22 Avril 2020 À 19:52
Tisanes, décoctions, épices, fruits ou légumes... Sur les marchés ou dans les officines, la liste est longue des remèdes dont les tradipraticiens vous affirment, une main sur le cœur et, souvent, l’autre sur le porte-monnaie, qu’ils repoussent ou soignent le Covid-19, profitant parfois du désespoir d’une population pauvre. Même les Chefs d’État s’en mêlent. Celui de Madagascar, Andry Rajoelina, a d’abord vanté les qualités de guérison d’une tisane à base d’artemisia, une plante à l’efficacité scientifiquement prouvée contre le paludisme. Il a ensuite fait marche arrière en insistant sur ses vertus préventives, qui permettraient de renforcer le système immunitaire. Doyen de la Faculté de médecine de Toamasina, le Dr Stéphane Ralandison a mis en garde contre les méthodes «pas bien scientifiques» autour de cette tisane. Si elle reconnaît que certaines substances peuvent «atténuer les symptômes» du coronavirus, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a elle aussi rappelé qu’il n’existait pour l’heure «aucune preuve» qu’elles peuvent «prévenir ou guérir la maladie». Mais qu’importe ? Faute d’un vaccin ou même d’un traitement efficace offert par la médecine occidentale, les tradipraticiens se sont engouffrés dans la brèche. C’est le cas de Gabriel Nsombla, qui fait la publicité de ses potions sur les ondes d’une radio locale de République démocratique du Congo (RDC). «Inhaler la vapeur d’un mélange d’écorce de manguier, des feuilles de papayer, du gingembre et d’une plante dont je garde le nom secret, assure une guérison certaine», claironne-t-il, «tous ceux qui viennent chez moi repartent guéris». Même s’il avoue ne pas avoir encore testé ses philtres sur des malades du Covid-19, le naturopathe camerounais Anselme Kouam certifie lui aussi que «la médecine traditionnelle peut contribuer à lutter contre le coronavirus». Dans un continent où les traditions restent vives, l’apparition du Covid-19, qui a fait jusqu’à présent près de 1.200 morts en Afrique, a vu les populations se ruer sur les remèdes des anciens. En RDC, la radio onusienne Okapi a rapporté fin mars la mort de trois enfants qui avaient absorbé une plante médicinale pour prévenir une contamination par le virus. Le porte-parole du ministère sud-africain de la Santé, Pop Maja, assure «respecter le rôle des guérisseurs traditionnels». Jusqu’à un certain point. «Nous savons aussi que pour l’instant il n’y a pas de traitement contre le coronavirus», dit-il, «et chaque jour, je reçois 10 à 15 appels de gens qui disent qu’ils en ont trouvé un...»