10 Juin 2020 À 22:04
L’horizon s’assombrit davantage pour les compagnies aériennes. Elles devront, en effet, subir une perte sèche de 84 milliards de dollars cette année pour une marge bénéficiaire nette de -20,1%, selon les dernières prévisions réalisées par l’Association du transport aérien international (IATA). Leur chiffre d’affaires global devrait reculer de moitié à 419 milliards de dollars en 2020 et s’élever à 598 milliards l’année prochaine, sous l’effet de la crise sanitaire liée au Covid-19, selon ses prévisions.r>«Financièrement, l’année 2020 aura été la pire de l’histoire de l’aviation. (…). C’est pourquoi l’aide financière gouvernementale était et demeure vitale pour les compagnies aériennes qui épuisent leurs réserves de trésorerie», a déclaré Alexandre de Juniac, directeur général de l’IATA. Pour le cas de l’Afrique, l’IATA note qu’il faudra faire appel aux donateurs internationaux pour apporter un supplément aux ressources limitées des gouvernements en matière de programmes d’aide. Cette situation concerne toutes les régions. La crise a pris des proportions comparables dans toutes les parties du monde et les coupures de capacité accusent un retard d’environ 10 à 15 points de pourcentage par rapport à la chute de la demande de plus de 50%, indique la même source. Et c’est surtout le trafic passager qui est la source des pertes des compagnies aériennes. En effet, les niveaux de trafic pour 2020 devraient chuter de 54,7 % comparativement à 2019. Le nombre de passagers devrait être réduit de moitié, à 2,25 milliards, à peu près ce qu’il était en 2006. Cependant, la capacité ne peut être ajustée assez rapidement, et on s’attend à un déclin de 40,4 % cette année. Ces pertes devront diminuer l’année prochaine. Avec l’ouverture des frontières et l’augmentation de la demande en 2021, le secteur devrait réduire substantiellement ses pertes à 15,8 milliards de dollars, pour une marge bénéficiaire nette de -2,6 %. Les compagnies aériennes seront en mode «rétablissement», mais les activités demeureront bien au-dessous des niveaux d’avant la crise (2019) quant à plusieurs indices de performance, indique l’IATA. Il s’agit notamment du nombre total de passagers qui devrait rebondir pour atteindre 3,38 milliards (comparable à 2014, où il y a eu 3,33 milliards de passagers), ce qui est bien inférieur au chiffre de 4,54 milliards atteint en 2019. De même, le chiffre d’affaires qui s’élèverait à 598 milliards de dollars sera, certes, en hausse de 42% par rapport à 2020, mais en baisse de 29% par rapport à 2019. Autant dire que le rétablissement sera difficile. «Malgré des pertes substantiellement réduites en 2021 par rapport à 2020, la reprise de l’industrie sera longue et difficile», en raison de plusieurs facteurs, note l’IATA. Il s’agit notamment du niveau d’endettement des compagnies aériennes, leur dette totale étant passée à 550 milliards de dollars, soit environ 92 % des revenus prévus pour 2021, indique-t-elle. La reprise sera également limitée par l’insuffisance de l’efficience opérationnelle, la profondeur et la durée de la récession économique qui s’annonce et le manque de confiance des voyageurs.