21 Décembre 2020 À 19:33
Les différentes phases du vaccin ont été respectées malgré l’accélération du processus, les résultats à court terme sont encourageants pour les trois phases jusqu’à maintenant et aucun incident grave n’est survenu au cours des essais cliniques. Voici les constats phares mis en avant par les intervenants à la rencontre hybride qui s’inscrit dans le cadre du programme Vigi-Corona 3 initié par la Société marocaine d’anesthésie, d’analgésie et de réanimation (SMAAR) et la Société marocaine de médecine d’urgence (SMMU). r>S’exprimant à cette occasion, le président de la SMMU, Pr Lahcen Belyamani, a incité la population marocaine à se faire vacciner, étant donné que le vaccin chinois de Sinopharm, à l’instar des autres vaccins, a présenté une innocuité et une efficacité attestées jusqu’à nos jours, évoquant à cet égard la dernière étude effectuée par le laboratoire «Moderna Therapeutics» qui a démontré qu’à 119 jours il y a toujours des anticorps neutralisants. «La modélisation de la courbe de Moderna nous donne espoir que les anticorps neutralisants peuvent rester jusqu’à 3 à 5 ans, même si elle préconise qu’on doive vacciner les sujets à risque après une année», a-t-il fait savoir. M. Belyamani a dans ce sens appelé à la nécessité de dissiper les doutes et la peur autour de la vaccination auprès des citoyens afin de les encourager et qu’ils aient envie de se vacciner.
Quel rôle pour le vaccin ?r>Le secrétaire général du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM), Pr Najib Amghar, a pour sa part rappelé la place importante de la vaccination dans la stratégie de prise en charge de l’infection au Sars-Cov 2, affirmant qu’«il n’y a eu aucun progrès en matière de traitement spécifique de cette infection, puisque tous les efforts se sont soldés par des échecs». Néanmoins, la plupart des experts ont constaté des mécanismes physiopathologiques qui ont amélioré la prise en charge des patients, notamment en ce qui concerne les phénomènes de thrombose artérioveineuse par la prescription prophylactique des anticoagulants.r>Dans un exposé intitulé «Campagne de vaccination anti-Covid au Maroc : point de vue du CNOM», il a estimé que le seul espoir qui reste c’est celui de la vaccination pour freiner la propagation de cette maladie. Et d’observer que «la mise au point d’un vaccin constitue certes un processus très long et complexe qui dure des années, mais heureusement dans le cas de la Covid-19, ce processus a été déclenché très tôt depuis le début de la crise sanitaire, contrairement à ce qui s’est passé en 2003 avec le Sars-Cov et en 2012 au Moyen-Orient avec le Mers-Cov». Il a, par ailleurs, indiqué que le Conseil a entamé une campagne de sensibilisation dans toutes les régions du Royaume, expliquant la démarche du processus de vaccination des médecins du secteur libéral et leur personnel qui seront pris en charge par le CNOM, lequel mettra en place en concertation avec le ministère de la Santé et les Conseils régionaux des points de vaccination.r>Le Pr Azzedine Ibrahimi, directeur du laboratoire biotechnologie médicale à la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, a de son côté expliqué qu’un vaccin est une substance qui va induire une réaction immunitaire, sans développement de pathologie, notant que la plupart des vaccins sont développés avec une conception biotechnologique. Dans une communication intitulée «Conception biotechnologique des vaccins anti-Covid-19», il a indiqué que face à une pandémie, «il existe trois approches, à savoir le confinement et les gestes barrières, la recherche de médicament et le vaccin qui brise la chaîne de circulation du virus», notant qu’un vaccin idéal serait un vaccin immunogénique avec une bonne innocuité stable, et avec une seule dose idéalement et un prix raisonnable. Dr Ibrahimi a, par ailleurs, souligné qu’il existe plus de 230 vaccins qui sont en train d’être développés dans le monde, dont 61 sont arrivés aux essais cliniques et quelques-uns qui sont mis sur le marché, notamment le vaccin chinois de Sinopharm qui a été autorisé aux Émirats arabes unis.r>Sur la conception du vaccin, l’expert a précisé qu’au Maroc, le vaccin le plus rapide a été mis sur le marché au bout de quatre ans parce que les plateformes étaient prêtes. «Pour le cas du vaccin anti-Covid-19, il y a eu une accélération et une rapidité dans les processus, mais nous n’avons pas brûlé les étapes puisque la rigueur scientifique a été respectée», a-t-il dit. Il a aussi fait observer que beaucoup de temps est perdu en matière de levée de fonds lors du développement d’un vaccin.
