24 Juin 2020 À 17:25
Le Matin : Un Sommet extraordinaire Chine-Afrique sur la solidarité contre le Covid-19 vient de se tenir par visioconférence. Quelles sont les décisions prises à l’issue de ce sommet et comment peuvent-elles aider les pays africains à mieux lutter contre la pandémie ?r>S.E.M. Li Li : Le 17 juin, le Président XI Jinping a présidé à Beijing le Sommet extraordinaire Chine-Afrique sur la solidarité contre le Covid-19. Cet événement a été marqué par la participation de nombre de dirigeants de pays africains, dont des membres de la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement de l’UA, les présidents tournants des principales organisations sous-régionales africaines et le président de la Commission de l’UA. Dans son allocution inaugurale, le Président Xi a lancé une série d’initiatives et de propositions importantes, tout en soulignant la nécessité de travailler résolument pour combattre ensemble le coronavirus et promouvoir la coopération sino-africaine, poursuivre fermement le multilatéralisme et promouvoir inébranlablement l’amitié sino-africaine. À cet égard, il a déclaré que la Chine continuerait à apporter son soutien total à l’Afrique dans sa lutte contre le Covid-19 à travers la fourniture de matériels sous forme de dons et l’envoi d’experts médicaux. La Chine s’est ainsi engagée à donner aux pays africains un accès prioritaire au vaccin une fois qu’il sera mis au point. Elle s’est engagée également, dans le cadre du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA), à annuler les prêts sans intérêt arrivant à échéance fin 2020 des pays africains concernés, de même qu’elle a réaffirmé sa disposition à accroître le soutien aux pays africains durement touchés et soumis aux fortes pressions, notamment par l’allongement du délai de remboursement de leur dette, pour les accompagner en cette période difficile.r>Il s’agit donc d’une réunion d’importance majeure tenue à un moment crucial où la Chine et l’Afrique se battent contre l’épidémie de Covid-19. Les dirigeants chinois et africains se sont accordés ainsi à approfondir leur coopération et à consolider leur amitié et leur soutien mutuel pour construire un avenir partagé sino-africain encore plus fort. Ils ont réaffirmé leur détermination à renforcer leur coopération en appuyant le rôle leader et coordonnateur joué par l’ONU et l’OMS dans la lutte contre l’épidémie. Ils ont par ailleurs souligné la nécessité de la mise en œuvre des acquis du Sommet de Beijing de FCSA (Forum sur la coopération sino-africaine) en mettant davantage l’accent sur la santé, la reprise des activités et l’amélioration du bien-être de la population, la préservation du multilatéralisme, l’opposition à la politisation de l’épidémie afin de défendre l’équité et la justice dans le monde.
Quelle est la nature de la coopération entre le Maroc et la Chine en matière de lutte contre le Covid-19 ? Quelles sont les actions conjointes menées concrètement dans ce sens ?r>La coopération sino-marocaine dans la lutte contre le Covid-19 est un bon exemple de la coopération Sud-Sud. Le Président chinois XI Jinping et Sa Majesté le Roi Mohammed VI ont échangé des messages de soutien en traçant ainsi le chemin à suivre dans la coopération bilatérale contre l’épidémie. Les chefs de la diplomatie de nos deux pays ont eu plusieurs conversations téléphoniques afin de mettre en œuvre des actions concrètes. Après l’apparition de l’épidémie, la partie marocaine a exprimé sans tarder son soutien à la Chine et a accompagné la Chine pour transporter du matériel médical et rapatrier des touristes chinois bloqués au Maroc. Du côté chinois, le gouvernement central, des autorités locales, des entreprises et des organisations civiles ont fait des gestes amicaux en faisant des dons, en facilitant des opérations d’achats des matériels médicaux de nos amis marocains en Chine. Les experts de santé des deux pays ont tenu plusieurs visioconférences pour partager leurs expériences en matière de prévention et de traitement. Par ailleurs, la Chine et le Maroc ont aussi fait preuve de coordination étroite sur la scène internationale en appelant à renforcer la coopération internationale contre le virus et à soutenir le rôle leader de l’OMS. À l’heure actuelle, la Chine et le Maroc œuvrent à explorer davantage de pistes de coopération durant et après l’épidémie, il s’agit de la mise en place de la plateforme numérique de l’éducation informatisée, la relance de l’Année Chine-Maroc du tourisme et de la culture, etc.
