27 Août 2021 À 21:41
Malgré les bonnes intentions affichées par le Royaume de maintenir le Gazoduc Maghreb-Europe, qui relie l’Algérie à l’Espagne en passant par le Maroc, dont le contrat expire fin octobre prochain, et réitérées au cours de la semaine dernière par la directrice générale de l’Office national marocain des hydrocarbures et des mines, Amina Benkhadra, Alger semble décidée à ne pas reconduire le contrat du Gazoduc Maghreb-Europe. Un nouvel épisode dans ce feuilleton d’escalade amorcé par le voisin algérien depuis plusieurs mois et «couronné» par la rupture des relations diplomatiques annoncée par l’Algérie mardi dernier. Une décision qui est loin d’impacter l’économie nationale, selon le rapport d’activité de 2020 de l’Administration des Douanes et des impôts indirects. La redevance gazoduc ne représente en effet qu’une contribution infime de 1% dans les recettes douanières au cours de cette année, sachant que cette recette a continué à baisser avec une régression de 55%, soit moins de 454 millions de DH en 2020.
Pour l’expert en développement et en planification et ancien directeur en charge du développement et de la planification à l’ONEE, Taoufik Laabi, l’intention affichée clairement par le voisin de l’est de ne pas renouveler un contrat qui dure depuis plus de 25 ans est une décision frivole et irrationnelle qui desservira plus les intérêts algériens et européens que ceux marocains. r>En effet, l’Algérie acheminait son gaz vers l’Espagne et ensuite l’Europe à travers deux gazoducs, à savoir le gazoduc Maghreb-Europe qui passe par le Maroc et qui possède une capacité de transport de 13,5 milliards de m³ ainsi que le gazoduc Medgaz qui passe directement par l’Algérie à destination de l’Espagne et qui est d’une capacité de 8 milliards de m³ seulement. Ainsi, avec la rupture de ce contrat, l’Algérie aura du mal à honorer ses engagements envers l’Espagne qui représentent pas moins de 20 milliards de m³ et perdrait un moyen de transfert du gaz à moindre coût et dans des conditions de sécurité optimale. r>En revanche, le Royaume n’aura rien à perdre avec la rupture de ce contrat, puisque la décision algérienne n’impactera que très peu la production électrique car le Royaume a déjà développé suffisamment de moyens de production d’énergie, que ce soit à charbon, solaire ou éolienne. «Le Royaume a pu anticiper le manque qu’il pourrait y avoir en termes d’énergie en mettant en place des centrales thermiques à charbon, notamment à Jorf Lasfar et Safi. Actuellement, il existe même une possibilité d’échange d’électricité avec l’Espagne. À cela s’ajoutent les centrales solaires et éoliennes. Donc il n’y a pas lieu de parler de déficit en termes de production d’énergie. Au contraire, le Maroc se trouve en situation très confortable», indique M. Laabi. L’autre élément important à souligner est que le Gazoduc n’alimente que deux centrales électriques à cycle combiné, à savoir la centrale d’Aïn-Béni-Mathar et celle de Tahder, lesquelles ne participent qu’à 17% de la production nationale. «L’impact de la décision algérienne de ne pas reconduire le contrat du Gazoduc Maghreb-Europe est quasi inexistant pour le Maroc. Mais sur le moyen et long terme, le Royaume sera appelé à trouver d’autres alternatives», note pour sa part M. Tayeb Amgroud, consultant et expert en planification énergétique. r>Il convient de rappeler qu’une feuille de route nationale 2021-2050, pour le développement du gaz naturel, a été mise en place par le département de l’Énergie, des mines et de l’environnement. Ce nouveau plan d’action vise à utiliser cette ressource comme un levier pour la transition énergétique du Royaume, la compétitivité de ses industries, la décarbonation de son économie et l’accompagnement des énergies renouvelables, notamment en réglant définitivement le problème de leur intermittence.