03 Février 2020 À 16:57
«En réunissant dans une seule et même exposition Moa et Kim Bennani, le père et le fils, nous avons voulu, non seulement témoigner de la permanence de cette relation peu commune, mais également mettre en relief la vitalité de la création plastique dans notre pays, ainsi que les vertus de la transmission dans l’art auxquelles nous invite le voyage offert par cette exposition», souligne la présidente du directoire de la Banque Populaire Rabat-Kénitra, Bouchra Berrada. En effet, quand le père et le fils se rencontrent dans une belle communion de l’art, dans un dialogue des sens et de la créativité, le résultat ne peut être que l’émerveillement pour tout visiteur et passionné de cet art.r>Cette prestation de la Galerie Banque Populaire leur a permis une seconde rencontre, la première ayant eu lieu en 2010 à Casablanca. Ils fêtent ainsi leur anniversaire après dix années de complicité et d’échange d’idées, même si leurs chemins dans les thématiques divergent. Le père s’attache à tout ce qui est terre et désert. En revanche, le fils préfère l’immersion dans l’univers aquatique. Une belle complémentarité qui donne à l’exposition actuelle une force d’âme permettant au visiteur d’accomplir un voyage très enrichissant, où les deux signatures, celle du père en arabe et celle du fils en français, révèlent bien des choses.r>Le maître Moa, dont le parcours n’est plus à présenter, fait partie de la génération des grands plasticiens du Maroc. Ses œuvres lui valent d’être respecté et valorisé partout où il présente ses tableaux, que ce soit au Maroc ou ailleurs. Mais il faut dire que c’est le fruit d’un travail de longue haleine, qui a commencé avec une étape académique à l’Institut des beaux-arts de Tétouan et s’est poursuivi par une période d’enseignement d’arts plastiques.r>Son ambition l’a mené jusqu’à Paris, et plus précisément à la Cité internationale des arts où il a perfectionné, pendant trois années, ses connaissances aux côtés du professeur Sylvestri. Depuis ce séjour, le peintre et sculpteur Moa n’a cessé d’expérimenter la matière et de pousser très profondément sa recherche à travers les multiples supports qu’il préfère, notamment la toile de jute, le bois et le cuir. Ses œuvres sont de plus en plus prisées par les publics avertis et les professionnels. Un parcours qui lui vaut beaucoup de respect et de considération.r>Le fils, Kim Bennani, hérite de la ferveur et du génie du père, même si son expérience l’a conduit à emprunter d’autres chemins et contrées, comme la France et l’Espagne, en plus du Maroc. En hyperréaliste affirmé, Kim a voulu se libérer de tout académisme, en expérimentant d’autres voies de la peinture. De jour en jour, il se confirme et fait honneur à son papa.
Questions à Kim Bennani
«J’aime cette divergence, tout en me rappelant mon vécu avec mon père»â
Que pouvez-vous nous dire sur cette exposition en compagnie r>de votre papa ?r>C’est, en fait, comme un anniversaire de notre première rencontre qui s’est déroulée il y a dix ans. C’est une réflexion et un dialogue entre nous deux. On se parle de ce qu’on a fait, chacun de son côté. Il y a des convergences et des divergences dans notre travail, des points communs et des points qui nous séparent.
Et cette différence dans les thématiques ?r>C’est un peu voulu. Moi, je travaille avec les éléments eau, air, feu… Pour cette collection, je me suis immergé dans un univers sous-marin. Mais lui, il est dans le désert complet. J’aime cette divergence, tout en me rappelant mon histoire, mon parcours aux côtés de mon père, celui qui m’a appris énormément de choses. Car je suis né dans son atelier. Donc, tout ce que j’ai appris avec lui fait partie de mon histoire. La vie fait qu’on se détache et qu’on part, qu’on cherche et qu’on évolue pour faire autre chose et construire notre propre univers.
Questions à Moa Bennani
«Je trouve qu’on se complète dans la vie et dans le travail»â
Aujourd’hui, vous exposez aux côtés r>de votre fils Kim, que pensez-vous de lui ?r>C’est un grand peintre qui a commencé très jeune. Il s’est confirmé et a un nom dans l’univers des arts plastiques. Notre rencontre ici est l’idée de la Galerie de la Banque Populaire qui fait des prestations thématiques : «Le père et le fils». Donc, il y a un dialogue, une confrontation, l’un à côté de l’autre. Grâce à la Banque Populaire, on a eu cette chance et cette possibilité d’être ensemble dans une grande exposition.
Y a-t-il une similitude entre ce que vous faites tous les deux ?r>Sa recherche est complètement différente de la mienne. Kim est dans une problématique artistique opposée à ce que je fais. Bien sûr, il y a eu l’influence avant, quand il était très jeune. r>Mais, maintenant, il est seul, indépendant. Il est beaucoup plus dans tout ce qui est eau. Moi, c’est le contraire, c’est le désert, la terre, le sable, la chaleur du Sud. Je trouve qu’on se complète dans la vie et dans le travail, on parle, on dialogue. r>Et en même temps, on se sépare, chacun va tout seul dans un monde différent. Lui est dans son univers de l’eau et des végétations aquatiques et moi dans la terre et sa chaleur.