avoir des relations de proximité dans le milieu professionnel. Les drivers deviennent négatifs, contraignants quand le manager lui-même n’en est pas conscient et son environnement n’est pas aidant. C'est-à-dire que dans une situation professionnelle de réalisation d’une activité urgente par exemple, le «Sois parfait» aura besoin de trop de temps pour tout vérifier dans les détails. Un «Sois fort» aura tendance à tout faire lui-même, il ne va pas associer les autres. Dans une situation de crise de gestion du personnel, un «Fais plaisir» aura tendance à vouloir être bon avec tout le monde. Donc, l’entreprise ne peut pas compter sur lui pour réduire la masse salariale par la réduction du personnel s’il le faut. Dans le travail en équipe, connaitre son driver dominant et ceux des autres est important pour une bonne communication et un bon fonctionnement du groupe.
On a l’impression que les messages contraignants sont néfastes, d’où l’importance de les identifier. Comment ?r>Chaque type d’accompagnement en relation d’aide va proposer des méthodes de diagnostic, d’identification et de traitement des effets néfastes des messages contraignants. Une première méthode qui repose sur l’observation du verbal, des gestes, des traits du visage, des attitudes, appelée méthode sociale : Le «Fais plaisir» a tendance à s’occuper des autres et il ne veut décevoir personne. Il ne dit pas toujours ce qu’il pense par peur de blesser quelqu’un. Il a besoin d’être reconnu. Le «Fais un effort» se donne beaucoup de mal. Il fatigue son entourage. Il a besoin de contact. La deuxième méthode repose sur une analyse plus structurale des états du moi et des drivers de la personne. Elle repose sur des tests établis sous forme de grille de questions avec réponses à choix multiples. La troisième méthode repose sur un protocole plus complet établi par la Process Com qui dresse un bilan détaillé de la personnalité, des drivers, des canaux de communications et des niveaux de stress. Donc tout responsable est en mesure, moyennant une initiation à la connaissance de soi et à l’observation des autres, de développer un début de compétence de décryptage des drivers pour une bonne utilisation en milieu familial, social et professionnel. Les coachs sont formés pour pouvoir identifier les drivers et proposer un plan d’accompagnement des managers. Une fois les messages contraignants identifiés, leur prise en charge passe par le travail sur soi et par la volonté de se donner les «permissions» de corriger ses «croyances scénariques» négatives et mettre en place des pensées positives sur soi. Pour chaque message contraignant correspond une permission sous forme d’un message positif que la personne peut s’autoriser pour corriger ses attitudes et devenir plus performante.r>• «Sois parfait» peut être remplacé par «Je peux me tromper ou plutôt je m’écoute et j’écoute les autres».r>• «Fais plaisir» peut être modifié par «Je me fais plaisir» ou «Je peux dire non».r>• «Dépêche-toi» peut être changé par «Je structure et je gère mon temps».r>• «Sois fort» peut être transformé en «Je suis moi-même».r>• «Fais un effort» peut être changé par «Je prends du plaisir dans ce que je fais».