18 Mai 2020 À 18:49
Attention aux effets de la crise sur les balances des paiements dans la région MENA ! Les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) sont des économies ouvertes qui ont fortement besoin du commerce international pour leur développement et l’équilibre de leurs comptes externes et publics. Cela concerne aussi bien les pays dont les exportations sont mono-produit (pays producteurs d’hydrocarbures) que ceux dont l’économie est relativement diversifiée comme le Maroc et l’Égypte. «La plupart des analyses actuelles évaluant l’impact de la crise sont focalisées sur les comptes publics et les déficits budgétaires, ce qui semble a priori un bon angle d’étude tant les récessions à venir vont faire souffrir les finances des États. Mais les conséquences sur les balances des paiements ne doivent pas être laissées de côté», alerte la Direction des études économiques du groupe français Crédit Agricole. Selon son analyse, l’effet des soldes courants devrait aussi être majeur, notamment en raison de la chute de la demande mondiale et de la baisse du prix du pétrole et des matières premières.r>Si dans les pays producteurs de pétrole, le solde courant dépend de l’évolution des cours et de la demande à l’international, pour les pays non-producteurs d’hydrocarbures, notamment en Afrique du Nord, la situation est plus contrastée. «Quatre pays connaissent des déficits courants réguliers, anciens et parfois assez profonds : Égypte, Tunisie, Jordanie et Maroc sont désormais tous sous plan de soutien du Fonds monétaire international (FMI) depuis l’appel lancé par le Maroc le mois dernier», soulignent les experts du groupe bancaire français. Selon eux, l’impact de la forte chute du tourisme affectera plus profondément le Maroc et la Tunisie, dont les déficits pourraient atteindre respectivement 7 et 12% du PIB en 2020, avant de se réduire progressivement l’année prochaine. r>Pour ce qui est de l’Égypte et de la Jordanie, elles devraient réussir à limiter leurs déficits à moins de 5% du PIB, si l’activité ne se contracte que modérément en 2020. «Dans ces deux cas, le financement du déficit pourrait être assuré cette année par des aides du FMI», est-il précisé dans une nouvelle étude économique. S’agissant des pays producteurs de pétrole, l’étude rappelle que cette crise est le troisième choc en une dizaine d’années après la crise financière de 2009 et la chute du prix du pétrole de 2015-2016. «Alors que la plupart d’entre eux avaient retrouvé des excédents courants depuis 2017 et qu’ils commençaient également à retrouver l’équilibre budgétaire, la chute des prix et des volumes d’hydrocarbures va les entraîner de nouveau dans des déficits de la balance courante et, très probablement, supérieurs à ceux connus en 2016», indiquent les experts du groupe français. Parmi les pays les plus affectés figure l’Algérie dont le déficit courant devrait être proche des 20% du PIB, vu que son économie est «profondément rentière et elle n’a pas été ajustée ni diversifiée depuis 2014». Globalement, pour les pays producteurs de pétrole, une réduction progressive de ces déficits est attendue en 2021, mais cela dépendra en grande partie de la remontée des prix du pétrole et du rebond plus ou moins vigoureux de l’économie mondiale.