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L’Europe entame un déconfinement à hauts risques

Jugeant la pandémie du coronavirus «sous contrôle», l’Allemagne a entamé lundi son déconfinement, une lente et délicate opération dans une Europe cloîtrée depuis des semaines, encore meurtrie par la maladie, mais impatiente de relancer son économie.

La situation reste «fragile», a prévenu la chancelière Angela Merkel. «Nous sommes au début de la pandémie et nous sommes encore loin d’être sortis de l’auberge», a-t-elle déclaré. Ph. AFP

20 Avril 2020 À 21:40

À ce jour, le continent européen a payé le plus lourd tribut, comptabilisant près des deux tiers des 165.216 morts recensés dans le monde lundi à la mi-journée. L’Italie a été le pays le plus touché (23.660 décès), suivi de l’Espagne (20.852), de la France (19.718) et du Royaume-Uni (16.060), selon un dernier bilan de l’épidémie établi à partir de sources officielles. Avec 135.000 cas recensés et environ 4.000 décès, la pandémie est en Allemagne «sous contrôle et gérable», ont jugé les autorités, qui ont autorisé la réouverture lundi matin des magasins d’une surface inférieure à 800 m². Commerces d’alimentation, librairies, garages, magasins de vêtements et autres fleuristes peuvent de nouveau accueillir des clients.r>Fédéralisme oblige, la mesure sera appliquée de façon sensiblement différente dans les seize États-régions du pays, et de nombreux commerces resteront encore porte close dans la capitale Berlin lundi. Les rassemblements de plus de deux personnes restent proscrits, une distance minimale de 1,5 mètre est censée être observée dans les lieux publics, et le port du masque «fortement recommandé». La situation reste «fragile», a prévenu la chancelière Angela Merkel. «Nous sommes au début de la pandémie et nous sommes encore loin d’être sortis de l’auberge», a-t-elle déclaré, jugeant qu’il serait «extrêmement dommage de connaître une rechute». Cette stratégie de sortie de crise, mise en œuvre par l’Allemagne, locomotive économique du vieux continent, est scrutée par une Europe qui vit sous cloche depuis près d’un mois, et dont certains pays s’apprêtent à entamer le défi du confinement à mesure que la maladie y apparaît contenue. Le défi est énorme : relancer progressivement l’activité, contenir les impatiences des populations enfermées, voire les risques d’explosion sociale, tout en prévenant une possible résurgence du virus et en préservant des systèmes sanitaires saturés. Signe de l’urgence économique, la Banque d’Espagne prévoit pour 2020 une chute vertigineuse, «sans précédent dans l’histoire récente», de 6,6% à 13,6% du PIB de la quatrième économie de la zone euro en raison de la pandémie. La France a fait lundi un premier pas en autorisant à nouveau, sous conditions, les visites aux pensionnaires des maisons de retraite. Au Danemark, les petits commerces ont reçu lundi la permission de rouvrir leurs portes, à condition d’appliquer de strictes mesures d’hygiène et de séparation. Les crèches danoises avaient rouvert le 15 avril. 

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