15 Juillet 2020 À 23:33
Le Matin : L’année universitaire 2019-2020 est une année de tous les défis. Quelles leçons faut-il en tirer pour le secteur de l’enseignement ?r>Pr Mohammed Ouazzani Jamil : L’année universitaire 2019-2020 est celle des mutations organisationnelles et structurelle des universités aussi bien au niveau de la formation que de la recherche. Plusieurs chantiers ont été ouverts suite, notamment, au rapport du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) intitulé «L’enseignement supérieur à l’horizon 2030». Parmi les actions pratiques annoncées par le ministère de tutelle, on peut citer celle de repenser les cursus de formation de façon à renforcer l’employabilité des étudiants à travers une nouvelle architecture et des contenus adéquats. On peut citer également le grand défi de la restructuration de la recherche scientifique, son autonomie et la réforme des études doctorales…r>Dès l’avènement de la pandémie du Covid-19 en pleine année universitaire, les universités marocaines se sont adaptées à cette nouvelle donne, en mettant en place des plans stratégiques idoines sans toutefois s’écarter du cap de la stratégie générale guidée par la vision, citée plus haut, de la réforme des volets de la formation et de la recherche. Cette crise sanitaire, nous a amenés à mettre en place un plan de gestion de la crise permettant une diligence dans notre réactivité assurant ainsi la continuité et la pérennisation de nos actions stratégiques.
Comment s’est organisé le passage au système d’enseignement à distance pour UPF ? Et comment évaluez-vous cette expérience ?r>Dès l’annonce, le 13 mars 2020, par le ministère de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, de la suspension des cours pour lutter contre la propagation du coronavirus au Maroc ; nous avons mis place à l’Université Privée de Fès une cellule de veille chargée de la coordination et du suivi de notre Plan de continuité pédagogique (le PCP). Ce PCP est sous-tendu par des principes tels que :r>t Les classes des cours à distance doivent se dérouler en temps réel, pendant les horaires et selon la programmation habituelle.r>t La disponibilité des supports de cours aux étudiants avant le déroulement des classes à distance.r>t Les outils utilisés pour le suivi des cours doivent être disponibles sur les ordinateurs et les Smartphones personnels des étudiants.
L’UPF a ainsi opté pour l’utilisation des plateformes interactives qui communiquent et jouent le même rôle que le présentiel telles que : Moodle, Teams, etc. ; associés à des outils de communication instantanée disponibles sur les smartphones.r>Les retours que nous avions à travers les enseignants-chercheurs et les étudiants sont très positifs. En effet, les étudiants manifestent une plus grande motivation pour utiliser et s’approprier d’une manière remarquable les outils des plateformes d’enseignement à distance. L’enseignement à distance, loin des espaces institués de formation, s’avère, plus à même de répondre à leurs attentes ce qui devrait nous interpeller, nous les acteurs de l’enseignement supérieur, pour revoir nos méthodes et nos approches, et les adapter aux attentes des nouvelles générations d’étudiants.
Quelles sont les grandes nouveautés de la prochaine rentrée ?r>Dans le volet de la formation, pour la prochaine rentrée universitaire, nous avons pris toutes les dispositions requises pour traiter la refonte de l’architecture pédagogique, la problématique de maîtrise des langues enseignées et leur diversification les langues d’enseignement, la mise en place d’un système d’orientation efficient et des formations en adéquation avec la demande du marché de l’emploi. Aussi, comme à l’accoutumée, l’UPF reste à l’écoute de son environnement et ce à travers un système de veille informationnelle lui permettant de mieux cerner la demande du marché de l’emploi et anticiper en conséquence le recadrage de son offre de formation. Ainsi, l’UPF propose plusieurs filières d’excellence à finalité métiers dans les domaines de l’ingénierie, de la gestion et des finances, et des métiers de l’architecture et du bâtiment. Ces filières se présentent dans le cadre d’une offre de formation avec des parcours et des référentiels de compétence clairs basée sur une pédagogie de réussite et d’accompagnement de l’étudiant et surtout sur la préparation des jeunes générations à un marché de l’emploi en pleine mutation.r>À cet effet, l’offre de formation de l’UPF est étoffée pour la rentrée universitaire 2020-2021 par des filières novatrices et originales telles que la filière «Transformation digitale» croisant plusieurs spécialités du monde de l’information et du numérique. Nous avons également la filière «Génie des systèmes embarqués» qui vient répondre à une demande avérée dans les secteurs de l’aéronautique et de l’automobile en pleine croissance au Maroc. La filière «Supply Chain Management» permet de mettre en place des procédures et des solutions logistiques et d’anticiper les évolutions du marché ; la filière «Urbanisme» construite à l’interface de plusieurs disciplines comme la géographie, l’architecture et l’aménagement et où nous sommes les seuls dans le secteur privé à offrir une formation à niveau Bac+5, etc.r>Au niveau de la recherche scientifique, qui est l’une des priorités de la stratégie de développement de l’Université Privée de Fès, car elle constitue, d’une part, le pilier primordial de l’ancrage régional et national de l’université, et d’autre part, un élément fondamental de son rayonnement et sa renommée à l’international ; nous œuvrons à travers des actions concrètes à la valorisation de nos travaux de recherche pour répondre aux besoins avérés de notre environnement. La dernière concrétisation en date, a été la sélection en mai dernier de deux projets de recherche de notre université parmi la liste des projets retenus pour financement dans le cadre du Programme de soutien à la recherche scientifique et technologique Covid-19 lancé par le ministère de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique et le Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST).
L’entreprise de l’après-Covid ne sera plus la même. Pensez-vous que l’offre de formation va suivre cette transformation ?r>Ce seront plutôt les modalités et les canaux d’enseignement et d’apprentissage qui seraient à considérer dans l’après-Covid. L’offre de formation quelle qu’elle soit, pourrait être déclinée sous forme d’enseignements à distance, circonstanciée dans une période de crise épidémique voire même en temps normal. Malgré le risque d’augmenter la diversité des situations, ce sont des systèmes hybrides autour de chaque formation qui sont, à concevoir, à mettre en place et à tester. Il faudra aussi veiller sur la prise en compte de l’inclusion et de l’équité dans la mise en œuvre de ces solutions afin que personne ne soit laissé-pour-compte. Le chemin vers un nouvel équilibre ne sera pas simple à construire. Aujourd’hui, on parle de digitalisation, d’apprentissage à distance, du e-Learning… ; mais la formation en présentiel demeure à bien des égards le vecteur incontournable de la transmission du savoir sans oublier qu’elle permet de maintenir et entretenir des relations humaines, entre étudiants et enseignants et aussi entre les étudiants eux-mêmes.