01 Juin 2020 À 19:39
Selon les derniers chiffres de l’Organisation mondiale de la santé, les produits du tabac font huit millions de morts par an, touchant de plus en plus de jeunes. Plus de 40 millions d’enfants âgés de 13 à 15 ans ont malheureusement déjà commencé à consommer ces produits. En effet, les adolescents sont plus susceptibles de commencer à consommer des produits du tabac. La pression de leurs pairs, la publicité, les activités de promotion et de parrainage ou simplement le manque de connaissances ou d’outils pour refuser peuvent conduire les adolescents à tester certains produits à base de nicotine et de tabac lorsqu’on leur en propose.r>Face à cette situation, il a été décidé de consacrer la Journée mondiale sans tabac (JMST 2020) à la protection de cette tranche vulnérable de la population contre la manipulation de l’industrie du tabac et à faire en sorte qu’ils ne consomment pas de produits à base de nicotine et de tabac. L’OMS a, ainsi, lancé il y a quelques jours un nouveau kit à destination des élèves de 13 à 17 ans afin de les alerter sur les tactiques utilisées par l’industrie du tabac dans le but de les rendre dépendants de certains produits addictifs.
«Chaque année, l’industrie du tabac investit plus de neuf milliards de dollars pour promouvoir ses produits. De plus en plus, elle cible les jeunes afin de les faire consommer de la nicotine et des produits du tabac, dans l’optique de remplacer les huit millions de personnes que ses produits tuent chaque année. Cette année, la campagne de la Journée sans tabac de l’OMS se concentre sur la nécessité de protéger les enfants et les jeunes de l’industrie du tabac et des industries associées», a souligné l’OMS dans un communiqué publié à l’occasion de la JMST 2020. Et d’ajouter que «L’outil comporte un ensemble d’activités en classe, dont l’une consiste notamment à mettre les élèves dans la peau de l’industrie du tabac afin qu’ils se rendent compte de la façon dont elle tente de les manipuler et de les pousser à consommer des produits mortels. r>L’outil comprend également une vidéo à visée éducative, un quiz contre les idées reçues et des travaux à faire à la maison. Le kits expose également des tactiques telles que l’organisation de soirées et de concerts par l’industrie du tabac et les industries associées, les goûts des cigarettes électroniques qui attirent les jeunes, comme les goûts chewing-gum et bonbon, les présentations des cigarettes électroniques dans les écoles par des représentants, ou encore le placement de produits dans les émissions en streaming appréciées par les jeunes».r>Par ailleurs, l’Organisation affirme que même en temps de pandémie mondiale, l’industrie du tabac et de la nicotine persévère en faisant la promotion de produits qui font qu’une personne est moins à même de lutter contre le coronavirus et de se remettre de la maladie. «L’industrie a fait cadeau de masques estampillés de leur logo et a offert la livraison à domicile pendant le confinement. Elle a également fait pression pour que ses produits soient considérés comme essentiels», souligne la même source. Afin de toucher davantage de jeunes et lutter contre ces pressions, l’OMS a lancé un défi de danse sur TikTok et a accueilli des partenaires de réseaux sociaux comme Pinterest, Tinder, YouTube et TikTok afin d’élargir le cercle de diffusion de ses messages. «Fumer asphyxie les poumons et d’autres organes, en les privant cruellement de l’oxygène dont ils ont besoin pour se développer et fonctionner correctement. Éduquer les jeunes est crucial, puisque neuf fumeurs sur 10 commencent à fumer avant l’âge de 18 ans. Nous voulons que les jeunes soient suffisamment informés pour pouvoir dénoncer la manipulation de l’industrie du tabac», a expliqué Ruediger Krech, directeur de la Promotion de la santé à l’OMS. L’OMS a également lancé un appel généralisé à rejoindre la lutte contre les tactiques de marketing de l’industrie du tabac et des industries associées qui visent les enfants et les jeunes en demandant aux écoles de refuser tout type de parrainage et empêcher les représentants des entreprises de la nicotine et du tabac de s’adresser aux élèves. L’Organisation a également demandé aux célébrités et aux influenceurs de rejeter toute offre de parrainage et aux plateformes de réseaux sociaux, de bannir le marketing des produits du tabac ou des produits associés et d’interdire le marketing des influenceurs. Les télévisions et services de streaming ont, de leur côté, été priés de cesser de montrer des produits du tabac ou des cigarettes électroniques sur les écrans. Enfin, l’OMS a demandé aux pouvoirs publics et au secteur de la finance de cesser d’investir dans l’industrie du tabac et dans les industries associées, et aux gouvernements d’interdire toute forme de publicité, de promotion et de parrainage en lien avec les produits du tabac.
