10 Mars 2019 À 14:12
Conseil : Pourquoi est-il si important d'apprendre à dire «Non» au travail ?r>Karim Bouassem : En entreprise, comme dans la vie personnelle, il est plus aisé de dire «Oui», mais il est beaucoup plus compliqué de dire «Non». Le fait de dire «Non» est pénible, désagréable et parfois même culpabilisant. On vous aime et on vous apprécie quand vous dites «Oui», mais on vous aime nettement moins quand vous dites «Non». Heureusement que les chefs d’entreprise compétents ne cherchent pas aujourd’hui à se faire aimer. Ceci dit, pour ceux qui chercheraient l’acceptation avant tout, il y a toujours le risque, et encore !r>La règle est donc simple : Vous voulez être apprécié ? Dites «Oui». Vous voulez gagner ? Dites «Non» quand il le faut. Force donc est de constater que pour un manager savoir dire «Non» est aujourd’hui une compétence à développer pour gagner en performance et en efficacité des équipes. Quand on dit «Non» aux autres, on dit «Oui» à soi-même et on travaille avec moins de stress. On responsabilise les autres et on ne se voit pas obligé de faire leur travail.
Concrètement, qu'est-ce qui pourrait empêcher un manager de dire «Non» ?r>Je pense que tout le défi réside dans ce postulat : les gens veulent être appréciés ou au moins acceptés par les autres et les leaders sont aussi des gens. Cependant, les leaders exceptionnels doivent apprendre à dire «Non» tous les jours. Ils doivent aussi avoir le courage de dire «Non» à des personnes qu’ils apprécient, qu’ils ont embauchées, qu’ils ont promues, qu’ils admirent et en qui ils ont confiance. Ils doivent oser dire «Non» quand il le faut aux rêves de ces mêmes personnes, à leurs projets fétiches et à leurs passions, ainsi qu’à une myriade de demandes qui sembleraient pourtant émotionnellement acceptables.
Quelles sont les techniques qui peuvent aider un manager à développer cette compétence de dire «Non» sans offenser ? r>Les leaders disciplinés trouvent la force d’écouter… de valider le point de vue de l’autre puis de dire «Non» s’il le faut, sans oublier d’expliquer les raisons de leur décision. À mon avis, c’est l’attitude qui permet de gagner sur tous les plans. Il faut savoir que le fait de dire «Non» est l’un des outils les plus puissants dont dispose le leader. En particulier, savoir dire «Non» au «Mieux». Comme dirait Montesquieu : «Le mieux est le mortel ennemi du bien». Partant du principe que tout passe par la focalisation, il est important de déterminer les objectifs ou les projets sur lesquels il faudrait se focaliser pour devenir meilleur et pour réussir à gagner en performance et en efficacité. De même, il faudrait s’entourer d’un personnel suffisamment engagé. La place du capital humain comme facteur clé de la réussite de l’entreprise n’est plus à démontrer. Il est important ainsi d’opter pour un management de proximité pour gagner l’engagement de tous. Cela demande du travail, du temps et des actions significatives, certes, mais il est extrêmement important de comprendre que tout investissement dans le capital humain est indispensable face à la guerre des talents.
Quelles sont vos recommandations pour réussir dans ses relations professionnelles ?r>L’exercice du leadership permet à l’entreprise de gagner sur tous les plans. Ainsi, un leader doit savoir dire «Oui», et y mettre toute sa concentration, son budget, son temps, son attention, sa passion et son soutien au plus petit nombre de projets possible. De même, il doit trouver la force et le courage de dire «Non» à tout projet ne correspondant pas à la stratégie de l’entreprise et sans valeur ajoutée. Les gens détestent entendre un «Non», jusqu’à ce qu’ils s’aperçoivent que ce «Non» est un cadeau que le leader leur fait. Il apporte focalisation et discipline dans leur vie. C’est parfois à travers ce «Non» qu’un leader peut réellement aider ses collaborateurs à atteindre le succès et à instaurer un certain équilibre entre leur vie personnelle et professionnelle. C’est dire qu’on aime celui qui dit «Non»… mais plus tard. De cela, il faut être patient et rester concentré. Un «Non» bien expliqué peut devenir plus tard un meilleur «Oui».