Le Maroc vient d’envoyer, sur Hautes Instructions Royales, d’importantes aides médicales à 15 pays africains pour les accompagner dans leur lutte contre la pandémie. Que pensez-vous de cette initiative ?r>Très attaché à l’Afrique, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, après avoir proposé le lancement d’une initiative de Chefs d’État africains visant à établir un cadre opérationnel, a donné des instructions pour l’envoi d’aides médicales vers des pays africains. Cela met en évidence la détermination du Maroc à soutenir l’Afrique dans sa lutte contre le Covid-19. Nous apprécions hautement cette vision de Sa Majesté que la Chine partage. La Chine a déjà envoyé des matériels médicaux à plus de 50 pays africains et à l’Union africaine. Elle a expédié 5 équipes d’experts médicaux dans 11 pays africains. Les équipes médicales chinoises dans 45 pays africains ont tenu près de 400 séances de communication sur la prévention et le contrôle de l’épidémie. Le Maroc est un pays influent à l’échelle africaine et un partenaire important de la Chine. Nos deux pays pourront renforcer la coopération dans la lutte contre l’épidémie, travailler ensemble à la construction d’une communauté de santé Chine-Afrique et apporter plus de bonheur et de santé aux peuples africains.
Après la découverte d’un cluster de coronavirus dans un marché à Pékin, beaucoup (chinois et autres) redoutent une résurgence de l’épidémie. Que s’est-il passé exactement ? Comment les autorités chinoises ont-elles géré cette situation ?r>Depuis le 11 juin, de nouveaux cas de contamination ont été recensés à Beijing, ce qui a lancé un nouveau défi à cette ville où aucun nouveau cas n’avait été signalé pendant plus de 50 jours consécutifs. Selon les premiers rapports, l’origine de ces contaminations serait liée à des articles contaminés ou à la transmission interhumaine. Afin d’endiguer la propagation de l’épidémie, la municipalité de Beijing a relevé l’alerte sanitaire du niveau III au niveau II et a très vite réagi en mettant en confinement les districts concernés et en effectuant plus de 2 millions de tests de dépistage. Les personnes issues des quartiers à haut risque ont été invitées à ne pas sortir de Beijing et les autres citadins devaient se munir d’une attestation de dépistage pour en sortir. Actuellement, la situation est sous contrôle. Pourtant, tous les pays doivent rester vigilants, car le virus reste actif dans certains pays et le risque de rebond n’est pas encore complètement écarté
On assiste ces derniers temps à une détérioration des relations entre la Chine et les États-Unis, qui disent que Pékin aurait pu éviter aux autres pays (et aux États-Unis) beaucoup de problèmes, s’il avait bien géré cette crise sanitaire au départ ? Qu’en pensez-vous ? Est-il vrai que la Chine n’a pas été totalement transparente sur les données relatives à cette crise et son ampleur ?r>La pandémie du Covid-19 constitue l’ennemi commun de toute l’humanité. La Chine qui a été parmi les premières victimes de cette crise sanitaire majeure a fait montre d’un sens de responsabilité total en matière de contrôle et de prévention de la pandémie. Dans un esprit ouvert et transparent et suivant le principe «la vie du peuple l’emporte sur tout», la Chine a communiqué sans tarder les informations liées à la maladie à l’OMS et aux autres pays concernés. Elle a publié aussi vite que possible les informations sur la séquence génétique du virus et entamé à la première heure la coopération internationale en matière de contrôle de la pandémie, ce qui a été largement salué par l’OMS et un grand nombre de pays. Les statistiques publiées par la Chine sont ouvertes et transparentes et elles peuvent résister à l’épreuve du temps. Les intrigues de certains politiciens et média qui tentent d’évoquer une quelconque responsabilité de la Chine ne visent en fait qu’à détourner l’attention de leur citoyens et à dissimuler la réalité de leur réponse inefficace à la pandémie.r>Concernant les relations sino-américaines, M. Yang Jiechi, membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois et directeur du bureau de la Commission des Affaires étrangères du Comité central du PCC, a rencontré il y a quelques jours M. le secrétaire d’État américain Pompeo. M. Yang a souligné que la Chine et les États-Unis tiraient profit de leur coopération mutuelle et que la confrontation desservait leurs intérêts respectifs. Il a précisé que le partenariat était le seul choix correct pour les deux parties. La Chine s’est engagée à travailler avec la partie américaine pour développer une relation caractérisée par l’absence de conflit, la non-confrontation, le respect mutuel et la coopération gagnant-gagnant, tout en sauvegardant fermement sa souveraineté, sa sécurité et ses intérêts de développement. Il est à espérer que la partie américaine travaillera avec la Chine pour mettre en œuvre sérieusement l’important consensus des deux Chefs d’État et ramener les relations bilatérales sur la voie de la coordination, de la coopération et de la stabilité.
