13 Avril 2020 À 18:17
«Il faudra bien» travailler «un peu plus» pour sortir de la crise économique liée au Covid-19 : l’injonction du patron des patrons, adoubée par une membre du gouvernement, a suscité de vives critiques du côté des syndicats, à gauche et au-delà. Au seuil du long week-end pascal, une phrase dans les colonnes du «Figaro» du président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, n’est pas passée inaperçue. «Il faudra bien se poser tôt ou tard la question du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise économique et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire», estimait le responsable patronal. Mais les syndicats ne l’entendent pas de cette oreille, eux qui déplorent déjà les dérogations aux limites du temps de travail décidées par ordonnances dans le cadre du projet de loi d’urgence sanitaire, notamment le relèvement à 60 heures de la durée hebdomadaire maximale. Sans parler du chômage partiel, ou activité partielle, qui entraîne souvent une baisse de revenus de 16% pour les bénéficiaires, au nombre de 8 millions aujourd’hui, soit plus d’un salarié sur trois. «C’est totalement indécent. Aujourd’hui, les travailleurs, comme tout le monde, sont en train de payer le coût de cette crise. Ce n’est pas à eux de payer ensuite», s’est indigné dimanche sur France 2 le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, évoquant les «vieilles lunes qui reviennent: il faudra travailler plus, il faudra de la sueur et des larmes, etc.» Le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, a lui mis en avant que les salariés ne se complaisaient «pas dans la situation actuelle de confinement». Fustigé à gauche par le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, qui s’est ému du «cynisme» du Medef, l’appel au «travailler plus» l’a aussi été à droite par Xavier Bertrand (ex-LR), président du Conseil régional des Hauts-de-France. Un salarié qui n’est «pas responsable de tout ça», on lui «dit qu’à la sortie c’est (lui) qui (va) payer la facture ? Mais qu’est-ce qu’on veut, on veut rendre fous les Français ?», s’est emporté l’ancien ministre du Travail de Nicolas Sarkozy.