15 Juillet 2020 À 18:56
Le président de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD), Chakib Benmoussa, entouré de cinq autres membres, a communiqué mardi au sujet de l’état d’avancement des travaux de la Commission et de ses orientations. Une feuille de route provisoire – en attendant le rapport final dans six mois – qui propose des réponses à cinq grandes préoccupations. Il s’agit de la performance du monde de l’économie et du capital humain (voir article paru hier sur : www.lematin.ma). Les trois autres composantes de cette première version de la feuille de route apportent des réponses par rapport à la vision à adopter dans le nouveau modèle de développement en ce qui concerne la conception de la solidarité sociale. Ce à quoi s’ajoutent des réponses en matière de place à accorder aux jeunes, leur inclusion et leur participation, notamment à l’ère de la numérisation. Une autre composante de la feuille de route est en lien avec la dimension territoriale et le facteur confiance dans les institutions.r>En ce qui concerne le volet social, le président de la CSMD, Chakib Benmoussa, a mis en évidence l’intérêt porté par la Commission au volet social. «C’est un volet très présent dont la vision à son propos sera touchée par la phase de la pandémie que nous vivons, qui a des effets économiques et d’ordre social importants. Nous proposons le recours à des outils qui peuvent renforcer cette forme de solidarité», a-t-il expliqué. À ce sujet, le président de la commission met en avant le concept de «solidarité durable», basée sur des outils durables et équitables au profit de tous. «Nous pensons à un système efficace utilisant les moyens à disposition avec plus d’efficacité», a-t-il déclaré lors de la conférence de presse.r>Laarbi Jaïdi, qui chapeaute l’équipe qui travaille au sein de la commission sur la thématique de solidarité sociale, a souligné, lors de cette rencontre, que la commission doit présenter un nouveau modèle de développement qui soit global, mais surtout équitable. «L’équité passe à travers la création des fondements d’une société solidaire, ce qui exige aussi un système intégré cohérent en matière de protection sociale», soutient-il. Procédant à un diagnostic de l’état actuel des choses, il a regretté l’absence d’une vision intégrée globale de la protection sociale dans notre pays. Il a critiqué la dispersion des programmes mis sur pied qu’il a énumérés et dont le nombre dépasse la centaine. La planification qui souffre du manque de coordination et de l’absence d’équité. «Il y a aussi des contraintes structurelles qui empêchent la réalisation de l’équité homme-femme», relève-t-il. Il est ainsi essentiel d’inaugurer une réforme structurante pour arriver à de l’efficience dans l’utilisation des ressources de l’État mobilisées à ce niveau et pour avoir de la qualité des services, de la transparence, de l’équité et une justice sociale, propose Larbi Jaïdi. Cela doit constituer le fondement de la réforme qu’il propose en suggérant cinq piliers à prendre en compte. Il propose, d’abord, d’élargir la couverture des bénéficiaires, non seulement en termes de personnes touchées, mais aussi en ayant des prévisions permettant de contourner les risques actuels et à venir. Il préconise, en second lieu, un système plus juste et plus équitable. Un système qui permette de revoir les outils de ciblage. Le troisième pilier qu’il défend est celui de la convergence et de l’intégration entre les programmes. Car, estime-t-il, le contraire aboutira à une déperdition des ressources et une contradiction entre les différentes actions. Le quatrième pilier tourne autour du concept de la bonne gouvernance. Ce qui devrait garantir l’efficacité recherchée. Le dernier pilier table sur la durabilité. Car M. Jaïdi considère que le système proposé ne peut être accepté que s’il est durable. Ce que, selon lui, devraient permettre surtout les réformes institutionnelles et les efforts financiers. «Ce sont des orientions pour une vision d’avenir afin de créer les conditions d’un Maroc solidaire», a-t-il défendu.r>Addioui Adnane a, lui, évoqué la vision de la Commission spéciale en ce qui concerne l’action pour «l’autonomisation des jeunes». Il s’exprimait lors de la conférence en tant que chef de l’équipe travaillant sur le sujet. Il a évoqué dans ce sens que le défi n’est plus de penser à des infrastructures ou des meubles en élaborant des plans au profit des jeunes, mais se trouve plutôt au niveau du contenu à développer. «L’autonomisation sociale des jeunes est l’objectif. Il faut aussi agir pour créer une relation de participation des jeunes et non pas une situation de rente. Il faut que tout jeune ait le sentiment qu’il a des moyens qui sont à sa disposition pour produire. C’est ce qui va nous mener à ce Maroc où les jeunes voudront rester dans leur pays et y investir», préconise-t-il. La vision, ajoute-t-il, est d’abord de travailler sur les capacités des jeunes à l’horizon 2030-2050 et les préparer à être réactifs. Il décrit ainsi l’image d’un jeune réactif qui peut parler plusieurs langues, ouvert… qui a des responsabilités sociales et qui agit pour préserver les ressources environnementales.r>En ce qui concerne la dimension territoriale, le chef de l’équipe qui travaille sur le sujet, Mohamed Tozy, a appelé à agir pour promouvoir la participation des citoyens et à revoir la relation de l’État avec la société civile. «La société civile dans toutes ses formes est un employeur et un gestionnaire important des services publics participant à la consolidation des équilibres dans la participation des jeunes et des femmes. Il doit y avoir, dans ce sens, une complémentarité entre démocratie participative et démocratie représentative», estime-t-il. Il a, par ailleurs, déploré le blocage constaté dans la mise en œuvre de la régionalisation et l’existence de visions contradictoires concernant la réforme du rôle de l’État dans son ensemble en appelant à «revoir l’organisation de l’État dans le territoire». Il prône, dans ce cadre, de donner de l’importance à la cellule familiale et aux douars, qu’il juge très utiles pour la gestion environnementale du pays et pour préserver les ressources de l’État. En évoquant «le début d’un renversement de perception territoriale», il estime que le départ sera désormais le local et non pas le central dans la vision territoriale. «Cela exige de développer et de revoir le cadre institutionnel et la mentalité vis-à-vis de l’équilibre entre central et local», a-t-il plaidé.