04 Octobre 2020 À 19:38
Les résultats semestriels sont là pour renseigner sur l’ampleur des effets de la crise liée au Covid-19. Peu de secteurs ont échappé à cette déferlante, bien qu’elle ait été ressentie différemment selon l’activité et le niveau d’exposition aux risques. Ainsi, transports, tourisme, immobilier, banques, assurances ont fait les frais de cette crise et des secteurs ont même montré une certaine résilience en dépit de performances financières en deçà des espérances. A contrario, des activités comme la grande distribution, les télécoms et, bien sûr, le digital ont sorti leur épingle du jeu.
Immobilier, une rude épreuve pour un secteur encore convalescent
Dans l’immobilier, les locomotives du secteur ont subi de plein fouet les effets de la crise sanitaire au premier semestre 2020. Il en est ainsi du groupe Addoha qui a connu une nette baisse de son chiffre d’affaires (CA), passant de plus de 2 milliards au terme du premier semestre 2019 à seulement 438 millions à fin juin de cette année, correspondant à la vente définitive de 1.031 unités. Son résultat net consolidé s’établit à -104 millions de DH. De même, le groupe Alliances a vu son chiffre d’affaires consolidé chuter de 37% à 668 millions de DH et son résultat net part du groupe (RNPG) dégringoler de 90% à 9 millions. Une dure épreuve pour un secteur qui haletait déjà. L’évolution du cours en Bourse de ces deux géants de l’immobilier en dit long sur l’ampleur du choc.
Banques : Un coût du risque exacerbé
Pour sa part, le secteur bancaire affiche une baisse de rentabilité, sous l’effet des dons au Fonds spécial Covid-19 et du coût du risque.r>Le groupe Banque Centrale Populaire (BCP) a, certes, affiché un Produit Net Bancaire (PNB) consolidé en amélioration de 13,9% à 10 milliards de DH au cours du premier semestre de cette année. Toutefois, le Résultat Net consolidé se replie de 48% à 1,03 milliard de DH, alors que le Résultat Net Part du Groupe cède 38% en s’établissant 1,01 milliard. Le coût du risque consolidé se renforce «sensiblement» à 3 milliards de DH, intégrant notamment des provisions IFRS «Forward Looking» en anticipation des impacts de la pandémie sur les opérateurs économiques, souligne le groupe bancaire.r>Attijariwafa bank a, quant à elle, réalisé un PNB en croissance de 5,1% qui atteint 12,4 milliards de dirhams. Le rythme de croissance du PNB est impacté négativement par le ralentissement général de l’activité, résultant de la crise dans les différents pays de présence, et positivement par certains éléments non récurrents, plus particulièrement le bon comportement des activités de marché, suite à la baisse des taux obligataires au Maroc au deuxième trimestre.r>Le résultat net part du groupe ressort à 1,2 milliard, soit 57,5% de moins sur un an, impacté par la hausse significative du coût du risque, conjuguée à la contribution exceptionnelle au Fonds spécial Covid-19.r>Le coût du risque s’établit à 3 milliards de DH, en très forte hausse par rapport au premier semestre 2019 (+231%). Une évolution en lien avec la détérioration significative du risque de crédit engendrée par la crise du Covid-19 et le provisionnement anticipatif et prudent associé, explique le groupe.r>Idem pour Bank of Africa – BMCE Group qui affiche un PNB consolidé en légère progression de 1% à fin juin, atteignant 7 milliards de DH. Ici encore, le résultat net part du groupe accuse une chute de 68% à 373 millions de DH.r>Le groupe CIH Bank, qui affiche une croissance à deux chiffres de son PNB, soit 17,4% à 1,4 milliard de DH, subit une chute de 69,8% du RNPG à 45,7 millions de DH. Une baisse «sous l’effet de l’imputation intégrale des 150 millions de DH du don au Fonds Covid-19 et de l’impact du coût du risque. En Pro Forma, le RNPG s’établirait à 219,9 millions de DH, en hausse de 45,5%», indique le groupe.
