11 Août 2020 À 17:36
Le Matin : «Houria». Pourquoi le choix de ce titre pour votre récent single ?r>Jihane Bougrine : Les titres viennent à moi, généralement à la fin d’une chanson, quand j’en ai terminé l’écriture. Et ce sont généralement des sujets qui me touchent, qui me sont inspirés par la vie, le quotidien. «Houria» s’est imposée à moi, un matin, à l’aube, je me suis réveillée en sursaut, j’ai pris ma guitare et je l’ai écrite et composée très vite. Les mots sortaient tous seuls, la mélodie était là. C’était comme une évidence. Il n’y a jamais de recette magique dans la naissance d’une chanson, on a souvent l’impression qu’elle nait d’elle-même. Il y a pas mal d’injustices, comme ces jeunes filles à Agadir arrêtées pour avoir porté des débardeurs en pleine canicule, ou d’autres faits divers qui nous font prendre conscience que l’on est constamment jugées par la société, surtout lorsqu’on est une femme. «Houria» est un cri du cœur, pour toutes ces minorités incomprises, qui veulent vivre en paix. Pour la femme marocaine qui ne souhaite qu’une chose : pouvoir marcher dans la rue sans avoir peur ou honte, par exemple. L’espace public ne nous appartient pas, alors que c’est notre droit le plus fondamental. «Houria», c’est tout ça.r>Dans toutes mes chansons, il y a la notion d’espoir et de respect de l’autre. «Houria» est plus frontale, mais le message reste le même : arrêtons de nous juger, de vouloir nous comparer, de nous demander d’être pareils, au lieu de prôner la différence et de la chérir. Le Maroc est pluriel et tellement beau dans sa pluralité. Le Maroc est diversité. C’est ce qui fait sa richesse.
Comment avez-vous vécu cette expérience ? Êtes-vous satisfaite du résultat ?r>Je ne suis jamais satisfaite du résultat ! (Rires). C’est très difficile d’être satisfait par une œuvre. En ce qui me concerne, il y a toujours quelque chose à améliorer, à rajouter, à peaufiner. Je suis très perfectionniste, mais j’essaie de me soigner. C’est sûrement pour cela que mes chansons mettent du temps à voir le jour. Mais généralement, quand je sens qu’une chanson me touche, que j’ai dis ce que j’avais à dire, je la laisse en paix. Je laisse ma chanson faire son bout de chemin. Et si elle peut toucher quelqu’un d’autre, c’est le bonheur absolu.
De qui étiez-vous entourée pour la création de cette nouvelle chanson ?r>Généralement, quand je crée, je suis seule. Ma guitare et moi. Pour la jouer sur scène, les musiciens doivent se l’approprier, ajouter leur touche. Mon luthiste, le brillant Zakaria Masrour, y a ajouté sa ligne de 3oud, qui a donné à la chanson une autre dimension. Et puis s’est ajoutée une basse, un clavier, une guitare, une batterie. En plus de la touche marocaine, orientale, je voulais un crescendo dans l’intensité, comme une tension tout au long de la chanson. Comme la chanson est sur 4 accords, il fallait des nuances. La chanson a pris forme sur scène pendant des années, presque 4 ans, avant de l’enregistrer au Studio Hiba, avec des musiciens de talent : Ayoub Harti, Taha Sehaqi, r>Kamal Roufi et Salim Ammor.