21 Juin 2020 À 16:38
Alors que le Maroc s’apprête à alléger les mesures de confinement dans plusieurs régions, le retour à la normale se dessine avec prudence. Dans une population majoritairement jeune, et donc passionnée, le football fait partie de ces habitudes qui manquent tellement aux Marocains. Du coup, la reprise de la Botola, surtout en première division, est sur toutes les lèvres. Si la volonté de revoir le ballon rouler est bien évidemment présente, plusieurs indicateurs plaident en défaveur de ce retour aux affaires footballistiques.
Aucune visibilitér>Il est clair que lorsque la crise sanitaire battait son plein, il était impossible de se projeter de quelques semaines, voire de quelques jours, pour pouvoir envisager un retour ou pas de la Botola. Mais depuis le 8 mai, nous n’avons aucune nouvelle de la commission créée spécialement pour étudier les scénarios de retour. Entendons-le, aucun membre de ladite commission n’aurait l’audace de communiquer sur les possibles protocoles concoctés. L’intervention du conseiller du président Lekjaa, il y a quelques jours à la radio, avait été, d’une certaine manière, rassurante. Mais là encore, aucune esquisse d’un éventuel plan de retour et donc aucune idée sur ce qu’il pourrait se passer, si les autorités venaient à donner leur feu-vert à la reprise du football.
Le temps presse…r>Le football professionnel a des exigences au niveau technique, mais a aussi et surtout besoin d’une condition physique au top. Pour pouvoir refouler les terrains, les joueurs ont besoin d’une période de préparation intensive, à l’image d’une préparation de pré-saison. Même si la Botola était fixée sur son sort dès ce lundi, les clubs ne pourront rejouer qu’en fin juillet-début août, dans un scénario optimiste. Or il reste au moins une dizaine de matchs par équipe à jouer en seulement 4 ou 5 semaines. Quand on sait combien la majorité des clubs se plaint d’une programmation intensive, ce serait un exploit de les convaincre de jouer à un rythme aussi intensif.
Le calendrier galoper>En ajoutant les matchs en retard, il serait quasi impossible de terminer l’exercice avant septembre. Or cela coïnciderait avec les compétitions interclubs africaines, que la CAF a réussi à caser en fin d’été. Avec 4 clubs marocains dans le dernier carré des deux coupes, impossible de ne pas créer une situation difficile qui compromettrait certainement les chances du football national de continuer à briller sur la scène continentale.
Les avis divergentr>Chez les premiers concernés, les avis ne sont pas unanimes. Alors que certains joueurs affichent leur enthousiasme sur les réseaux sociaux, quelques entraîneurs ne sont pas convaincus par une reprise des activités dans un contexte aussi difficile. D’autant plus que la longue période d’arrêt a sérieusement impacté la saison, dans la mesure où les entraînements «at home» ne peuvent que creuser davantage l’état de forme entre les clubs qui ont été exigeants avec leurs joueurs et les autres.
Le coût astronomiquer>Il n’est un secret pour personne que la crise sanitaire a eu un impact désastreux sur l’économie et qu’il faudra des années pour rattraper les nombreuses pertes enregistrées. Privés de toutes sources de revenus, hormis la troisième tranche de la subvention de la Fédération, les clubs ne peuvent en aucun cas assumer le coût des tests et de celui des déplacements. Petit exemple pratique : en Europe, pour préserver les mesures de distanciation physique, les équipes débarquent au stade au sein de 2 autobus différents. Au Maroc, dans l’élite, certains clubs ont vu leurs autobus saisis pour impayés.r>Le retour du football dans un pays qui en est passionné est, sans aucun doute, une excellente nouvelle. Mais si cette reprise n’est pas transparente, bien étudiée et juste pour tout le monde, elle risque de noyer le football national dans des polémiques dont il n’a certainement pas besoin.