Économie

Ghizlaine Maghnouj El Manjra : «Une grande entreprise peut se redécouvrir au contact des territoires»

«Comment améliorer la durabilité des villes grâce à l’économie circulaire ?» En optant pour un tel thème lors d’une visioconférence, la Caisse de Dépôt et de Gestion a ouvert un large débat à différents acteurs qui ont souligné l’urgence d’une action concertée entre les décideurs politiques et les acteurs locaux.

Selon l’ONU-Habitat, le taux d’urbanisation en Afrique (Dar Essalem en Tanzanie sur la photo) croît de 4% par an, c’est le plus rapide au monde. Ph. DR

11 Novembre 2020 À 20:05

Les exemples qui montrent que les centres urbains peuvent être plus résilients grâce à une «économie de modération et de sobriété qui met l’humain au centre des préoccupations» ne manquent pas, a souligné Ghizlaine Maghnouj El Manjra, présidente de Maroc Impact qui se définit comme une initiative multi-acteurs pour soutenir, structurer et développer l’écosystème de l’innovation sociale. Lors de la visioconférence organisée le 10 novembre par la Caisse de Dépôt et de Gestion, Mme Maghnouj El Manjra a indiqué que ce concept peut se pratiquer au niveau macro et microé-conomique, mais ne peut être réellement efficace qu’avec l’implication des décideurs politiques : «Avec l’annulation du Salon international de l’agriculture au Maroc, les coopératives ont perdu 80% de leur chiffre d’affaires. En une dizaine de jours, une initiative menée dans l’Oriental a permis de décloisonner 80 coopératives qui ont pu récupérer 80% de leurs revenus annuels», a fait savoir la présidente de Maroc Impact qui a mis l’accent sur la nécessité d’«interconnecter les écosystèmes» locaux et centraux. Pour y parvenir, quatre leviers doivent être actionnés, selon François-Michel Lambert, président de l’Institut de l’économie circulaire (France), à commencer par la fiscalité qui «axée sur l’imposition du travail mais pas suffisamment sur la consommation des ressources naturelles (…) Il y a urgence à agir». À cette mesure, il faudra ajouter les incitations publiques la réglementation et le changement de comportement.r>À ce propos, Denis Curt, responsable du pôle recyclage et économie circulaire au sein du Groupe Renault, a déclaré que dans une voiture du constructeur français, 30% de la matière proviennent du recyclage et dans laquelle il y a 15 kilogrammes de plastique recyclé, «notre objectif est de faire baisser la quantité de ressources naturelles par passagers transportés». r>Au Maroc, le taux de recyclage pourrait être amélioré «mais le gisement actuel n’est pas suffisamment exploité» a-t-il souligné. «Une grande entreprise peut se redécouvrir au contact des territoires», lui a alors suggéré Mme Maghnouj El Manjra. C’est sur le recyclage que Radia Cheikh Lahlou, directrice de Déclic-Conseil en RSE, a axé son intervention : «Il y a actuellement près de 10.000 récupérateurs qui interviennent à Casablanca où 1 kilogramme de plastique récupéré est revendu à 15 dirhams. Une meilleure insertion professionnelle par le recyclage permettrait d’améliorer leurs revenus et leur statut social». Pour mémoire, le taux de recyclage des déchets ne dépasse pas actuellement les 7% au Maroc. 

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