31 Mars 2020 À 21:50
La pandémie du Covid-19, qui a fait plus de 40.000 morts à travers le monde, rappelle la nécessité de mettre en place un dispositif mondial de riposte aux crises en matière de santé globale, selon une récente publication du think tank marocain Policy Center for the New South (PCNS). «Cette crise remet au grand jour la nécessité de mettre en place un dispositif mondial de riposte collective, organisée et contraignante en matière de santé globale, pouvant intervenir dans les cas de crises sanitaires mondiales, particulièrement en faveur des pays fragiles ou en en proie à des conflits», souligne le PCNS dans un document d’orientation intitulé «Le Covid-19, une menace à la paix et la sécurité mondiale ?»r>De l’avis de Mohammed Loulichki, membre du think tank et auteur de l’article, «le nouveau coronavirus a laissé l’humanité désarmée et impuissante», en ce sens que les États y ont réagi «en rangs dispersés, sans aucune coordination», tandis que les organisations internationales se sont limitées à alerter les États et à les inciter à prendre les mesures nécessaires pour faire face à la pandémie. Cette attitude des différents gouvernements consistant à agir avec prudence, rigueur et efficacité a mis les autorités devant l’obligation de s’adapter et de trouver de multiples compromis pour faire face à la situation, écrit l’auteur, soulignant que la propension des gouvernements à ne pas trop alarmer la population et l’insouciance de celle-ci ou sa relativisation du danger de la contamination ont contribué à «retarder» la prise de conscience individuelle et collective. Sur le plan international, le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, l’Union européenne, l’Union africaine et le G-7 ont été parmi les organismes internationaux ayant accompagné l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans l’adoption de décisions spécifiques destinées à assister les pays dans leur «guerre» face à cette pandémie, fait observer le Policy Center for the New South. «Au niveau de l’Organisation des Nations unies (ONU), si le Secrétaire général a multiplié les déclarations depuis l’irruption du virus, le Conseil de sécurité s’est abstenu de toute prise de position, alors que ce même organe avait, dans le passé, déclaré le VIH-SIDA et Ebola menaces à la paix et à la sécurité internationales», constate le think tank.
Dans ce sillage, le PCNS juge que toutes les considérations évoquées pour Ebola et le VIH s’appliquent parfaitement au cas du Covid-19 qui dépasse les autres pandémies, par son amplitude planétaire et son impact déstabilisant sur les différents secteurs de l’activité humaine. «Ces conséquences seront, cependant, d’inégale importance, car si la grande majorité des pays peut gérer par ses propres moyens cette pandémie et, par la suite, en surmonter les conséquences, les pays africains en situation de crise ou de conflit risquent de voir cette nouvelle épidémie aggraver leur condition et compromettre davantage les perspectives de leur stabilité et de leur développement», précise la même source.r>Au-delà de ses conséquences financières, économiques et politiques, la crise actuelle a mis à l’épreuve la capacité des États à faire face à un ennemi invisible et sournois qui a mis à nu les défaillances et les limites insoupçonnées des systèmes sanitaires, même parmi les plus développés et les mieux outillés dans le monde, fait remarquer le PCNS, ajoutant, toutefois que la crise a aussi apporté la démonstration de l’interdépendance entre les États, du fait de la mondialisation et de la nécessité de réformer les mécanismes de cette dernière pour la rendre plus équitable. Et de conclure que «si l’on s’accorde à affirmer qu’il y aura un avant et un après-Covid 19, il est difficile de prédire le sens et la portée de la dynamique d’ajustement ou de changement au système de gouvernance mondiale qui se mettra en place progressivement après la disparition des séquelles de la pandémie».