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«Mon héritage africain est le plus beau cadeau que mon père m’a fait»

Fraîchement retraité après une carrière de 13 ans en NBA, Joakim Noah s’est associé à la NBA et à d’autres légendes de la Ligue nord-américaine pour créer NBA Africa. Fier de son héritage africain, le fils de Yannick Noah s’est livré dans cet entretien exclusif avec «Le Matin» sur sa motivation et son désir de faire partie d’un projet qui vise à améliorer les conditions de la jeunesse africaine à travers le basketball.

Joakim Noah.

30 Mai 2021 À 19:01

Le Matin : Que ressentez-vous, en étant investisseur dans la NBA Africa et la BAL ?r>Joakim Noah : Je suis très heureux et très fier de faire un investissement dans cette Ligue. En tant qu’ancien joueur, je ne pourrais pas être plus fier de pouvoir faire partie de cet énorme projet, avec tellement d’espoir pour la jeunesse. Quand je faisais des camps (d’entrainement) dans mon pays, j’étais tout seul et c’était très compliqué, même pour essayer de faire quoi que ce soit sur le continent. Avoir une équipe comme ça, avec un gars comme Amadou Gallo Fall, que je respecte beaucoup, pour nous aider à créer de vraies possibilités pour la prochaine génération et même pour maintenant, je ne pourrais pas être plus fier (de les rejoindre).

Vous avez vu toutes les équipes participantes ici. Comment les avez-vous trouvées ?r>J’ai trouvé ça superbe. Le continent est vraiment divers et la compétition nous réunit toujours ensemble. Avec toutes les difficultés, surtout en cette période de Covid et tout, pouvoir mettre en place un plan pour être unis, pour moi, c’est super. Quand j’étais en compétition, je voyais les choses différemment. Gagner ou perdre des matchs. Maintenant, je comprends que c’est quelque chose de beaucoup plus grand que le basketball. C’est pouvoir avoir un vrai impact dans tous les domaines.

Vous êtes une grande star de la NBA. Vous auriez littéralement pu être n’importe où dans le monde, mais vous avez choisi de revenir en Afrique pour aider. Qu’est-ce qui vous motive personnellement ?r>Ce qui me motive, c’est mon héritage. Le plus beau cadeau que mon père m’a fait, c’est mon héritage africain. Je suis très fier de mon héritage. Je pense à mon grand-père qui vient juste de mourir et qui était chef de village et un joueur de football. C’est mon héritage, c’est mon nom. Donc, je sais qui je suis et ce que je ressens vraiment, c’est que le succès en Afrique, on le voit dans ce qu’on peut faire pour les autres dans sa communauté. Ce n’est pas dire «J’ai une maison qui ressemble à ça» ou «regardez ma voiture»… C’est pouvoir avoir un impact sur la vie des gens. C’est une très belle opportunité de pouvoir faire quelque chose de bien organisé. La NBA Africa va nous donner une chance de nous organiser, en tant qu’anciens joueurs et donner une structure pour pouvoir faire des choses bien plus grandes que le basket.r>C’est un appel que vous lancez aux autres joueurs africains en NBA ?r>Je pense que tout le monde est bien inspiré. Ça a aussi créé un pont avec toute la diaspora africaine. Le basketball est quelque chose qu’on a tous en commun. Je pense que c’est très important de pouvoir unir toutes les cultures qui ont été divisées, apprendre, passer du temps ensemble et voir quand on est dans un pays comme le Rwanda, avec toutes les souvenirs qu’on avait avec ce qui s’est passé il y a 30 ans, voir la structure, la culture et la discipline, c’est vraiment quelque chose d’inspirant. J’ai même du mal à dormir tellement je suis excité à l’idée de faire partie de ce projet.

Vous êtes fortement lié au Cameroun. Avez-vous des projets là bas ?r>Oui, bien sûr. Mon héritage est très fort. On vit même sur le terrain de mon arrière grand-père. Mon père a donné des cours de tennis, j’ai fait des cours de basket. On a une petite communauté, mais désormais, on aura une structure qui nous permettra de donner plus. Je suis déjà fier de ce qu’on a fait, de ce que mon père a fait et de mes ancêtres. C’est à nous de chercher à faire des choses bien.

Vous êtes là avec Dikembe Mutombo, Luol Deng et bien d’autres. Quel message avez-vous pour les jeunes Africains ?r>Le travail ! Jamais dans ma vie, je ne croyais que j’allais être parmi les propriétaires de NBA Africa. En étant jeune, il faut toujours se demander avant de se coucher «est-ce que je me suis amélioré ?» Dans tous les domaines : en tant que joueur, dans les études… Le basket donne une discipline et cette discipline est importante dans la vie des enfants. Et pas que pour le basketball. Ça leur donne surtout une structure. 

Entretien réalisé par Amine El Amri, Kigali

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