La situation à Hong Kong est de nouveau sur le devant de la scène de l’actualité. Le projet de loi sur la sécurité nationale est rejeté par les manifestants hongkongais. Des pays occidentaux appellent la Chine à y renoncer. Pourriez-vous nous présenter la situation du point de vue de Pékin et nous expliquer les enjeux de cette confrontation ?r>En parlant de la situation à Hong Kong, ce qui est important à souligner c’est que Hong Kong est une affaire purement interne de la Chine. Aucune force extérieure ne peut s’y ingérer. Depuis la rétrocession il y a 23 années, le gouvernement central chinois respecte pleinement les principes d’«un pays, deux systèmes», de l’«administration de Hong Kong par les Hongkongais» et d’un haut degré d’autonomie qui ont bien assuré la prospérité et la stabilité de Hong Kong. Depuis juin 2019, certains radicaux ont provoqué des troubles, voire des violences extrêmes sous prétexte de lutter contre la révision des règlements sur les délinquants fugitifs et l’entraide judiciaire en matière pénale. Ce qui a porté gravement atteinte à l’ordre social, à la sécurité nationale. Certains pays occidentaux y ont joué un rôle scandaleux dans les coulisses. La législation sur la sécurité nationale relève de la compétence du gouvernement central dans tous les pays. Cependant, une poignée de politiciens étrangers font tout leur possible pour porter des accusations injustifiées et interférer de manière flagrante dans les affaires liées à Hong Kong, car ils ne veulent pas voir la prospérité et la stabilité de Hong Kong, ni le développement durable de la Chine.r>Du 18 au 20 juin, la 19e session du comité permanent de la XIIIe Assemblée populaire nationale (APN) a examiné un projet de loi sur la sauvegarde de la sécurité nationale dans la RAS (région administrative spéciale) de Hong Kong de la République populaire de Chine, ce qui a permis de franchir un pas important dans l’établissement et le parachèvement du système juridique et du mécanisme d’application en matière de préservation de la sécurité nationale dans la RAS. La loi en question cible un très petit nombre de séparatistes et d’éléments violents de «l’indépendance de Hong Kong» et protège les droits, intérêts et libertés légaux des résidents de Hong Kong. Ni le haut degré d’autonomie, ni le pouvoir judiciaire indépendant ni le pouvoir de décision finale ne changeront. Avec cette loi, Hong Kong attirera plus d’investisseurs étrangers avec un environnement social plus sûr, stable et harmonieux ainsi qu’un bon environnement commercial pour maintenir son statut de centre financier, commercial et maritime international.
Le monde après le Covid-19 sera forcément différent de celui d’avant. Et les relations économiques et commerciales ne seront plus les mêmes. Quels défis comportent ces changements pour un pays comme la Chine au plan économique et commercial. Et comment Pékin compte-t-il réagir pour préserver son rôle central dans l’économie mondiale ?r>Le Covid-19 a porté un coup dur à l’économie de tous les pays et causé un impact profond sur le commerce international, l’échange des capitaux et des personnes, les chaînes industrielles et d’approvisionnement dans le monde entier. Actuellement, l’économie chinoise fait face à de nombreux défis. Mais avec les efforts coordonnés du gouvernement chinois pour endiguer la propagation du virus et promouvoir la reprise de l’activité économique et du développement social, elle retournera à la normale progressivement. Les principaux indicateurs économiques au deuxième trimestre se sont améliorés par rapport au premier trimestre. La Chine soutient fermement la construction d’un monde ouvert et appelle à promouvoir le principe gagnant-gagnant dans l’économie mondiale. Elle est prête à solutionner les problèmes dans le processus de la mondialisation avec toutes les parties, y compris celui de la crise sanitaire. Tous les pays devraient renforcer la solidarité et la coopération et coordonner les politiques et les positions afin de préserver la stabilité des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondial et d’éviter la récession économique mondiale. Je suis persuadé qu’avec une solidarité internationale, nous arriverons à réduire les impacts de cette crise sanitaire et ramener l’économie mondiale sur la voie du développement sain et durable.
Propos recueillis par Abdelwahed Rmiche