Société

Les pharmaciens hospitaliers et d’officine partagent leur expérience

«Retour d’expérience des pharmaciens hospitaliers et d’officine concernant leur gestion de la pandémie Covid-19 depuis son apparition au Maroc». C’était le thème d’une rencontre virtuelle organisée dernièrement par la Faculté de pharmacie de l’Université Mohammed VI des sciences de la santé.

04 Juin 2020 À 18:26

Depuis le déclenchement de la crise du Covid-19, le personnel du  secteur de la santé s’est retrouvé au premier rang dans la lutte contre la pandémie. C’est justement le cas des pharmaciens qui se sont rapidement adaptés aux mesures préventives dictées par le gouvernement. Dans le but de dresser un bilan de leur activité durant ces trois derniers mois, la Faculté de pharmacie de l’Université Mohammed VI des sciences de la santé a organisé récemment un webinaire sur le thème  «Retour d’expérience des pharmaciens hospitaliers et d’officine concernant leur gestion de la pandémie Covid-19 depuis son apparition au Maroc». Ce séminaire virtuel a été l’occasion d’échanges d’expériences avec l’assistance et de réflexion autour des rôles pluriels des pharmaciens hospitaliers et d’officine, a souligné Pr Samir Ahid, doyen de la Faculté de pharmacie. «L’épidémie de pneumonie virale à Covid-19, déclarée en tant qu’état d’urgence sanitaire depuis le 19 mars dernier par les autorités marocaines, représente un enjeu de santé publique majeur. Le pharmacien hospitalier a été sollicité, en tant que partenaire incontournable de la santé, pour coordonner, participer et répondre au plan de veille et de riposte à l’infection par le Sars-CoV-2 afin de mitiger leurs conséquences humaines, environnementales et économiques», a indiqué Dr Youssef Hafidi, pharmacien hospitalier au CHU de Fès. Et d’ajouter que «la pharmacie hospitalière a été confrontée à plusieurs problématiques qui ont touché ses fonctions logistiques en matière d’approvisionnement d’urgence en médicaments et dispositifs médicaux et ses fonctions de pharmacie clinique en veillant au respect du bon usage des médicaments à travers le soutien pharmacothérapeutique».r>Les intervenants à ce webinaire ont souligné que face à cette pandémie de portée mondiale, plusieurs défis ont été relevés, parmi eux la mise à jour de l’état des commandes et de l’approvisionnement en moyens médicaux, en produits pharmaceutiques, en produits biologiques et en dispositifs médicaux avec priorisation des ressources d’intérêts sanitaire et stratégique, évaluer leur disponibilité, les besoins complémentaires et assurer leur approvisionnement, la capacité de mobilisation des équipes de la pharmacie hospitalière et veiller à la continuité de la prestation de soins pour les patients non-Covid-19.r>«La réponse de la pharmacie hospitalière face au Covid-19 s’est articulée en trois phases. La première correspond à la phase de préparation qui consiste en un inventaire ciblé des médicaments stratégiques avec actualisation de la nomenclature hospitalière, application de nouvelles procédures  d’achat, gestion logistique, distribution, approvisionnement, dispensation (DJIN) et l’assistance pharmaceutique spécifique aux protocoles en vigueurs, la veille à la sécurité de tout le personnel soignant de l’établissement contre la propagation et la transmission du virus à travers la mise en application des moyens de maîtrise de l’exposition (équipements de protection individuels, désinfection du milieu, distanciation physique, télétravail...). La deuxième réponse correspond à la phase de déclenchement qui est basée sur la capacité de mobilisation des ressources humaines, la valorisation de leurs compétences (formation et communication) ainsi que la gestion de la charge mentale tout au long de la crise», ont expliqué les participants. «Enfin, la troisième réponse correspond à la mise en pratique de tous les moyens depuis le système d’information hospitalier comme outils de documentation et de traçabilité tant sur le flux informationnel de stock que sur le dossier médical électronique du patient, le conseil des soignants sur les effets indésirables, la probabilité de survenue d’interaction médicamenteuse, ainsi que sur les précautions