05 Juillet 2021 À 20:38
Pourquoi le Maroc est-il unanimement considéré comme le Paradis des géologues ? Parce qu’on peut lire, à travers les diverses formations géologiques de ses vastes territoires, l’histoire de notre planète Terre, c’est-à-dire des plus vielles roches de l’Archéen (3,1 milliards d’années) du côté Sahara à Awsserd, aux plus jeunes actuelles du Quaternaire (2 millions d’années). Cette longue histoire est conservée dans les paysages marocains suite au long voyage à la surface de la planète qu’a connu le Craton ouest-africain dont le Maroc est solidaire, à sa partie nord, tantôt se trouvant au pôle Nord, tantôt au pôle Sud.r>Au gré de ce cycle du ballet tectonique rythmé tous les 400 millions d’années entre la dispersion et le regroupement des masses continentales, 200 millions d’années pour leur éclatement et 200 millions d’années pour leur assemblage, le Maroc a subi dans ces temps toutes les fluctuations géologiques engendrées par ces mouvements des plaques tectoniques. À chaque regroupement des masses continentales en méga-continents, d’énormes chaînes de montagnes s’édifient et chaque éclatement engendre des formations d’espaces océaniques et des envahissements marins.
C’est ainsi que de grands espaces marocains se trouvaient engloutis au centre de ces masses terrestres lors de la formation de plusieurs chaînes de montagnes successives, aujourd’hui toutes disparues, entre des périodes où ces mêmes espaces étaient envahis par des domaines marins. À chaque époque, des physionomies géologiques temporaires se sont constituées au gré du temps et des plissements continus. Des traces indélébiles de chaque période restent ancrées dans la croûte comme des cicatrices qui nous montrent les événements subits à travers les diverses roches issues de ces périodes. C’est pourquoi le Maroc a pu archiver depuis et durant plus de 3 milliards d’années toutes les variétés de roches constituant un Patrimoine géologique planétaire.r>Donc, suite à ce cycle du ballet de mouvements tectoniques, le visage de la Terre a subi plusieurs configurations géologiques évolutives très différentes de celle actuelle. Dans cet article, on s’est limité à évoquer trois principales formations. La première remonte à la constitution du premier supercontinent connu il y a 3,6 milliards d’années et qui fut nommé Vaalbara. Les géologues y ont retrouvé la plus vieille trace de vie dans les gneiss d’Isua, au Groenland (inclusion de carbone).
La deuxième configuration géologique fut appelée Columbia, un supercontinent composé des masses continentales formées aux environs de 2,2 milliards d’années. Ces blocs terrestres vont constituer plus tard les visages des paysages géologiques de nos cinq continents. Les géologues considèrent cet événement de formation de Columbia comme le véritable démarrage du cycle de dislocation et de regroupement des masses continentales qui continue jusqu’à nos jours. La superficie de Columbia a été estimée par les géologues à environ 12.900 km du nord au sud et 4.800 km dans sa plus grande largeur.r>La troisième configuration évoquée dans cet article du paysage de la Terre est considérée comme le dernier assemblage des blocs terrestres, qui consiste à représenter deux supercontinents ; Gondwana et Laurasia qui ont constitué la Pangée de Wegener.
La dislocation à nouveau de la Pangée à partir du début du secondaire (250 millions d’années) a conduit progressivement aux positions géographiques actuelles de nos continents. Ce dernier assemblage, qui a donné la Pangée se termine au Carbonifère, il y a 350 millions d’années. S’il a fallu plus de 200 millions d’années pour rassembler les grands morceaux de la Pangée entre l’Ordovicien et le Permien, ce qui a provoqué à la fin l’orogenèse Hercynienne, il en faudra 200 autres millions d’années pour disperser ces mêmes continents entre le Gondwana et Laurasia qui vont engendrer l’ouverture de l’Atlantique et, par la suite, les blocs terrestres du Gondwana vont être détachés et dispersés à leur tour et vont engendrer la formation du système Alpin pour aboutir à la naissance de la Méditerranée. Ces deux supercontinents Laurasia et Gondwana fusionnés en un seul continent, la Pangée, ont créé un climat chaud et humide, et ont permis la prolifération du couvert végétal. De vastes forêts comparées aux forêts vierges équatoriales se développèrent et les plantes à graines régnaient même dans les zones sèches.
Abdessamad Senhaji Rhazi