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Les vaccins, chasse gardée des pays riches

Les futurs vaccins pour lutter contre le nouveau virus du coronavirus sont plus que jamais un argument de campagne en vue de la présidentielle aux États-Unis, alors que l’ONG Oxfam accuse dans un rapport les pays riches d’avoir réservé plus de la moitié des doses à venir au détriment du reste du monde.

17 Septembre 2020 À 17:52

Le Président américain, Donald Trump, a assuré que la première économie mondiale disposerait d’un vaccin dès octobre, qui sera largement distribué à la population. Des déclarations qui vont cependant à l’encontre des avis exprimés par des experts sanitaires. Interrogé au Congrès, le directeur des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), Robert Redfield, a estimé que la majorité des Américains ne pourraient pas bénéficier d’un vaccin avant «le deuxième ou troisième trimestre de 2021», même si celui-ci était autorisé dans les prochaines semaines. Une «erreur» selon M. Trump qui y voit une «information incorrecte».r>Dans le sillage des États-Unis, qui a signé plusieurs contrats avec des laboratoires afin de se garantir la livraison des premières doses disponibles, plusieurs pays riches, parmi lesquels le Royaume-Uni, l’Union européenne et le Japon, ont suivi la même voie, selon un rapport de l’ONG Oxfam. Ces pays représentant 13% de la population mondiale ont pré-acheté la moitié des futures doses de vaccins contre le Covid-19, calcule l’organisation.r>La logique de ces pays est de s’approvisionner par précaution auprès de multiples fabricants concurrents, dans l’espoir qu’au moins l’un de leurs vaccins se révèle efficace. Mais le rapport souligne avec urgence la difficulté qu’aura une partie de la population mondiale à trouver des vaccins dans la période initiale, alors qu’un dispositif de mutualisation internationale appelé Covax, soutenu par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), est boycotté par Washington et manque de financements. Selon Oxfam, des contrats ont déjà été signés auprès de cinq de ces fabricants en phase 3 d’essais cliniques pour 5,3 milliards de doses, dont 51% pour des pays développés. Le reste a été promis à des pays en développement dont l’Inde (où se trouve le fabricant géant Serum Institute of India), le Bangladesh, la Chine, le Brésil, l’Indonésie et le Mexique, selon Oxfam.r>Un «nationalisme vaccinal» dénoncé par de multiples responsables de santé publique, et par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen dans un discours mercredi matin devant le Parlement européen. Un coût également politique, notamment en Europe, où une enquête réalisée durant l’été mais publiée jeudi soulignait une détérioration de la confiance des Italiens à l’égard de l’Union européenne, 44% d’entre eux affirmant que leur confiance dans l’Europe a baissé avec la crise, notamment du fait du manque de solidarité au sein de l’Union. 

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