10 Mai 2020 À 22:37
La crise sanitaire due au Covid-19 a touché l’ensemble de la population mondiale et particulièrement les personnes vulnérables. C’est justement le cas des millions de migrants et de réfugiés qui se sont retrouvés livrés à eux-mêmes durant cette période difficile. Conscientes de la gravité de la situation, les organisations mondiales de protections des migrants et des réfugiés exhortent les pays à inclure les migrants et les réfugiés dans leur réponse nationale au Covid-19, y compris dans les phases de prévention, de tests et de traitement. Et suite à la fermeture des frontières et les limitations de mouvement généralisés, les agences onusiennes font également valoir que ces mesures doivent être mises en œuvre dans le plein respect des droits de l’Homme et des normes internationales de protection de cette catégorie de personnes, en tenant compte notamment du principe de non-refoulement.r>Lors d’un point de presse virtuel tenu jeudi dernier à Genève par António Vitorino, le directeur général de l’Organisation internationale de la migration (OIM), a appelé les États à ne pas oublier les migrants dans leur réponse à la pandémie. «Comme le montre la seconde vague d’infections à Singapour, la santé de ces personnes est dans l’intérêt de l’ensemble de la communauté», a-t-il affirmé. Et d’ajouter que «L’OIM réitère son inquiétude pour le sort de plusieurs milliers de migrants bloqués par le Covid-19 aux frontières et qui n’ont souvent pas accès aux soins. Certains tentaient de rentrer dans leurs pays d’origine et d’autres étaient en transit vers leurs pays de destination. Pour l’OIM, il est important que les gouvernements autorisent un accès humanitaire et à la santé. La prévention de la propagation du Covid-19 reste la priorité pour éviter de nouvelles infections dans le millier de camps de migrants à travers le monde».r>Au niveau national, Ana Fonseca, la chef de Mission OIM Maroc, a déclaré au «Matin» que l’impact du confinement a été particulièrement important pour les tranches de la population migrantes les plus vulnérables. «Un des axes d’intervention prioritaire de l’OIM au Maroc est de répondre aux besoins des populations migrantes les plus vulnérables, notamment les enfants non accompagnés et séparés, les victimes de traite, les personnes en situation sociale et économique défavorisées, et les migrant(e)s ayant des problèmes de santé… Pour ce faire, l’OIM Maroc travaille en coordination avec différents ministères incluant le ministère de l’Intérieur et le ministère des Affaires étrangères et de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, entre autres. Toutes ces actions d’assistance, mises en œuvre en partenariat avec des acteurs clés de la société civile actives sur le terrain, s’imposent davantage aujourd’hui comme une réelle priorité dans le contexte de pandémie actuelle», a souligné la chef Mission OIM Maroc. «Dans l’état d’urgence sanitaire actuel, l’assistance directe aux migrants dont nous avons parlé continue d’être opérée, avec le soutien des autorités locales, dans différentes régions du Maroc, en coordination avec les associations partenaires déjà en contact avec la population migrante. Cette assistance consiste à appuyer de manière immédiate les migrants, en plus des Marocains, à travers l’octroi des kits alimentaires et des kits d’hygiène», a ajouté Ana Fonceca. Depuis le début du confinement, ce sont plus de 2.000 migrants qui ont bénéficié de cette assistance et l’OIM continue d’être mobilisée auprès de l’ensemble de ses partenaires pour répondre aux besoins des migrants. «Le soutien au Maroc face à cette crise sanitaire s’opère également par l’appui aux efforts de sensibilisation déployés par le ministère de la Santé et l’Organisation mondiale de la santé à travers des séances de soutien psychosocial ainsi que de sensibilisation des migrants», a également rappelé la chef Mission OIM Maroc.
De belles initiatives
Depuis quelques semaines, l’atelier de confection et de broderie «Migrants du monde», mis en place par la Fondation Orient-Occident à Rabat, a changé d’activité. On y fabrique désormais des masques de protection contre le coronavirus, respectant les recommandations sanitaires. r>Géré par des femmes marocaines, migrantes ou réfugiées, cet atelier solidaire produit 200 masques par jour. Ces masques sont réalisés à partir de dessins de la styliste italienne Bruna Pizzichini et fabriqués avec des textiles africains.r>La reconversion de l’atelier «Migrants du monde», permet aux couturières, migrantes et marocaines, de travailler en cette période de r>crise économique et subvenir ainsi à leurs besoins et ceux de leurs familles. En effet, la totalité des bénéfices issus de la vent-e des masques est versée à ces couturières, pour la plupart en situation de précarité.
Campagne solidaire des associations
Un groupe d’associations s’est uni pour venir en aide financièrement aux familles des migrants les plus touchées et qui sont malheureusement exclus du dispositif d’aide prévu par le Fonds Covid-19. Il s’agit du Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants (GADEM), l’Association Lumière sur l’émigration clandestine au Maroc (ALECMA) et l’Association marocaine de solidarité (AMS) qui ont lancé une campagne de solidarité en avril dernier. r>Cette campagne en faveur des migrants espère mobiliser plus de 500.000 DH pour accompagner les 300 familles identifiées dans la région de Rabat. À ce jour, ce sont quelque 200 familles qui ont bénéficié d’une aide financière directe, à hauteur de 300 dirhams par semaine pour chaque famille, versée tous les 15 jours.
Gims au secours des migrants à Marrakech
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Afin de venir en aide aux populations migrantes qui se trouvent dans la ville de Marrakech, le chanteur Gims et sa femme ont lancé un appel aux dons. «Plus de 20.000 migrants au Maroc risquent une catastrophe humanitaire. Aidons-les ! Nous sollicitons vos dons afin de venir en aide aux migrants situés à Marrakech, qui ont du mal à assurer leur subsistance alimentaire due à la fermeture des frontières», ont-ils écrit sur l’affiche partagée par la femme du chanteur sur Instagram. Depuis quelques jours, le couple distribue personnellement les paniers alimentaires et des vêtements aux migrants dans une situation de précarité dans la ville ocre.