29 Juin 2021 À 19:39
STEP d’Ifrane
Une station d’épuration des plus performantes
La Station d’épuration des eaux usées (STEP) de la ville d’Ifrane est de type boues activées d’une capacité de traitement de 41.272 m³ équivalents habitants pour un débit de 8.892 m³/j à l’horizon 2025.r>Elle est dotée d’un traitement tertiaire par ultra-violet, dans la perspective d’une éventuelle réutilisation pour l’irrigation des terrains agricoles avoisinant la Station.r>Aussi, il y a lieu de noter que le projet d’assainissement liquide de la ville d’Ifrane, financé dans le cadre du Programme national d’assainissement liquide (PNA) avec une enveloppe budgétaire globale de 102 millions de DH, est réalisé en partenariat avec la collectivité territoriale d’Ifrane et cofinancé par les bailleurs de fonds européens (KFW-BEI-UE).r>Selon ses concepteurs, la réalisation de cette STEP vise, entre autres, la couverture de toutes les zones en réseau d’assainissement (Réseau de la Zaouïa de Sidi Abdeslam exclu), la réhabilitation du réseau des eaux usées de capacité insuffisante ou en mauvais état, l’élimination et l’interception des rejets existants et le transfert des eaux usées vers la station d’épuration, ainsi que la protection des ressources en eau, l’amélioration des conditions sanitaires, la participation au développement socio-économique de la région et l’amélioration de l’aspect de la ville.r>Elle s’inscrit dans le cadre du PNA qui concerne 260 communes urbaines avec une enveloppe budgétaire approximative de 43 milliards de DH, et qui a pour objectif le rattrapage progressif du retard dans le domaine de l’assainissement liquide. Et ce par le rabattement de la pollution générée par les eaux usées à moins de 60% et le développement du taux de raccordement au réseau d’assainissement pour atteindre 80%.
Hamid Lkhyate, chef de l’Agence de service de Meknès-El Hajeb-Ifrane (ONEE)
«La qualité des eaux épurées rejetées au niveau de l’Oued Tizguite est conforme aux normes en vigueur»
Pour en savoir plus sur la réalité des eaux conventionnelles «polluées» selon les uns et «épurées» selon d’autres et qui sont rejetées dans le cours d’eau d’Oued Tizguite, Hamid Lkhyate, chef de l’Agence de service de Meknès-El Hajeb-Ifrane relevant de l’Office national de l’eau et de l’électricité (ONEE), gestionnaire de la Station d’épuration des eaux usées (STEP) d’Ifrane, affirme leur conformité avec l’arrêté conjoint n° 1607 du Joumada II 1427 (25 juillet 2006).
Le Matin : Qu’en est-il de la qualité des eaux traitées par la STEP d’Ifrane et rejetées dans le cours d’eau de l’Oued Tizguite ?r>Hamid Lkhyate : La Station d’épuration de la ville d’Ifrane est considérée parmi les stations les plus performantes à l’échelle du Maroc, avec une qualité de rejet des eaux traitées très satisfaisante. Elle répond largement aux valeurs limites spécifiques des rejets domestiques fixées par l’arrêté conjoint des ministères de l’Intérieur, de l’Aménagement du territoire, de l’Eau et de l’environnement, de l’Industrie, du commerce et de la mise à niveau de l’environnement. Cependant, nous vous confirmons que la qualité des eaux épurées et rejetées au niveau d’Oued Tizguite est très conforme à l’arrêté en question.
Leur réutilisation est-elle possible pour l’irrigation agricole et pour l’abreuvement du cheptel de la région ?r>La réutilisation des eaux usées épurées issues de la Station dans l’irrigation et l’arrosage est prévue dans le cadre d’une étude en cours menée par les services de l’Agence du Bassin hydraulique du Sebou (ABHS).r>Quelle est l’origine de ces résidus et boues grisâtres polluant d’une façon flagrante le cours d’eau de l’Oued alors ?r>Tout rejet issu de la station est soumis au contrôle de l’ABH Sebou, qui gère d’une manière intégrée les ressources en eau tels que les cours d’eau et qui contrôle leur utilisation ainsi que leur préservation.
Pour quelles raisons la localité de Zaouïa de Sidi Abdeslam en amont de la STEP n’est-elle pas raccordée à cette dernière, dont l’objectif est de lutter contre la pollution des eaux de l’Oued Tizguite par les eaux usées d’Ifrane et de la Zaouïa en question ?r>En ce qui concerne la gestion du service d’assainissement liquide au centre rural de la Zaouïa de Sidi Abdeslam, nous vous informons que l’office n’intervient pas au niveau dudit centre. (Ndlr : la canalisation des eaux usées de la ville d’Ifrane passe au milieu dudit centre rural de la Zaouïa en question pour arriver à la STEP d’Ifrane en aval du village).
