21 Février 2021 À 17:00
Le Matin : Comment décrivez-vous une gestion équitable et durable de la ressource en eau ? Et que fait Lydec dans ce sens ?r>Abdellah Talib : La gestion équitable et durable de la ressource en eau est au cœur de notre stratégie. en effet, en 2018, Lydec a adopté une nouvelle feuille de route Développement durable 2030 (FRDD 2030). Opérationnalisée en 2019, cette feuille de route est adossée aux référentiels nationaux et internationaux (ODD, SNDD, etc.) et tient compte des objectifs des visions territoriales (Plan d’action communal de Casablanca, Plan de développement du Grand-Casablanca…). Elle a été définie autour de 4 Engagements et 11 Objectifs stratégiques au service de la transition durable du Grand Casablanca.r>C’est ainsi que Lydec s’engage à «Agir en faveur de la gestion durable des ressources naturelles dans un contexte de changement climatique» (Engagement n° 3) et a comme objectif «d’être un acteur de référence de la gestion durable de la ressource en eau» (Objectif n ° 6). Nous disposons également d’un plan d’action qui vise à évoluer vers une gestion intelligente de la ressource en eau et à renforcer les infrastructures, afin d’accompagner la croissance de la ville de Casablanca et garantir aux clients un service de qualité.r>Et pour augmenter la performance du réseau, Lydec poursuit son plan d’amélioration du rendement à travers différents projets et déploie les moyens appropriés, ce qui lui permet d’accroître, chaque année, le rendement du réseau de distribution de l’eau potable. Par exemple, en 2019, le taux de rendement du réseau était de +77,5%. Les actions menées visant alors l’amélioration de la performance du réseau ont permis d’économiser, la même année, plus de 10 millions de m³ d’eau.r>Lydec veille aussi à faire évoluer son réseau d’eau potable en mettant en place des solutions intelligentes pour une meilleure pertinence des actions de réduction des eaux non facturées. On peut citer en particulier :r>• L’inspection des grosses canalisations r>(> DN 400) par la technologie smart ball : 10 km de linéaire prospecté et des pertes recherchées de plus 20 l/s (630.000 m³/an)r>• Équilibre calco-carbonique de l’eau : un dispositif de réajustement de pH sur le réseau distribution. Cette solution permettra notamment d’arrêter la dégradation interne des conduites en base, de diminuer la corrosion interne des réseaux en fonte grise et les incidents de dégradation de la qualité de l’eau (eaux rouges), d’atténuer la dissolution du plomb et la vitesse de corrosion des aciers galvanisés et d’augmenter la durée de vie des canalisations notamment celle des conduites en fonte grise.r>À noter qu’en 2019, Lydec a «écouté» près de 12.000 km de réseaux lors des opérations d’inspections nocturnes. Plus de 1.300 fuites d’eau sur conduites et près de 15.000 fuites sur branchements et postes de comptage ont été détectées et réparées. Grâce à une meilleure connaissance du patrimoine, Lydec améliore chaque année son ciblage pour le renouvellement des canalisations et branchements d’eau potable. Par ailleurs, et dans le cadre de sa Feuille de route Développement durable 2030, Lydec s’engage aussi à «Promouvoir un développement socio-économique équitable» (Engagement n° 4) et se fixe parmi ses objectifs de «Développer l’accès durable aux services essentiels» (Objectif n° 10). C’est ainsi que l’entreprise accompagne le projet Initiative nationale pour le développement humain (INDH) depuis 2005 par la desserte en eau et en électricité des quartiers défavorisés. Dans ce même cadre, Lydec a lancé en 2005 le projet Inmae, ayant pour objectif d’apporter les services de base à plus de 90.000 foyers répartis sur le Grand Casablanca. Un accord-cadre définissant les grands principes du programme a été alors signé avec la wilaya du Grand Casablanca, l’Autorité délégante et le ministère de l’Intérieur le 13 septembre 2005.
