Économie

Ce que serait l’impact du changement climatique sur l’économie marocaine à l’horizon 2050

Le changement climatique impactera durement l’économie marocaine à l’avenir. C’est ce qui ressort d’un projet de modélisation réalisé par plusieurs institutions nationales et étrangères. La baisse de débits annuels des pluies serait de l’ordre de 50% à l’horizon 2050. Le blé et l’orge notamment pourraient connaître des diminutions de rendement de plus de 50% dans de nombreuses provinces.

Indépendamment des évolutions futures de la démographie et des différents usages sectoriels de l’eau au Maroc, il faut s’attendre à une diminution importante des ressources en eau de surface.

27 Décembre 2020 À 19:57

Le Maroc sera mis à rude épreuve sur le front de l’impact économique du changement climatique dans les années à venir. C’est ce qui ressort d’une note d’analyse intitulée «Le Maroc à l’épreuve du changement climatique : situation, impacts et politiques de réponse dans les secteurs de l’eau et de l’agriculture», issue d’un projet de modélisation couplant une approche hydro-agricole et une approche macroéconomique dans l’objectif d’analyser les impacts de différents scénarios climatiques sur l’économie marocaine à l’horizon 2050. Ce travail a été réalisé par l’Agence française de développement, la Direction des études et des prévisions financières, la Direction générale de la météorologie, la Direction de la recherche et de la planification de l’eau, la Fondation Initiative AAA, ainsi que l’Institut méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie marine et continentale. r>Cette note relève, d’abord, que, pour le Maroc, l’augmentation de température moyenne annuelle simulée par les modèles numériques du climat globaux à horizon 2050 varierait de +1,5°C environ à +2°C par rapport à la période 1986-2005. La note rappelle les conclusions des travaux de simulations effectués précédemment qui montrent que le Maroc est un futur «point chaud» en matière de stress hydrique avec une diminution des débits annuels qui pourrait dépasser 30% sur l’ensemble du pays. Or, la situation serait plus critique, d’après les auteurs de ce travail qui se sont basés sur la comparaison avec des simulations hydrologiques à haute résolution spatiale (5 km) réalisées pour le sud de l’Espagne et qui projettent des baisses de débits annuels de l’ordre de 50% à horizon 2050. Pour eux, vu les similitudes avec le nord du Maroc, la diminution des débits chez nous pourrait donc s’approcher des projections espagnoles. r>Ils estiment qu’indépendamment des évolutions futures de la démographie et des différents usages sectoriels de l’eau au Maroc, il faut s’attendre à une diminution importante des ressources en eau de surface à un horizon de quelques décennies. La recharge des eaux souterraines sera également affectée, notent-ils, estimant que «la réduction des ressources en eau aura très vraisemblablement un fort impact sur l’agriculture, que ce soit l’agriculture bour ou l’agriculture irriguée». r>Ils rappellent les travaux de simulation réalisés précédemment qui montrent que le blé et l’orge notamment pourraient connaître des diminutions de rendement de plus de 50% dans de nombreuses provinces (horizon 2050). r>Ils estiment que, si une bonne irrigation peut être maintenue, les rendements pourraient augmenter malgré le changement climatique. Ils précisent que la validité de cette hypothèse est multifactorielle et dépend à la fois de l’évolution de la demande sectorielle en eau et de l’éventuelle mobilisation de ressources non conventionnelles. Néanmoins, nuancent-ils, compte tenu de l’ampleur des projections de réduction des ressources en eau de surface, la possibilité technique et financière d’une pleine compensation par le développement de l’irrigation et l’amélioration de son efficacité reste encore à quantifier.r>Pour faire face à cette situation, les experts insistent sur l’adaptation de ses structures de production à ces changements. Les vulnérabilités du secteur agricole marocain au changement climatique se trouvent accentuées par la nature des structures de production agricole marquées par un assolement présentant une part importante des zones pluviales (à hauteur de 80% de la surface agricole utile-SAU) conjuguée à un poids consistant des céréales qui occupent près de 59% de la SAU totale (ces cultures occupent une part de 79% de la SAU en zones pluviales), soulignent-ils. 

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