Les scientifiques rassurentr>Dans sa communication intitulée «Résultats des phases de recherche des vaccins anti-Covid-19», le professeur Saïd Moutaouakkil a, pour sa part, estimé qu’à défaut d’avoir un médicament efficace contre la Covid-19, le vaccin reste le seul espoir pour vaincre la maladie. Il a ainsi souligné que la production d’un vaccin en moins d’un an ne veut en aucun dire «que les étapes ont été brûlées, mais on a juste profité des plateformes déjà mises en place et des expériences cumulées». Il a également précisé que l’ensemble des vaccins développés à l’aide de techniques de virus atténués ou inactivés, de protéines, ou de vaccins développés à partir de vecteurs viraux ADN ou ARL, disposent d’une réponse immunitaire humorale et cellulaire et ont moins d’effets secondaires. Dr Moutaouakkil a en outre fait savoir que cette année de crise a fait exploser le nombre de publications et de recherches essentiellement dans le domaine du coronavirus, étant donné que plus de 90.000 articles ont été produits en la matière.r>Sur le «Déroulement de l’essai clinique vaccinal anti-Covid-19 au Maroc», le professeur Redouane Abouqal, au CHU Ibn Sina à Rabat, a indiqué que les essais cliniques des phases I et II, auxquelles le Royaume a participé, ont fait l’objet d’une publication dans le «Journal of the American Medical Association» (JAMA). Et d’ajouter que le vaccin Sinopharm de Wuhan, utilisé aux Émirats arabes unis, a suivi les mêmes procédures scientifiques et de transparence (96 patients durant la phase I et 224 dans la phase II). Il a également expliqué que l’immunogénicité, c’est-à-dire l’apparition et l’augmentation des anticorps neutralisants, était présente dans 97 à 100% des patients durant ces deux phases et que la sécurité avec deux injections (J-0 et J-21) était tout à fait acceptable avec très peu d’effets indésirables et aucun effet secondaire grave n’était survenu. La troisième phase des essais cliniques du vaccin chinois inactivé se déroule actuellement aux Émirats arabes unis avec 31.000 patients et au Pérou avec 12.000, tandis que le Maroc a participé avec 600 volontaires. Parce qu’il s’agit d’une étude à part entière où on évalue en plus de l’efficacité clinique et la sécurité, l’efficacité sérologique, a souligné Pr Abouqal. Pour ce qui est des effets indésirables, ce vaccin pourrait entraîner une douleur qui disparaît dans quelques heures, une éruption cutanée, une fièvre, une diarrhée, une anorexie, une nausée, des céphalées ou une petite fatigue, a-t-il fait observer.r>Dr Meriem El Beghdadi, de la Direction du médicament et de la pharmacie au ministère de la Santé, s’est attardée notamment sur les modalités de commercialisation ou de distribution d’un médicament et les modalités d’obtention de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) des médicaments à usage humain. Elle a aussi mis en avant les critères d’octroi qui se résument à la qualité, l’innocuité et l’efficacité, ajoutant que le contrôle se fait par le Laboratoire national de contrôle des médicaments selon les standards internationaux relatifs à la qualité chimique, biologique ou microbiologique, la substance active et le produit fini.