d’emploi des thérapeutiques conventionnelles et la mise à disposition des alternatives thérapeutiques par substitution pour pallier la non-disponibilité de certaines spécialités, jusqu’à la fabrication locale de la solution hydroalcoolique», ont-ils ajouté.r>Les intervenants ont également appelé les pharmaciens hospitaliers à rester vigilants, pendant la phase de déconfinement, aux moyens de l’équilibre de la sécurité sanitaire et la reprise de l’activité normale de soins, et la reconstitution des stocks de médicaments, des dispositifs médicaux et des matériels de protection à destination en priorité des soignants et des personnes exposées au virus SarsCoV-2. «Pour réussir ses missions, le pharmacien hospitalier doit opérer d’une manière intelligente et solidaire avec l’ensemble des partenaires, qu’ils soient hospitaliers ou extra-hospitaliers, dans l’ultime approche centrée sur le patient», ont-ils recommandé.r>Et concernant le rôle qu’ont joué les pharmaciens d’officine lors de l’épidémie, Dr Aïcha Zahi, pharmacienne d’officine et présidente de la Société marocaine de valorisation de l’acte officinal (SMVAO), a rappelé que ceux-ci en tant que professionnels de la santé ont continué à délivrer des produits médicamenteux et autres produits de santé, à conseiller et assurer le suivi thérapeutique des patients atteints de maladies chroniques ainsi la préparation magistrale et officinale. La pharmacienne a également souligné que durant cette pandémie, ces rôles ont été en partie transformés.r>«Cette situation exceptionnelle a poussé le pharmacien d’officine à s’adapter en vue de faire face à la pandémie en utilisant tous les moyens de bord à leur disposition, malheureusement en l’absence d’une conduite à tenir et d’un protocole face à cette pandémie. Il a ainsi assuré la logistique du travail, notamment la mise en place des équipements nécessaires à la sécurité de l’équipe officinale, à savoir l’utilisation de masques de protection et de solutions hydroalcooliques et les désinfectants du sol, ainsi que l’installation de barrières au niveau des comptoirs», a-t-elle expliqué. «Le pharmacien d’officine et son équipe se retrouvent en première ligne face au risque de l’épidémie et il était nécessaire de recevoir un flux important de patients souhaitant se renseigner sur la maladie ou récupérer leur traitement. Ces patients venant directement à la pharmacie, par peur d’aller aux structures de soins, vu la conjoncture actuelle», a-t-elle ajouté.r>Les participants ont ainsi relevé que parmi les principales adaptations que le pharmacien d’officine a opérées en cette pandémie, il y a la gestion de la pénurie de médicaments et le renouvellement des ordonnances des malades atteints de pathologies chroniques et notamment en psychiatrie, en vue d’éviter la destabilisation de leur état de santé.r>Et ce malgré l’absence d’ordonnances valides. Les pharmaciens ont également fourni un effort important dans l’information par rapport aux symptômes du Covid-19 et des diagnostics différentiels (grippe, rhume…) et l’accompagnement des patients en cette pandémie en les sensibilisant aux gestes barrières et au port de masques, ainsi que l’orientation des patients traités par la chloroquine et hydroxychloroquine pour les maladies auto-immunes vers la pharmacie de la délégation provinciale qui leur dispense gratuitement les traitements.r>En matière de stratégie de déconfinement,  les intervenants ont signalé qu’il est important d’établir une feuille de route claire et envisager un partenariat entre les pharmaciens d’officines et les pharmaciens hospitaliers pour élaborer un protocole qualité de déconfinement pour les pharmaciens en général, avec un focus sur la particularité des deux professions à la fois hospitalières et d’officine. r>De même, ils ont affirmé qu’il est important de tirer des leçons des problèmes rencontrés lors du confinement et d’essayer de trouver des solutions, notamment pour le renouvellement des ordonnances des patients atteints de pathologies chroniques et dans ce sens réfléchir à la création d’un dossier pharmaceutique ou médical partagé avec les médecins. 

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