Eaux usées
Une stratégie nationale pour la réutilisation de 325 millions de m³ à l’horizon 2030
La réutilisation des eaux usées épurées se présente de nos jours comme étant une solution alternative pour limiter la pénurie d’eau et assurer la préservation et la valorisation de la ressource naturelle. Elle vise également la contribution à la gestion intégrée des ressources en eau du pays.r>Dans ce cadre, il y a lieu de souligner que le Maroc fait face à une demande croissante en eau, à la limitation des ressources naturelles et à leur raréfaction sous l’effet du changement climatique. Le potentiel considérable des eaux usées brutes peut constituer une autre alternative pour des usages variés, comme l’irrigation, l’arrosage et les activités industrielles.r>Dans cette optique, le Royaume du Maroc s’est fixé comme objectif ambitieux la réutilisation de quelque 325 millions de mètres cubes (m³) à l’horizon 2030, avec 59 millions dans le bassin du Sebou dont 34 millions iront pour l’irrigation, 15 millions de mètres cubes serviront à l’arrosage des espaces verts et des golfs, et 10 millions de mètres cubes pour la recharge de la nappe phréatique.r>Dans cette même optique, la nouvelle loi 36-15 sur l’eau a renforcé le cadre juridique relatif à la valorisation des eaux usées (Chapitre V, section première, Articles 64-71). Les gestionnaires ou les propriétaires de stations d’épuration des eaux usées et des dispositifs d’assainissement autonome agréés, qui procèdent à la réutilisation des eaux usées, peuvent bénéficier d’aides financières de l’Agence du bassin hydraulique dans les conditions fixées par voie réglementaire.
Résorber le retard
Mutualisation des programmes nationaux d’assainissement liquide
Faisant suite aux Hautes Orientations Royales de juin 2001, et aux recommandations de la Commission interministérielle de l’eau qui en ont découlé en avril 2002, le ministère de l’Intérieur et le département de l’Environnement se sont fixé pour objectif d’établir un Programme national d’assainissement liquide et d’épuration des eaux usées (PNA). Ce dernier vise, de manière générale, à résorber le retard enregistré dans ce secteur et à restaurer la qualité des cours d’eau, des zones de baignade et des milieux naturels.r>Ce programme, lancé en 2006 selon le département ministériel chargé de l’Environnement, s’est fixé d’atteindre, à l’horizon 2020, un taux de raccordement global au réseau d’assainissement de plus de 80% en milieu urbain, et de rabattre la pollution de 60% au moins. Le PNA a concerné initialement 260 villes et centres urbains, pour une population estimée à 10 millions d’habitants.r>Le montant global des investissements s’élevait à 43 milliards de DH. Le scénario initial, retenu pour financer cet important programme, était de 70% par les opérateurs, et de 30% par des subventions de l’État, des contributions des collectivités locales et des Agences des bassins.r>Ce programme a fait l’objet d’une revue stratégique en 2008 qui a recommandé, entre autres, de revoir le scénario du financement comme suit :r>• Pour les projets avec l’ONEE : 50% à la charge du PNA et 50% à la charge de l’ONEE.r>• Pour les projets avec les Régies : la subvention peut aller jusqu’à 50% pour une population inférieure ou égale à 50.000 habitants, et reste inférieure ou égale à 40% pour une population supérieure à 50.000 habitants.r>Selon le département de tutelle, un Fonds d’assainissement liquide et d’épuration des eaux usées (FALEEU) a été créé par la loi de finances 2007, pour recevoir les versements des subventions de l’État. Aussi, nous a assuré un responsable au niveau de ce département ministériel, la mise en œuvre du PNA a dû faire face à plusieurs contraintes réglementaires, institutionnelles et organisationnelles, financières et techniques, notamment pour la gestion des eaux usées industrielles, des eaux pluviales externes et des boues, les normes de la réutilisation et les difficultés financières des opérateurs. Par ailleurs, il faut signaler qu’il existe d’autres programmes nationaux, en relation avec le secteur de l’assainissement liquide.r>Il s’agit du Programme national d’assainissement liquide en milieu rural (PNAR), pour promouvoir l’assainissement en milieu rural et qui est préparé par le ministère de l’Intérieur, le Plan national de réutilisation des eaux usées épurées, préparé par le secrétariat d’État chargé de l’Eau, pour faire face à l’utilisation des eaux conventionnelles à diverses utilisations, ainsi que le Plan national de réutilisation des eaux usées épurées en irrigation, préparé par le département de l’Agriculture.
Commune de Tizguite
Quid de la réutilisation des eaux épurées dans le secteur agricole ?
