LE MATIN
12 Août 2020
À 17:31
La communauté d’affaires sud-africaine a appelé, mercredi, le gouvernement du Président Cyril Ramaphosa à agir d’urgence afin d’éviter l’aggravation de la crise économique qui affecte le pays. Devant l’aggravation de la pandémie du coronavirus avec son lot de hausse de la dette publique et de détérioration des conditions économiques et sociales, le gouvernement dirigé par le Congrès national africain (ANC) fait face à un seul choix, à savoir d’éviter au pays de plonger dans une crise d’endettement dont les conséquences seront graves, ont indiqué les hommes d’affaires sud-africains, cités par les médias. «Nous sommes devant une situation chaotique», indique Martin Kingston, président de la branche sud-africaine de Rothschild & Co et vice-président de Business Unity South Africa, principale association d’employeurs du pays où la dette pourrait dépasser 140% du PIB avant la fin de l’actuelle décennie. Avant la pandémie, l’Afrique du Sud était déjà en récession avec un chômage affectant 31,1% de la population active, un record depuis plus de 17 ans. Il s’agit d’une situation pour le moins embarrassante pour Ramaphosa qui avait promis, depuis son arrivée au pouvoir en 2018, de redynamiser l’économie. D’après les analystes politiques, l’échec du Président à concrétiser ses promesses pourrait ouvrir la porte aux populistes de l’ANC pour reprendre la main et pousser pour la mise en œuvre de mesures qui risqueraient de porter un nouveau coup dur à la confiance déjà fragile des investisseurs. Après plus de deux décennies au pouvoir, le parti de l’icône Nelson Mandela fait l’objet de pressions grandissantes. L’opinion publique est de plus en plus en colère face à l’aggravation des déficits sociaux dont souffre le pays. L’année dernière, l’ANC a remporté les élections générales avec le plus faible score depuis la fin du régime de l’apartheid en 1994.
Pour Thabi Leoka, économiste basée à Johannesburg, le problème dont souffre l’Afrique du Sud réside dans le manque de volonté politique de mettre en œuvre des réformes qui installent les bonnes pratiques de transparence et endiguent la corruption. En effet, les allégations de corruption ont refait surface dans le cadre de la gestion de la pandémie du coronavirus. Selon certains rapports, des millions de rands destinés à l’achat d’équipements de protection du Covid-19 ont été détournés. Cette question a provoqué une tension entre l’ANC et le congrès des syndicats sud-africains (Cosatu), principale centrale syndicale du pays, qui a menacé de retirer son soutien au Président Ramaphosa.