Culture

«Comme en 68» ou le parcours impressionnant de Malika Agueznay

Loft Art Gallery termine l’année 2020 en abritant une belle exposition des créativités de Malika Agueznay. Ainsi, jusqu’au 31 décembre, les passionnés de cet art peuvent apprécier ses œuvres sous l’intitulé «Comme en 68».

Exposition de Malika Agueznay.

17 Décembre 2020 À 19:53

Un hommage bien mérité est rendu à Malika Agueznay par la galerie, sachant qu’elle est connue pour ses recherches, ses multiples expériences et son travail assidu pour ajouter sa pierre à l’édifice de l’art contemporain. Son brillant parcours s’est distingué par plusieurs stations importantes où elle a prouvé son génie d’artiste professionnelle et de créatrice innée. Elle est, aussi, considérée comme une artiste pionnière qui a contribué à la modernité marocaine, avec ses collègues de l’École de Casablanca. Son travail très profond autour de l’algue a fait l’objet de plusieurs analyses et critiques, notamment celle de l’écrivaine Toni Maraini qui connaît de très près les recherches de Malika. Elle indique à ce propos que l’univers de cette artiste est très original et personnel. «Il est constitué de formes imbriquées en une sorte d’écriture embryonnaire rehaussée par un jeu de contraste des couleurs. Après une suite de phases de recherche, Malika a bien approfondi et élaboré cet univers plastique, à savoir ses motifs en «algues», son «écriture» peinte, ses compositions animées d’un élan de fond comme rythmées par une danse primordiale, en explorant plusieurs matériaux et techniques. C’est l’une des premières artistes marocaines – sinon la première – à travailler avec l’incision et la gravure. Ces derniers temps, elle s’est tournée, aussi, vers des formes sculptées». Cette artiste talentueuse est restée fidèle à sa thématique, tout en questionnant la peinture contemporaine et en axant son travail sur l’étude des formes et de la couleur pure en utilisant différents supports. À travers l’usage des bas-reliefs comme support, l’exposition actuelle mettra en lumière les recherches menées par l’artiste depuis 1968 sur cette forme générique qui a nourri son œuvre depuis ses débuts. Ses algues ont, ainsi, investi différents supports que Malika a sollicités dans ses multiples phases plastiques. Des sculptures, gravures et autres peintures dévoilent le parcours d’une artiste dont le cumul des travaux met en relief leur richesse et leur portée plastique, ainsi que l’évolution d’une exploration permanente. «Je me suis détachée de la figuration depuis mes deux premières expositions. Mais, en fait, ma recherche autour du sujet des algues a commencé déjà quand j’étais à l’École des beaux-arts. J’ai toujours été attirée par ces formes qui représentent pour moi différents aspects, dont la féminité, la courbe, l’arabesque... C’est une recherche que j’ai entamée au départ par hasard, par instinct. Quand on est étudiant, on essaye de s’orienter vers quelque chose. Pour moi, c’était ces formes-là. Notre souci est de se libérer et de libérer notre subconscient et notre imaginaire», souligne l’artiste Malika Agueznay. Ce nom qui a percé brillamment dans l’univers des arts plastiques, grâce à la persévérance de Malika et sa rigueur dans le travail. Car, selon elle, être femme artiste n’était pas chose facile dans les années 1960. «Mais, j’ai eu la chance d’étudier et de travailler en partage avec les artistes pionniers de l’art contemporain au Maroc et à l’étranger. Je me suis fait ce parcours dans l’art par le travail, les doutes, l’effort de recherche et de création. Ce sont ces valeurs-là qui donnent la reconnaissance». En effet, c’est pour toute cette puissance créatrice de Malika Agueznay que Loft Art Gallery a désiré lui rendre hommage. 


 Parcours

Lauréate de l’École des beaux-arts de Casablanca en 1970, Malika Agueznay entame sa carrière professionnelle en côtoyant les peintres du «Groupe de Casablanca», tels Farid Belkahia, Mohamed Chabâa et Mohamed Melehi. Toutefois, son lancement dans la gravure en 1978 au Moussem d’Asilah a été pour l’artiste une longue aventure où elle a développé sa technique à New York, dans les ateliers de graveurs de renom comme Mohamad Omar Khalil, Krishna Ready et Robert Blackburn et à Paris à l’Atelier 17.r>Connue pour sa démarche plastique s’attachant à l’algue marine qu’elle a découverte alors qu’elle était encore étudiante, Malika continue toujours son dialogue, des plus fructueux, avec cette plante résistant au temps, donnant lieu à des œuvres très riches, tantôt en peinture, tantôt en gravure. Sa carrière foisonne de prestations des plus prestigieuses très appréciées par les professionnels et les passionnés de l’univers plastique.

 

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