Économie

Renforcer l’industrie marocaine, la principale piste de relance économique

La reprise de l’activité économique se met en marche, mais à quelle vitesse ? Pour quels objectifs ? Et avec quelles contraintes ? Quelle place pour l’industrie dans le plan de relance ? L’Info en Face lance le débat avec Hakim Marrakchi, PDG de Maghreb Industrie et président de la commission Fiscalité de la CGEM, pour comprendre les enjeux et les défis à relever pour relancer l’économie.

29 Juin 2020 À 01:44

L’allègement des mesures de restrictions décrétées dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire instauré le 20 mars dernier a pour objectif de permettre de refaire tourner la roue de l’économie nationale qui a subi de plein fouet les effets de cette crise sanitaire.r>«La progressivité des mesures d’allègement des mesures de restriction doit être étudiée pour qu’elle soit adaptée à la situation sanitaire et aux exigences économiques qui sont cruelles. Notre pays enregistre un important taux de chômage avec une faible activité économique. Il nous faut un cap, une visibilité sur l’avenir, qui doit être communiquée de manière à rassurer les gens, la situation sanitaire est ce qu’elle est», souligne Hakim Marrakchi, PDG de Maghreb Industrie et président de la commission Fiscalité de la CGEM, invité de L’Info en Face avec Rachid Hallaouy pour débattre des enjeux et des défis à relever pour relancer l’économie.r>«Si on veut réindustrialiser le pays, il faut qu’il y ait des jeunes entrepreneurs qui décident d’investir dans l’industrie. Il faut qu’ils aient une probabilité de gains suffisante par rapport à la perception du risque qu’ils ont. Aujourd’hui, l’industrie est risquée et rapporte peu», martèle l’industriel. Selon lui, les différents acteurs doivent prendre l’initiative pour encourager la prise de risque dans le secteur. Pour ce faire, il est impératif que les entrepreneurs puissent débattre des mesures à mettre en place pour la relance économique.r>En l’absence d’un dispositif global pour soutenir l’industrie, les gens ne seront pas convaincus pour y investir, affirme Hakim Marrakchi. La demande sur le marché local reprend progressivement, mais la demande au niveau de l’export au niveau des pays occidentaux est faible. D’où la nécessité de mettre en place un dispositif qui va renforcer l’industrie marocaine.r>Ce dispositif repose notamment sur le coût de l’énergie, le coût du travail, ainsi que sur la structuration d’un écosystème et d’un marché intérieur fort. Il faut également une doctrine du commerce extérieur et une véritable politique de l’offre. «Aujourd’hui, je ne vois pas de politique de l’offre qui permettrait de relancer la production marocaine. C’est-à-dire, il y a une politique industrielle, mais il n’y pas de stratégie de l’offre claire. Le nombre d’entreprises qui exportent est anormalement bas», déplore l’entrepreneur. La priorité est donc de rétablir la compétitivité de l’offre marocaine pour lui permettre de faire face à la concurrence r>étrangère.

«Je ne pense pas que la solution pour la relance est uniquement fiscale, mais au niveau de l’offre il y a notamment un problème de fiscalité, de coûts des intrants. Il est anormal que les entreprises marocaines paient les droits de douanes alors que les concurrents qui viennent d’Egypte, de Turquie ou de Tunisie ne paient pas de droits de douanes d’entrée au Maroc. Il faut soulager les droits de douanes sur les intrants, mais également, le coût du travail et le coût de l’énergie qui demeurent élevés par rapport aux autres pays», a-t-il rappelé.r>L’enjeu étant de renforcer la compétitivité des entreprises marocaines pour pouvoir relever le défi de la ré-industrialisation. Pour Hakim Marrakchi, le dispositif économique qui va être décliné doit prendre en considération l’ensemble de ces paramètres afin de réussir la relance : «Ce qui a été annoncé ne permet pas d’anticiper suffisamment ce qui va se passer à l’échelle de tout le pays, mais si les choses se passent bien, en 2021, nous aurons une reprise et, en 2022, on reviendra à peu près au niveau de ce que nous connaissons. Je peux être plus optimiste et dire que les réformes qui vont s’opérer après cette crise nous permettront de faire mieux que ce qui existait avant». 

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