Économie

Le crédit à la consommation accélère, celui à l’habitat ralentit

Les ménages s’endettent toujours plus. En 2019, le rythme de croissance des crédits bancaires s’est légèrement tassé, au moment où celui des prêts à la consommation accélérait quelque peu. Fait marquant : les créances en souffrance portées par les sociétés de crédit à la consommation ont divisé leur cadence de progression par deux : 5,3% contre 10,6% en 2018. Qu’en sera-t-il cette année avec les difficultés liées au Covid-19 ?

28 Juillet 2020 À 18:14

Pas de répit pour l’endettement des ménages. En 2019, l’encours de leur dette bancaire a augmenté de 5,1% contre 5,7% en 2018, à 358,6 milliards de DH, soit 31% du PIB. Selon le Rapport annuel 2019 sur la supervision bancaire de Bank Al-Maghrib (BAM), le crédit à la consommation représente 37% de l’endettement des ménages, en hausse d’un point sur un an. Le reste (63%) revient au crédit à l’habitat, en repli d’un point.

Crédit à l’habitat : le taux d’intérêt moyen baisse à 4,45%r>Les financements dédiés à l’habitat ont atteint 226,3 milliards de DH. Leur croissance ralentit à 3,8% contre 5% un an plus tôt. Sur ce montant, la Mourabaha immobilière représente 5,7 milliards de DH. La production de crédits à l’habitat s’est de nouveau contractée de 3,5% (-3% en 2018) à près de 26,3 milliards de DH, «dans un contexte marqué par la baisse du nombre de transactions immobilières de 10,8%», souligne BAM. Le nombre de bénéficiaires a également reculé de 1,7% à près de 67.300. La baisse est de 35% pour les prêts encouragés par l’État. Pour les prêts libres, le nombre de clients a augmenté de 11%. Le montant moyen des prêts ressort à 391.000 DH, en baisse de 7.000 DH sur un an. BAM souligne par ailleurs que l’encours des prêts libres, représentant une part de 82%, a marqué une hausse de 1,1%, contre 6% un an auparavant. De leur côté, les prêts encouragés par l’État ont vu leur encours reculer de 2,1%. «Ils se sont ainsi établis à 38,5 milliards de DH, dont 20,6 milliards au titre du Fogalef et Fogaloge, 16,1 milliards au titre du Fogarim et 1,8 milliard au titre de l’Habitat bon marché», précise le rapport.r>En outre, le taux d’intérêt moyen ressort à 4,45%, en chute de 48 points de base sur un an. Les crédits à taux fixe représentent 95% de l’encours et 98% de la production. Les crédits de plus de 20 ans comptent pour 58% du total, ceux compris entre 10 et 20 ans, pour 35%. r>Concernant le profil du client, il est âgé de plus de 40 ans dans près de 63% des cas, entre 30 et 40 ans pour 30% des dossiers et de moins de 30 ans pour le reste. Il a un revenu inférieur à 4.000 DH dans 33% des cas. 28% des dossiers concernent des personnes dont le revenu est supérieur à 10.000 DH. Le client est souvent salariés ou fonctionnaire (respectivement 47 et 33% des dossiers de crédit). Les artisans et commerçants pèsent pour 15% des crédits. En outre, 37% des bénéficiaires habitent la région de Casablanca-Settat et 19% celle de Rabat-Salé-Kénitra.

Crédits à la consommation : 75% courent sur plus de 5 ansr>L’encours des crédits à la consommation s’est établi à 132 milliards de DH, soit une hausse de 7,4%, après 7% en 2018. Les prêts distribués par les sociétés de crédit gagnent 7,4% contre 8% un an plus tôt, ceux des banques avancent de 7,4% contre 6,2%. La Mourabaha dédiée aux véhicules compte pour 776 millions de DH, précise BAM. Les crédits de plus de 5 ans représentent 75% du total, ceux de moins de 3 ans 5%. Les prêts personnels constituent toujours le type de crédit le plus utilisé par toutes les tranches d’âge avec une part de 70%. Les cartes revolving représentent 7% de crédits contractés par les plus de 50 ans et seulement 1% par les moins de 30 ans.r>Quid du profil du client ? Celui-ci est âgé de plus de 50 ans pour 40% des dossiers et de moins de 30 ans dans 10% des cas. Pour 36% des demandes, le client affiche un revenu inférieur à 4.000 DH, dans 23% des cas, il gagne entre 4.000 et 6.000 DH. Le reste des demandes concerne des clients dont le revenu est supérieur à 6.000 DH. Les salariés et les fonctionnaires représentent respectivement 49 et 34% des demandeurs. Leur part est stable sur un an. «Le reliquat est détenu par les retraités (7%), les artisans et commerçants (5%) et les professions libérales (5%)», note BAM. Les bénéficiaires des crédits à la consommation demeurent concentrés dans les agglomérations urbaines de Casablanca (29% contre 30% en 2018) et Rabat (18% contre 19% un an plus tôt). 

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Crédit à la consommation : les ménages plus solvables en 2019

L’encours des créances en souffrance détenues par les banques sur les ménages augmente en 2019 : +11,8% à 23,7 milliards de DH, après +15,1% en 2018. Ainsi, le taux de risque ressort à 8% contre 7,5% un an auparavant. «Le taux de leur couverture par des provisions s’est établi à 58% contre 61% en 2018, reflétant une part accrue du crédit à l’habitat plus collatéralisé», indique BAM. Les créances en souffrance portées par les sociétés de crédit à la consommation, elles, décélèrent à 5,3%, soit 5,9 milliards de DH, contre 10,6% l’année précédente. Ce qui induit un taux de risque en baisse à 10,2% (10,4% en 2018). Le taux de couverture de ces créances par les provisions s’est renforcé à 76%, en hausse d’un point sur un an.

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