Quels sont les principaux projets d’investissements afférents aux activités Eau et Assainissement ?r>Avant de répondre à votre question, je voudrais noter que l’expansion du Grand Casablanca se fait à un rythme de plus de 300 ha par an, ce qui induit une augmentation des besoins de base en eau, en assainissement et en énergie. Lydec, en tant que distributeur de ces quatre services essentiels, contribue à cette expansion en rendant ses réseaux «intelligents», s’inscrivant ainsi dans l’ambition de Casablanca visant à se transformer en «Smart City». Un réseau intelligent est un ensemble de solutions et de systèmes utilisant les Systèmes d’Information géographique (SIG) ou des techniques connectées, qui permettent aux opérateurs de réseaux de contrôler le fonctionnement des réseaux et ouvrages, de diagnostiquer les incidents, de prioriser et gérer, en continu et à distance, les opérations de maintenance. Les données fournies sont utilisées pour optimiser tous les aspects de la performance des réseaux de distribution. Ces nouveaux systèmes et solutions et comprennent des outils de mesure communicants (tels que les capteurs, débitmètres, compteurs évolués) combinés à des outils d’aide à la décision. L’objectif étant d’améliorer la qualité de service tout en optimisant les coûts d’exploitation et d’investissement. En 2020, les investissements de la gestion déléguée ont atteint plus de 911 millions de DH dont 49% (soit +451 millions de DH) alloués au métier de l’assainissement, 24% à l’eau potable et 20% à l’électricité et l’éclairage public. L’année 2020 a été marquée par la signature d’une convention de partenariat pour le financement et la réalisation du projet de sécurisation de l’alimentation en eau potable du Grand Casablanca via les adductions Bouregreg. C’est ainsi que Lydec s’est engagée à réaliser une station de pompage d’une capacité de 1.000 litres/seconde et une conduite de refoulement entre le site «Médiouna 140» et «Merchich 240». Le coût de ce projet s’élève à environ 108 millions de DH HT. Son objectif est de sécuriser l’alimentation en eau potable de la zone Sud du périmètre de la Gestion déléguée qui connaît une expansion urbaine très importante (Communes de Bouskoura, Ouled Saleh, Médiouna, r>El Mejjatia Ouled Taleb, Lahraouiyine…)r>En 2020, nous avons poursuivi la réalisation de plusieurs réservoirs de stockage d’eau, permettant d’assurer une sécurisation et une autonomie d’alimentation dans certaines zones. Il s’agit des réservoirs de Ryad, de Mansouria et de Bouskoura. Il y a eu également les importants investissements dans les grands projets de collecte des eaux usées, tels que les transferts des eaux usées de Bouskoura Ville Verte, Bouskoura Ouled Saleh, Tit Mellil-Sidi Moumen et Errahma-Hay Hassani. Ces différents systèmes de transfert permettront d’acheminer les effluents en provenance des différentes Communes et Arrondissements situés dans des zones d’extension du Grand Casablanca vers le réseau existant qui rejoint les deux systèmes anti-pollution du Grand Casablanca (Est à Sidi Bernoussi et Ouest r>à El Hank).
Quid des partenariats pour justement renforcer la gouvernance intégrée de la ressource en eau et de valoriser la place de l’eau dans le contexte du changement climatique ?r>Nous avons toujours donné une place de choix au développement des partenariats. Je note ici la création de la Coalition marocaine pour l’eau (Coalma), annoncée en octobre 2016 à Casablanca, en amont de la COP 22 de Marrakech, et dont Lydec est l’un des membres fondateurs, de par ses métiers de distribution d’eau potable et d’assainissement liquide, et son engagement en faveur de la gestion durable de la ressource en eau. Il s’agit d’un enjeu prioritaire compte tenu du stress hydrique au Maroc, phénomène aggravé par le changement climatique, méritant sa place dans les négociations nationales et internationales sur la lutte contre le changement climatique. Coalma est aujourd’hui une structure multi-acteurs fédérant les expertises nationales et internationales, et un espace de concertation entre les différentes parties prenantes dans le domaine de l’eau et de l’assainissement (acteurs des secteurs public et privé de la gestion de l’eau, associations, institutions académiques…). L’objectif de Lydec est donc de mettre en place une gouvernance s’appuyant sur les partenariats public-privé, à même d’assurer une gestion intégrée et durable de la ressource en eau et de valoriser et promouvoir l’expertise marocaine dans ce domaine. Et pour finir, je dirai qu’en tant qu’association à but non lucratif, elle se fixe notamment comme missions la production d’études et de publications, la réalisation de campagnes de sensibilisation et d’éducation, l’organisation de colloques et manifestations scientifiques, ainsi que le développement de partenariats entre les différents acteurs nationaux et internationaux dans le domaine de l’eau.
