Économie

Quels rôles pour la R&D ? Des patrons témoignent

Amélioration des produits, réduction des coûts par la mise en œuvre de nouveaux procédés ou mise sur le marché de nouveaux produits. La recherche-développement est un levier considérable de croissance pour les entreprises qui y investissent. Quatre patrons en ont fait le témoignage lors du Forum X Maroc, qui s’est tenu hier à Casablanca.

Le Forum X-Maroc, qui s’est tenu hier à Casablanca, a fait salle comble. Ph. Saouri

15 Janvier 2019 À 18:23

Quels bénéfices peut tirer une entreprise de l’innovation ? C’est la question à laquelle ont répondu quatre patrons d’entreprises devant une salle comble lors du Forum X Maroc, qui s’est tenu hier au centre des congrès de l'Université Mohammed VI des sciences de la santé à Casablanca.r>C’est ainsi qu’Ismaïl Akalay, ancien DG des mines et des industries chez Managem, a rappelé le choix du groupe, dans les années 1980, de se lancer dans la gestion de ses déchets miniers. «Aujourd’hui, le groupe est leader mondial sur ce marché qui est le 1er contributeur dans ses résultats 2018», indique Akalay. L’innovation de Managem s’est développée pour atteindre d’autres spécialités. «Le groupe a conçu la batterie Lithium-ion qui ne chauffe pas. Une innovation qui intéresse l’industrie de la voiture électrique, car elle ne représente pas de risque d’explosion», indique Akalay.r>Ce leadership marocain, on le retrouve également dans l’agriculture. Badr Bennis, DG adjoint des Domaines agricoles, en a fait la démonstration en soulignant que la meilleure mandarine au monde est marocaine, la Nadorcott. Découverte et améliorée par le chercheur marocain feu El Bachir Nadori, elle a fini par envahir les principaux marchés mondiaux. «Sans pépins, elle est aujourd’hui disponible 10 mois par an», précise Bennis.r>Pour sa part, Air Liquide, à l’origine de l’invention du principe de soudage, a partagé son modèle innovant de conception de produits. «Nous innovons pour répondre aux besoins de nos clients. C’est ainsi qu’au Maroc, pour répondre aux besoins de nos clients dans les souks, nous avons mis en place de petites unités industrielles qui leur permettent de remplir eux-mêmes leurs contenants par nos produits», explique François Darchis, directeur d’Air Liquide.

Ces expériences démontrent que tous les secteurs peuvent être adressés par l’innovation. «L’ancienne économie est également concernée : transports, compagnies pétrolières et construction», liste Rabah Arezki, Economiste en chef de la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord.r>Les expériences partagées prouvent surtout l’intérêt d’expérimenter l’innovation sur le marché local avant d’essayer de la déployer sur le marché international. «La taille du marché est importante pour l’innovation. Mais avant de penser à l’international, il est important d’être fort sur le marché intérieur», estime Arezki.r>Cet événement, organisé par l’Association marocaine des anciens élèves de l'École Polytechnique (X-Maroc) sur le thème «La recherche & développement comme levier de croissance», a permis de dresser un état des lieux de l’innovation au Maroc. r>«Le Maroc compte 3.500 chercheurs, soit un peu plus de 1.000  par million d’habitants. Les dépenses en recherche et développement représentaient 0,8% du PIB en 2017», a rappelé Saïd Amzazi, ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Si ce taux est faible comparativement à celui des pays de l’OCDE (2,3%), il est cependant en progression par rapport à 2016 (0,34%). «Il s’agit bien d’une progression qu’il faut accélérer», espère Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'Industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique. Un défi pour lequel l’université a un rôle à jouer. 

Copyright Groupe le Matin © 2025