28 Juin 2020 À 13:27
La valse des chiffres sur des prévisions de croissance au Maroc se poursuit. Avec un dénominateur commun, puisque toutes tablent sur une récession. La dernière en date émane du groupe Crédit Agricole France qui vient de publier une nouvelle analyse sur l’économie marocaine face à la crise Covid-19. r>«Après deux années de performances économiques en demi-teinte en 2018 et en 2019, le Maroc va beaucoup souffrir en 2020 de la crise du coronavirus et surtout de ses effets secondaires sur les acteurs économiques», estime la Direction des études économiques du Crédit Agricole France. À ce stade, est-il précisé, les structures de santé et les réponses sanitaires ont bien contenu l’épidémie, mais les conséquences du confinement et de l’arrêt des activités économiques non essentielles vont être très sévères sur la macro-économie, sur les entreprises et sur la société elle-même. «Une récession est certaine cette année et son amplitude pourrait atteindre 4%. Cette crise coïncide avec une année agricole qui devrait être médiocre, compte tenu du déficit de pluviométrie constaté au début du printemps et qui devrait faire baisser les productions céréalières», soulignent les experts du groupe bancaire français. Pour ces derniers, le tourisme (8% du PIB) et l’industrie (automobile et textile) sont les secteurs les plus touchés. De plus, les transferts des Marocains résidant à l’étranger ont chuté d’un tiers en avril dernier par rapport à 2019. «Compte tenu de l’importance de ces recettes dans le PIB du pays (environ 6%), l’effet de cette chute sur la consommation des ménages va se faire fortement sentir en 2020, même s’il est encore un peu tôt pour dessiner une tendance», détaillent-ils.r>Concernant le commerce international, la baisse des exportations automobiles et des autres industries et le recul des recettes touristiques devront faire chuter les exportations plus fortement que l’impact de la baisse des prix de l’énergie et de la consommation des ménages sur les importations.r>Ainsi, en 2020, les grands équilibres macro-économiques devront se détériorer. Les déficits budgétaire et courant (probablement de 7% du PIB chacun) provoqueraient une hausse des dettes souveraine et externe à 89% du PIB et 150% des recettes d’exportation. «L’un des enjeux financiers importants pour le pays est le maintien à moyen terme du rating Investment Grade . Il dépendra en grande partie dans les trimestres à venir de l’évolution des niveaux de dette et donc de la capacité du pays à rebondir en 2021», indiquent les experts du groupe Crédit Agricole France. r>Selon eux, le choc sur le commerce extérieur sera également corrélé aux récessions dans les pays destinataires des exportations du Maroc, essentiellement la France, l’Espagne, l’Italie et les États-Unis. Dans ces pays partenaires, les prévisions de contraction du PIB s’établissent entre 6 et 12% pour l’année 2020.r>Le groupe rappelle enfin que la Banque centrale, face à la fuite des capitaux et la défiance des marchés, a répondu aux tensions de change en élargissant la bande de fluctuation du dirham à 5% et en tirant sur la ligne de soutien du FMI (Fonds monétaire international) de 3 milliards de dollars, afin de stabiliser le niveau des réserves en devises. Les partenaires multilatéraux ont, en outre, promis des aides d’urgence, y compris dans le domaine sanitaire.