10 Octobre 2021 À 20:05
Le discours adressé par S.M. Le Roi Mohammed VI au Parlement, à l’occasion de l’ouverture de la première session de la première année législative de la 11e législature revêt une grande importance, d’autant qu’il a abordé des volets hautement stratégiques aussi bien pour le législatif que pour l’exécutif, a affirmé l’analyste politique et vice-doyen en science politique et relations internationales à la Faculté de gouvernance et des sciences économiques et sociales à l’Université Mohammed VI Polytechnique, Khalid Chegraoui. r>Dans une déclaration accordée au «Matin», cet expert est revenu sur la question de la «souveraineté», une notion qui revient en force dans le contexte de la crise pandémique, comme l’a souligné S.M. le Roi dans Son Discours. Dans ce sens, M. Chegraoui a rappelé comment la propagation de la pandémie de la Covid-19 a remis sur le devant de la scène cette question sur le plan international. «On a constaté comment la question du multilatéralisme a été battue en brèche et comment les pays ont privilégié les relations bilatérales». Qu’elle soit sanitaire, énergétique, industrielle, alimentaire ou autre, la préservation de cette souveraineté est devenue l’enjeu d’une véritable compétition qui suscite des réactions fébriles chez certains, comme l’a si bien relevé S.M. le Roi dans son Discours.
Dans ce contexte hautement compétitif, voire hostile et égoïste, le Maroc s’est distingué par une gestion presque exemplaire de la pandémie en assurant un approvisionnement normal des marchés économiques et sanitaires, estime M. Chegraoui. «L’État a assuré, malgré les coûts exorbitants d’une telle opération», a-t-il relevé. Mettant en avant les différentes leçons à tirer du Discours de S.M. le Roi, M. Chegraoui a affirmé que la tendance souverainiste, qui prend de l’ampleur à l’international, est à prendre en considération par le gouvernement. «Si l’approche libérale de l’économie doit être préservée, il faut aussi préparer l’intervention de l’État en cas de crise», souligne l’universitaire. D’où l’importance de la création d’un dispositif national intégré ayant pour objet la réserve stratégique de produits de première nécessité, comme mentionné par le Souverain dans Son Discours. r>Pour M. Chegraoui, la question de la souveraineté va également de pair avec celle de l’unité nationale. Dans ce contexte fortement marqué par le retour du souverainisme, M. Chegraoui a insisté sur le fait que cette question est d’une importance capitale. «Elle a connu des avancées extraordinaires ces dernières années avec la reconnaissance par plusieurs États de la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud et l’ouverture de plusieurs consulats», a-t-il rappelé en affirmant que les ennemis de l’intégrité territoriale du Maroc commencent enfin à comprendre que la reconnaissance américaine est la démarche d’un État et non d’un seul homme.
Le Discours a accordé par ailleurs une place importante à la mise en œuvre du nouveau modèle de développement, qui figure en tête des priorités du gouvernement. Le Souverain a rappelé qu’il ne s’agit pas d’un plan de mesures figé au sens conventionnel du terme. Selon M. Chegraoui, il s’agit plutôt d’une feuille de route à développer. Tous les acteurs politiques sont donc appelés à jouer pleinement leurs rôles, tout en tenant compte de la complexité du monde actuel. Les trois mots d’ordre sont la souveraineté, l’unité nationale et le rôle régalien et social de l’État, souligne l’universitaire. r>Pour l’analyste, la situation internationale ne facilitera pas la tâche au gouvernement, mais le travail doit se poursuivre dans tous les cas. Il rappelle par ailleurs comment le Maroc a changé sur le plan international avec un discours ferme et un positionnement intelligent. «Le Royaume va continuer sur sa lancée africaine, sur ses relations équilibrées au niveau de la Méditerranée et signe un retour en force au Moyen-Orient tout en gardant des relations équilibrées sur le plan international», conclut M. Chegraoui.