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Ahmed Réda Chami : «La crise sanitaire actuelle souligne l’urgence de la restructuration du secteur informel»

La restructuration de l’informel revêt un caractère prioritaire compte tenu du nombre de travailleurs dans ce secteur et de son apport pour l’économie. Lors d’une visioconférence, organisée samedi dernier par la Fondation Lafkih Titouani, le président du Conseil économique, social et environnemental, Ahmed Réda Chami, a livré son analyse de la question tout en proposant une série de recommandations qui constituent autant de pistes de réflexion pour la réforme de ce secteur.

Ahmed Réda Chami, président du CESE.

15 Juin 2020 À 16:02

«L’arrêt de la roue de l’économie et la crise engendrée par le Covid-19 a encore une fois souligné l’importance et l’urgence la restructuration du secteur informel qui devra désormais être érigée en priorité», a affirmé Ahmed Réda Chami, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), lors d’une visioconférence organisée samedi dernier par la Fondation Fkih Titouani et consacrée à l’examen des questions économiques et sociales actuelles. Selon M. Réda Chami, un intérêt particulier doit être accordé à ce secteur, vu sa forte contribution à  l’économie nationale. «Dans certains secteurs, la contribution des activités informelles est plus importante que celle du formel, notamment le textile, le transport ou le bâtiment», a-t-il indiqué. Mais, au-delà de son apport économique, le secteur informel est «un grand employeur» et contribue à faire vivre pas moins de 15 millions de Marocains,  si l’on tient compte du nombre d’individus pris en charge par les travailleurs informels ayant bénéficié de la subvention accordée par l’État et qui sont au nombre de 5,1  millions, a-t-il expliqué.r>Pour le président du CESE, la restructuration doit englober aussi bien le secteur informel organisé, comme la contrebande et la vente de produits sous-facturés, que le secteur informel social qui inclut les vendeurs ambulants, les artisans et les petits commerçants et qui se caractérise par la précarité et l’instabilité. La restructuration de ce secteur bénéficiera aussi bien aux travailleurs informels qui pourront bénéficier d’une couverture sociale et médicale qu’à l’État qui aura tout à gagner puisque cette restructuration devrait générer à terme des ressources fiscales et parafiscales supplémentaires. «Ces entreprises œuvrant dans l’informel et qui sont pour la plupart des TPME devraient gagner en rentabilité et aussi en visibilité au niveau de l’investissement et de l’exploitation. Cela leur permettrait ainsi d’être éligibles au crédit et de soumissionner aux marchés publics et privés. La restructuration de ces entreprises devrait également assainir le marché des pratiques illégales, comme la concurrence déloyale ou la contrebande. Les consommateurs en profiteront également, puisqu’ils auront à leur disposition des produits répondant aux normes de qualité et d’hygiène. Et ce n’est pas tout, cette restructuration permettra d’intégrer ces entreprises dans le tissu économique organisé sur le plan international et de renforcer ses activités tournées vers l’export, sachant qu’aujourd’hui seules 5.000 entreprises arrivent à exporter», a expliqué M. Réda Chami.r>Pour y parvenir, le président du Conseil économique, social et environnemental préconise une série de réformes. Il propose ainsi d’encourager l’entrepreneuriat des jeunes, de lutter contre l’économie de rente, de simplifier les procédures de création d’entreprise et de réduire les autorisations et de leur substituer des cahiers des charges. M. Chami recommande par ailleurs de créer des pépinières pour les jeunes entrepreneurs et de faciliter l’accès au financement. 

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