17 Février 2020 À 18:04
En jetant l’éponge après une année tumultueuse à la tête de la CDU, la dauphine désignée jusque-là de la chancelière, Annegret Kramp-Karrenbauer dite «AKK», a balayé la perspective d’un passage de témoin paisible fin 2021, échéance du quatrième mandat de Mme Merkel. «Le problème avec les géants, c’est qu’ils doivent finir comme des géants. Une transition ordonnée n’est pas possible avec eux (...). Les tout-puissants doivent être renversés», a prophétisé lundi le quotidien «Bild». Le journal populaire rappelle d’ailleurs qu’Angela Merkel a elle-même précipité en 1999 la chute d’un autre mastodonte, son mentor Helmut Kohl, évincé de la tête de la CDU à la suite d’un scandale politico-financier. AKK, qui entend passer la main d’ici l’été, doit s’entretenir cette semaine avec les candidats pour lui succéder à la direction du parti conservateur, avant de présenter son rapport aux responsables chrétiens-démocrates lundi 24 février. Elle doit en particulier rencontrer mardi Friedrich Merz, 64 ans, rival historique et ennemi juré de la chancelière, crédité par les sondages d’une large majorité dans les rangs conservateurs, selon l’agence DPA. Partisan d’un net virage à droite, cet avocat d’affaires passé par Blackrock, un puissant fonds d’investissement américain, avait été battu d’un cheveu par Mme Kramp-Karrenbauer fin 2018 pour la tête du parti.r>Parmi les favoris figure aussi Armin Laschet, 58 ans, actuel chef du plus grand État régional allemand, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Centriste, il doit convaincre la base conservatrice, mais paraît mieux placé que Friedrich Merz pour nouer avec les Verts, en plein essor, une coalition inédite au niveau fédéral. Pas question pour lui, pourtant, de jouer de sa proximité politique avec Angela Merkel : il s’est démarqué de la chancelière dès dimanche, déplorant son manque de réactivité face aux propositions d’Emmanuel Macron pour relancer le projet européen. r>Enfin, l’ambitieux ministre de la Santé, Jens Spahn, 39 ans, part en outsider, lui qui s’était distingué fin 2015 en étant l’un des premiers à critiquer la décision de la dirigeante d’ouvrir les frontières allemandes à plus d’un million de personnes fuyant la guerre et la misère. Moins bien placé que ses concurrents, M. Spahn s’est montré ouvert à une direction «collective», piste évoquée ce weekend par plusieurs responsables soucieux de ne pas diviser le parti, et qui repousserait de fait le moment de désigner un candidat à la chancellerie.