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La représentante de l’OMS au Maroc : «Face à l’épidémie du Covid-19, la riposte du Royaume est multisectorielle, ferme et ambitieuse»

«Au Maroc, la riposte nationale à la pandémie du coronavirus est multisectorielle, ferme et ambitieuse. Nous espérons également contribuer à partager les bonnes pratiques mises en place par le Maroc pour que d’autres pays puissent en profiter», affirme Maryam Bigdeli, représentante de l’OMS. Dans un entretien accordé au «Matin», Mme Bigdeli revient également sur les consignes de l’organisation onusienne dans la bataille planétaire contre le Covid-19, ainsi que sur l’importance de la solidarité et de l’action collective et coordonnée.

12 Avril 2020 À 21:24

Le Matin : En cette période délicate marquée par la propagation et la virulence du virus Covid-19, les yeux sont rivés sur l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Quel rôle peut-elle jouer dans ce contexte ?r>Maryam Bigdeli : Le rôle de l’OMS dans une épidémie de cette ampleur est complexe. Nous travaillons d’arrache-pied à comprendre le phénomène très particulier qu’est cette épidémie, due à un nouveau virus, amasser la connaissance, explorer ce que nous ne savons pas encore, synthétiser l’information et la partager le plus vite possible pour que de nouveaux pays en bénéficient. On découvre tous les jours du nouveau et ces directives et guidances peuvent donc changer, il s’agit de s’assurer que ces changements sont faits et que les pays sont informés. Nous accompagnons aussi les pays dans leur riposte. Cet accompagnement peut être en termes matériel, par exemple de laboratoire ou hospitalier, ou en termes d’expertise technique. 

Et quel rôle peut jouer par la représentation de l’OMS au Maroc ?r>Au Maroc la riposte nationale est multisectorielle, ferme et ambitieuse. Notre rôle est de l’accompagner le mieux possible, en soutenant les actions du gouvernement.  Nous espérons également contribuer à partager les bonnes pratiques mises en place par le Maroc pour que d’autres pays puissent en profiter.

Vous avez suivi les actions et mesures entreprises par les autorités marocaines (sanitaires et autres) pour faire face à la pandémie. Qu’en pensez-vous ?r>En effet, le Maroc a adopté très rapidement des mesures très radicales, comme la fermeture des frontières, l’interdiction des rassemblements et le confinement, tout en accompagnant ces actions de mesures permettant à la population de continuer à avoir accès aux services de base. La solidarité et l’innovation accompagnent ces actions de manière efficace. Ceci sans compter évidemment les investissements pour améliorer le système de santé et atténuer l’impact socio-économique de l’épidémie. Ces mesures sont ambitieuses et judicieuses.

L’OMS travaille avec des chercheurs du monde entier pour générer des données probantes sur les médicaments les plus efficaces pour traiter le Covid-19. Action qui a eu une réponse positive de la part des pays pour rejoindre le «Test Solidarity» (plus de 74 pays), qui compare quatre médicaments et combinaisons de médicaments. Le Maroc est-il impliqué dans cette opération ?r>Non, pas pour l’instant, puisque le Maroc a choisi de donner la chloroquine comme traitement de première intention à tous les patients. En effet, les études cliniques, y compris le «Solidarity trial» nécessitent une randomisation, soit une distribution au hasard des patients dans l’un des quatre bras de traitement. Ceci n’est pas possible dans le contexte du Maroc. Néanmoins, nous conseillons à tous les pays qui ont choisi une option thérapeutique de documenter leur expérience pour la partager avec les autres pays.

En plus des «gestes barrières» conseillés, le Maroc est allé dans le sens de l’obligation du port du masque. Pensez-vous que cela va participer à réduire de manière importante la circulation du virus ? Sachant que selon le directeur général de l’OMS, l’Organisation continue encore d’étudier les preuves de l’opportunité d’utilisation des masques ?r>L’obligation du port du masque est une décision souveraine du Maroc et nous la respectons comme nous respectons toutes les mesures nationales. Les masques permettent de diminuer la transmission des virus respiratoires, y compris le Covid-19.  Si un pays décide d’adopter les maques, il doit le faire en accompagnement d’autres mesures, comme c’est le cas pour le Maroc. Il faut éviter que le port du masque ne contribue à baisser la garde sur d’autres mesures, telles que l’hygiène des mains ou la distanciation physique. Et éviter que le port du masque, surtout non médical, ne donne une fausse impression de sécurité. Nous recommandons aux pays qui passent à l’utilisation des masques de mener des recherches sur leur efficacité et de partager cette information afin que d’autres pays puissent en bénéficier.

À mesure que la pandémie évolue, les connaissances scientifiques la concernant évoluent aussi, ainsi que les conseils à donner aux citoyens. Quels sont les derniers conseils sur lesquels insiste l’OMS et que vous pouvez prescrire à nos lecteurs ?r>Nous insistons plus que jamais sur la prévention de la transmission, l’hygiène des mains et la distanciation physique. C’est une bataille à mener ensemble pour que les hôpitaux ne soient pas surchargés et puissent gérer le nombre de cas qui se présentent. Nos connaissances sur ce virus évoluent très très vite et nous mettons tout en œuvre pour partager cette information. Il faut donc veiller à s’informer aux bonnes sources et éviter de croire et de propager des «fake news».

Un dernier mot ?r>La distanciation physique ne veut pas dire distance sociale. Plus que jamais, nous devons être proches les uns des autres en esprit et nous soutenir mutuellement.

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