Les assureurs face aux impayés et à la baisse des marchés financiers
Dans le secteur des assurances, la filiale du groupe Attijariwafa bank a annoncé une perte nette de 191 millions de DH au premier semestre 2020. Une situation liée aux provisionnements, à la contreperformance des marchés financiers et à la hausse des impayés. Sur le plan commercial, Wafa Assurance s’est montrée résiliente avec un chiffre d’affaires quasi inchangé sur un an à 4,697 milliards de DH (+39 millions comparé au premier semestre 2019). Et malgré des efforts de maitrise des coûts, le résultat net est fortement impacté, comparé aux gains de 431 millions de dirhams au premier semestre 2019. La compagnie assure continuer de disposer de fondamentaux solides pour faire face à ses engagements et pour financer et soutenir son développement, malgré les différents impacts défavorables de la crise sanitaire et économique.r>Chez Saham Assurance Maroc, le chiffre d’affaires s’est établi à 2,87 milliards de DH, en retrait de 6,6% par rapport à fin juin 2019. Une contreperformance imputée principalement à la baisse de l’activité vie. Elle a enregistré un résultat net de 187 millions de DH à fin juin 2020, contre 222 millions un an auparavant.
Tourisme et transports : Vivement un retour à la mobilité totale !
Parmi les premiers secteurs sinistrés, le tourisme a rudement subi la crise. Il continue d’afficher des retraits importants au niveau des recettes. Celles-ci ont cumulé une baisse de 71,7% au titre du 2e trimestre 2020, soit une perte de 11,8 milliards de dirhams. Et à fin août, elles avaient perdu 55,3% à 23,55 milliards de DH, selon l’Office des changes (lire aussi page 8). Risma, cotée à la Bourse de Casablanca, en a fait les frais en affichant une perte sèche de 69 millions de DH au premier semestre, au lieu d’un résultat bénéficiaire de 65 millions de DH à la même période l’année écoulée. Son chiffre d’affaires a dégringolé de 53% sur un an. S’agissant du transport, les résultats de la Compagnie de transport au Maroc (CTM) illustrent bien l’impact du Covid-19. En effet, le CA consolidé de la CTM a chuté de 41,8%, se situant à 174 millions de dirhams à fin juin dernier. Son résultat net consolidé est négatif de 45 millions de dirhams, après un bénéfice de 14 millions de dirhams au premier semestre 2019.
Télécoms, grande distribution et digital sortent du lot
Dans ce tableau mitigé, les télécoms mais aussi la grande distribution et le digital, pour ne citer que ces activités, ont tiré leur épingle du jeu, avec une évolution globalement favorable au premier semestre. Ainsi, le groupe Maroc Telecom affiche une hausse de son chiffre d’affaires consolidé de 2,7%, au terme du premier semestre 2020 à 18,3 milliards de dirhams. Le groupe a stabilisé son bénéfice à 3 milliards.r>Dans la grande distribution, des enseignes comme Marjane ou Label’Vie ont bien résisté aux effets de la crise. Label’Vie, par exemple, fait état d’un chiffre d’affaires consolidé, en augmentation de 15% à 5,38 milliards de DH. Ceci, grâce à une progression des ventes de 9% à périmètre comparable.r>Le groupe a ainsi réalisé des avancées sur ces principaux segments d’activité, notamment avec une appréciation de 16% des ventes des hypermarchés «Carrefour» et de 21% des supermarchés «Carrefour Market». Son réseau «Atacadao» enregistre une performance de 17% sur un an.r>Son résultat net consolidé se monte à 195 millions de DH, soit 16% de plus entre les deux périodes.
Reprise graduelle de l’activité
Selon une enquête du HCP sur l’impact du Covid-19 sur l’activité des entreprises, menée en juillet dernier, 84,6% des entreprises sondées, toutes catégories confondues, y compris les industries manufacturières, ont déclaré avoir repris leurs activités, avec 32,4% estimant avoir retrouvé leur rythme normal, 52,2% ayant repris de manière partielle et 15,4% d’entre elles toujours en arrêt. La reprise de l’activité en rythme normal concerne 40% des Grandes Entreprises, 35% des PME et 31% des TPE. Les deux tiers des entreprises exportatrices ont repris leurs activités, dont 18,6% normalement. Par branche, 45% des entreprises dans les industries chimiques et para-chimiques et 42% dans les industries du textile et du cuir ont pu reprendre leur activité d’une façon normale. Par ailleurs, 63% des entreprises industrielles estiment pouvoir retrouver leur rythme normal d’activité dans un délai maximal de 6 mois alors que 37% d’entre elles estiment retrouver ce rythme après au moins une année.r>Dans un environnement empreint d’incertitudes, la reprise normale de l’activité après le confinement demeure, toutefois, freinée, selon les résultats de la même enquête, par plusieurs facteurs, principalement la baisse de la demande locale comme en attestent les comptes nationaux du 2e trimestre, les difficultés financières et le recul de la demande extérieure (www.lematin.ma).