«Les pays peuvent protéger les enfants de l’exploitation de l’industrie en mettant en place des lois de lutte antitabac strictes, incluant notamment la réglementation de produits tels que les cigarettes électroniques qui ont déjà commencé à harponner une nouvelle génération de jeunes. En effet, ce type de cigarette est dangereux pour la santé. Il ne faut pas se laisser duper par le goût sucré et fruité. La plupart des cigarettes électroniques contiennent de la nicotine, qui est hautement addictive, et d’autres substances chimiques, dont un grand nombre sont connues pour être dangereuses. Il est probable que ces produits augmentent le risque de maladies cardiaques, de troubles pulmonaires et qu’ils endommagent les cerveaux en développement», assure l’OMS.r>Au niveau national, le ministère de la Santé a lancé une campagne de sensibilisation, à l’occasion Journée mondiale sans tabac, sur le thème «Pour un Maroc sans tabac : tu es plus fort que le tabagisme». Cette campagne, qui s’inscrit dans le cadre du Programme national de lutte contre le tabagisme, vise à encourager les fumeurs à profiter de cette période de pandémie et de confinement pour changer leurs habitudes et arrêter la consommation du tabac, à travers des messages diffusés sur les médias et réseaux sociaux.
Tabagisme et Covid-19
Durant cette période de pandémie, il est recommandé de consommer chaque jour un ensemble diversifié de produits frais et boire beaucoup d’eau pour renforcer le système immunitaire. En revanche, la consommation de tabac est vivement déconseillée. Dans un webinaire, organisé dimanche dernier par le ministère de la Santé en collaboration avec l’Institut de recherche sur le cancer (IRC) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les participants ont affirmé que le Covid-19 est une maladie infectieuse qui touche principalement les poumons, donc le fait de fumer affaiblit la fonction pulmonaire, rendant l’organisme moins résistant au coronavirus et à d’autres agents pathogènes. Les intervenants à cette rencontre ont également relevé que les travaux de recherche existants semblent indiquer que le risque de maladie grave et de décès est plus élevé chez les fumeurs. r>Intervenant à ce webinaire, l’épidémiologiste à la direction de l’épidémiologie et de lutte contre les maladies, au ministère de la Santé, Nada Bennani, a détaillé la relation entre le tabagisme et le risque de contracter la Covid-19, expliquant que les fumeurs portent régulièrement leurs doigts potentiellement porteurs de virus à la bouche et les fumeurs de narguilés ou pipe à eau se partagent souvent le même matériel, en plus du fait que ce fléau est connu pour être un facteur de risque de nombreuses infections respiratoires. «La contamination de l’entourage se fait par tabagisme passif, via notamment la toux fréquente chez les personnes tabagiques et donc la projection de goulettes infectées et la présence dans la fumée de particules sur lesquelles se fixent le virus et qui se déposent sur les meubles, tapis, vêtements, etc.», a-telle précisé.r>Pour sa part, la chef du service des maladies épidémiques à la direction de l’épidémiologie et de lutte contre les maladies, relevant du ministère de la Santé, Hind Ezzine, a indiqué qu’en ce qui concerne le Covid-19 et le tabagisme au Maroc, le taux de létalité est de 36,36%, avec un âge moyen de 58,3 ans et un taux de guérison de 63,64% (âge moyen de 42,3 ans).