01 Avril 2020 À 20:45
C’est une situation inédite que vit le monde aujourd’hui à cause de la propagation du coronavirus. Plus de 3,4 milliards de personnes sont obligées de rester chez elles et plus de 1,5 milliard d’élèves font l’école à la maison après la fermeture des établissements scolaires. Les enseignants du monde entier se sont mis à donner du jour au lendemain des cours virtuels à travers les différentes plateformes des réseaux sociaux.r>Afin de trouver les moyens pour faire face à cette situation, l’Unesco a organisé un deuxième webinaire sur la réponse éducative au Covid-19. Ce colloque qui a rassemblé des participants de toutes les régions du monde a été consacré à ceux qui interviennent en première ligne pour assurer la continuité de l’apprentissage, à savoir les 63 millions d’enseignants de 165 pays plus le personnel éducatif. Durant cette rencontre virtuelle, les 159 participants de 33 pays ont étudié un large éventail de questions, allant de la formation et du soutien à fournir aux enseignants au problème de l’apprentissage à distance dans des zones reculées ou rurales disposant d’un accès à Internet faible, voire nul.r>«Nécessité étant mère d’invention, cette situation pourrait être l’occasion pour les enseignants et les apprenants de renforcer leur autonomie, leur créativité et leur esprit d’innovation. Il est important que les gouvernements soutiennent leurs enseignants», a affirmé Yumiko Yokozeki, directrice de l’Institut international de l’Unesco pour le renforcement des capacités en Afrique, qui a présidé cette rencontre.r>La plupart des participants ont déclaré avoir été pris par surprise par la soudaineté de la fermeture des établissements scolaires, présentant chacun leur mode de travail. En Ouganda, par exemple, les enseignants ont préparé du travail à la maison pour leurs élèves en une journée. Aux Philippines, le ministère de l’Éducation a mis en place la plateforme «DepEd Commons» avant la date prévue. Aux Pays-Bas, l’intégralité du programme scolaire est passée au numérique en 48 heures, mais les enseignants avouent que le plus difficile est de maintenir l’engagement des élèves surtout quand cela concerne des apprenants issus de milieux défavorisés. «Lorsque l’on enseigne à des élèves défavorisés, on risque d’en perdre beaucoup. La situation à la maison ne leur permet pas toujours de participer aux cours. Heureusement que le gouvernement a pris des mesures pour fournir des ordinateurs portables et une connexion Wi-Fi aux familles qui n’ont pas accès au numérique, et des enseignants de son école téléphonent chaque semaine aux parents pour garder le contact», a souligné Anne-Fleur Lurvink, enseignante dans une école de Rotterdam aux Pays-Bas. «Cette expérience est une véritable formation accélérée. Ce que nous avons mis en place en termes d’enseignement numérique aurait pris des années. Les enseignants s’entraident énormément et constituent des réseaux solides, et les sociétés prennent le relais», a-t-elle affirmé, soulignant toutefois que rien ne saurait remplacer les fonctions qu’assure l’école en dehors de la transmission des connaissances, de la sécurité au bien-être émotionnel. Tous les gouvernements intensifient leurs efforts pour fournir des formations et des ressources afin d’aider les enseignants à s’adapter à ce nouveau cadre d’apprentissage.r>Au Maroc, le gouvernement a rendu l’accès aux plateformes dédiées à l’enseignement à distance entièrement gratuit pour l’ensemble des internautes. Idem en France. Marie-Caroline Missir, directrice générale du Réseau Canopé, l’opérateur de l’Éducation nationale, a fait savoir lors du webinaire, que celui-ci fournit des contenus gratuits aux enseignants, parents et élèves, notamment des films d’animation, des applications et des outils faciles d’utilisation, ainsi que des tutoriels et d’autres ressources destinées à aider les enseignants. De son côté, Miguel Cruzado Silverii, Directeur général du perfectionnement des enseignants au ministère péruvien de l’éducation, a indiqué que le gouvernement a publié trois cours en ligne ouverts à tous (MOOC) pour former les enseignants à l’enseignement en ligne.r>Les participants à cette rencontre ont également rappelé que la conversion des supports pédagogiques au format numérique dans des délais très brefs a posé problème, car peu d’enseignants possèdent de solides compétences numériques et en TIC. Dans de nombreux pays d’Asie du Sud-Ouest et d’Afrique subsaharienne, seulement 20% des foyers, et souvent moins, disposent d’une connexion Internet à la maison, sans parler d’un ordinateur.r>En conclusion, Gerd-Hanne Fosen, co-présidente de l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030, a souligné que les politiques doivent continuer de se concentrer sur les plus marginalisés, sur ceux qui n’ont pas accès à la technologie ou qui ne bénéficient pas d’un environnement favorable à la maison. L’Équipe spéciale a adressé un «Appel à l’action» à tous les gouvernements, aux professionnels de l’éducation et aux bailleurs de fonds (publics et privés) visant à protéger les enseignants en cette période difficile, ainsi qu’à reconnaître le rôle essentiel qu’ils jouent dans la réponse au Covid-19 et qu’ils joueront lors de la reprise.