Beaucoup de questions se posent quant à la possibilité de réutilisation des eaux usées traitées dans le secteur agricole au niveau des communes de Tizguite et de Tigrigra. Samira El Haouat, directrice de l’Agence du bassin hydraulique de Sebou (ABHS), donne une réponse claire et sans détours : «L’ONEE est le responsable de la qualité des rejets qui doivent respecter les normes de rejet en permanence».r>«L’ABH Sebou vient de réaliser une étude pour la réutilisation de ces eaux usées traitées. Une convention de partenariat précisant les engagements de tous les intervenants a été préparée et n’est pas encore signée : l’ONEE doit rejeter des eaux usées de bonne qualité, l’ABHS fera le contrôle périodiquement et le ministère de la Santé suivra la situation sanitaire des usagers de l’eau. Ce protocole n’est pas encore déclenché, en attendant la signature de la convention», a-t-elle indiqué.r>Contacté par «Le Matin» pour en savoir plus concernant la réutilisation des eaux épurées dans l’irrigation au niveau de la commune de Tizguite et celle de Tigrigra, la sensibilisation des agriculteurs à cet effet, les analyses de ces eaux traitées destinées à l’irrigation et sur les cultures à irriguer par ces eaux, Abdelkader Machhouri, directeur provincial du ministère de l’Agriculture à Azrou, nous a répondu ce qui suit : «Vous m’avez posé beaucoup de questions sur un projet qui n’est pas encore achevé. Je ne peux pas me prononcer à ce sujet, car je ne suis pas son maître d’ouvrage et il est très prématuré de révéler quoi ce soit».r>Formulons le vœu que le protocole cité précédemment par Samira El Houat soit déclenché dans le cadre de cette convention, dont la signature est tant attendue par les agriculteurs et les éleveurs de la collectivité territoriale rurale de Tizguite.
Optimisation et rationalisation
Afin d’optimiser et de rationaliser les efforts des différents départements, dans un cadre de coopération interministérielle dans le secteur de l’eau, et promouvoir le secteur de l’assainissement liquide en tenant compte de toutes les composantes (collecte, traitement et réutilisation), le ministère de l’Intérieur, le ministère de l’Économie et des finances, le secrétariat d’État chargé du Développement durable et le secrétariat d’État chargé de l’Eau ont convenu de mutualiser les différents programmes (PNA, PNAR et PNREU), afin d’établir un programme consolidé et intégré, en tenant compte de l’assainissement urbain, l’assainissement rural et la réutilisation des eaux usées.
Azrou
STEP de Kaaouna : Actes de sabotage et utilisation des eaux usées dans l’irrigation
Située sur le versant ouest du Moyen Atlas à une altitude d’environ 1.250 m, la ville d’Azrou est la plus importante agglomération de la province d’Ifrane. Elle est bordée de montagnes plantées de chênes verts et de cèdres. Elle s’étend sur une superficie d’environ 785 ha et est limitée au Nord par la ville d’Ifrane et encerclée par les deux communes rurales de Bensmim et de Tigrigra.r>Jusqu’à une date récente, on a enregistré au niveau de la ville d’Azrou des quantités de plus en plus importantes d’eaux usées qui sont rejetées dans le milieu naturel sans aucun traitement préalable, évacuées juste à côté des quartiers Hay Arz, Boumeloul et à proximité de l’école primaire Ibn Khaldoune. Aussi, un autre rejet, situé à l’intérieur de la ville, passe au milieu des quartiers de Aïn Tit H’sain et de Aïn Aghbal, où les eaux douces des sources ont été mélangées avec les eaux usées rejetées.r>Ces eaux véhiculent des polluants en solution ou en suspension de nature chimique (molécules organiques, métaux lourds, sels nutritifs, etc.) ou microbiologique (bactéries, parasites) qui dépassant certains seuils, conduisent à un déséquilibre du fonctionnement naturel des écosystèmes aquatiques.r>Ces quantités importantes de polluants, concentrées et rejetées dans le milieu rural sans aucun traitement, sont à l’origine de la relative pollution des cours d’eau en aval de la ville. La réutilisation des eaux usées urbaines pour les besoins de l’irrigation peut engendrer des problèmes sanitaires au sein de la population, car ces eaux doivent subir, au préalable, une épuration avant d’être rejetées dans le milieu récepteur ou réutilisées dans l’irrigation.r>Pour faire face à cette situation, l’Office national de l’eau potable, le ministère de l’Intérieur, le ministère chargé de l’eau et de l’environnement et la commune de Tigrigra ont procédé au financement du projet de création d’une Station de traitement des eaux usées (STEP) dans la commune de Tigrigra à Azrou, touchant une population de 63.000 personnes pour une enveloppe budgétaire de 65 millions de DH financée par les différents partenaires. Le volume global de traitement de cette station devra s’élever à quelque 46.000 m3, à travers plusieurs étapes, dont l’élimination des sables et des graisses et le traitement des boues et résidus biologique.r>Malheureusement, cette Station d’épuration, implantée à Kaaounana, nouvellement mise en service et, particulièrement, les canalisations en amont de la STEP, sont sujettes à plusieurs actes de vandalisme et de sabotage de la part de quelques agriculteurs malveillants et inconscients. Le but est de détourner les eaux usées conduites vers la STEP par ces canalisations vers les champs de la vallée de Tigrigra pour les besoins d’irrigation agricole.r>Un acte de vandalisme a été enregistré le 9 juin dernier, commis par un agriculteur de la vallée de Tigrigra qui procédait au pompage des eaux usées destinées à la STEP de Kaaounana pour irriguer sa ferme, chose qui a eu pour conséquence de polluer l’Oued Tigrigra par ces eaux usées.r>Cet acte de sabotage a mobilisé une commission provinciale mise en place par le gouverneur d’Ifrane, Abdelhamid El Mazid. Ainsi, il a été procédé à la saisie de la motopompe arrêtant ainsi l’exploitation illicite de ces eaux usées.
Dossier réalisé par Mohammed Drihem