INDH-Inmae, l’accès à l’eau pour tous
Le projet INDH-Inmae repose sur le principe du raccordement à domicile aux services d’eau potable, d’assainissement liquide et d’électricité des foyers situés dans les quartiers d’habitat non réglementaire, dont les Autorités ont décidé le maintien sur place. Le projet bénéficie d’un cadre de financement spécifique reposant sur une contribution des bénéficiaires à hauteur de 2.000 DH TTC par service, avec des facilités de paiement pouvant aller de quatre à sept ans. L’Autorité délégante exonère ces opérations du règlement des participations au fonds de travaux et Lydec prend à sa charge les coûts de gestion du projet. Lydec développe également à travers le projet INDH-Inmae, une maîtrise d’ouvrage sociale adaptée, qui propose un accompagnement spécifique des populations éligibles. Des normes clientèles spécifiques ont donc été développées en accord avec les Autorités afin de proposer des solutions clientèle et une méthodologie opérationnelle adaptées au contexte informel. Le projet vise depuis 2005 le raccordement à domicile en eau, assainissement et électricité de plus de 90.000 foyers, soit environ 500.000 habitants sur le Grand Casablanca. Le coût total estimé pour la réalisation du projet est d’environ 1,9 milliard de DH. Fin 2019, déjà plus de 56% des opérations programmées ont été réalisées permettant aux habitants un accès à domicile aux services eau et/ou assainissement et/ou électricité, 17% étaient en cours de travaux, 11% en cours d’étude et 17% en attente de nouveaux financements.
La STEP de Médiouna : Un exemple de Re-use
Inauguré en 2017, et après avoir été primé par le Prix Hassan II pour l’environnement en 2018, l’espace expérimental d’agriculture urbaine de la Station d’épuration des eaux usées (STEP) de Médiouna a été intégré en juin 2019 à la Cartographie de l’action de l’association internationale Climate Chance. Il s’agit d’un outil dynamique, lancé en 2018, pour diffuser les projets et bonnes pratiques menés en faveur de la lutte contre le changement climatique par des acteurs non-étatiques du monde entier. Le jardin expérimental d’agriculture urbaine s’étend sur 1.600 m² et regroupe plus de 80 espèces végétales irriguées par les eaux usées épurées de la STEP de Médiouna. C’est un lieu de sensibilisation ouvert à l’ensemble des parties prenantes de Lydec (élèves et étudiants, riverains, associations, agriculteurs, élus, etc.) et démontre que la réutilisation des eaux usées épurées à des fins d’irrigation agricole est possible dans le cadre d’une agriculture urbaine et biologique. Ainsi, cet espace agit concrètement en faveur de la protection de l’environnement, du développement de l’économie circulaire et de l’adaptation au changement climatique, dans un contexte de stress hydrique. D’une capacité de 40.000 équivalents habitants, la STEP de Médiouna a traité, en 2019, pour sa sixième année d’exploitation plus de 878.000 m³ d’eaux brutes. Dotée de la technologie de Bioréacteur à membranes, le rendement épuratoire a ainsi atteint plus de 95 % toute pollution confondue. Les eaux épurées sont ensuite dirigées vers l’Oued Hassar.
2020, une forte implication pour la lutte contre les inondations et la collecte des eaux pluviales
Pour atteindre cet objectif, la société a mis en place de nouveaux projets tout en poursuivant et achevant d’autres chantiers en cours. Il s’agit notamment de :r>• La galerie des eaux pluviales de la RN1 et ses dessertes gravitaires. Cet ouvrage sera raccordé au Super Collecteur Ouest (SCO) et protégera l’axe routier principal Casablanca-El Jadida contre les inondations et permettra aussi l’assainissement des eaux pluviales des zones d’extension de l’arrondissement de Hay Hassani.r>• La galerie de stockage des eaux pluviales de Hay Sadri, d’une capacité d’environ 14.000 m³, en diamètre équivalent DN4000, sur une longueur de 1,4 km. Cette infrastructure a pour objectif de supprimer les débordements du secteur Hay Sadri et au niveau de l’avenue Mohamed Bouziane pour une pluie de période de retour maximale de 5 ans.r>• La galerie des eaux pluviales de Tamaris sur un linéaire de 1.200 m. Cet ouvrage assainit les eaux pluviales et protège une zone couvrant une superficie de plus de 400 ha au niveau de l’Ouest de la Commune de Dar Bouazza.r>• La réhabilitation du collecteur T150 au niveau du boulevard Mohammed V.