01 Mars 2021 À 20:51
C’est lors de ce colloque tenu en 2012 que l’idée a germé chez le secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume, Abdeljalil Lahjomri, de la publication de cet ouvrage qui rassemble «les actes de ces deux intenses journées de réflexion, de propositions et de méditation sur la création d’une institution qui permettra à toutes les générations d’apprendre à connaître l’histoire de leur pays, à l’approfondir, à l’écrire avec objectivité et sérénité dans son ampleur et sa diversité», souligne A. Lahjomri qui n’a pas manqué de signaler la complexité de ce grand projet. «Mais la science historique a atteint, de nos jours, une telle maîtrise dans le renouvellement de ses outils d’investigation et de ses méthodes d’analyse que rien ne peut s’opposer aujourd’hui à l’édification d’une institution aussi indispensable que salvatrice», ajoute-t-il. Pour le président du Conseil national, des droits de l’Homme, Driss El Yazami, «ce livre est le commencement d’un immense chantier qui nous attend pour écrire notre vraie histoire, avec un esprit critique et objectif, et la faire connaitre aux générations futures, aussi bien marocaines qu’étrangères». Une histoire non figée, ouverte à des lecteurs de tous genres et de toutes nations, qui peut aussi toucher les jeunes par l’utilisation des technologies de pointe. «Cet ouvrage scientifique a été réalisé suite au colloque international initié par le Conseil national des droits de l’Homme et dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations de l’Instance Équité et Réconciliation. Il plaide pour la création d’une Maison de l’Histoire du Maroc qui semble aujourd’hui nécessaire et indispensable, notamment pour répondre aux interrogations des jeunes générations qui vivent des mutations extraordinaires, au niveau national et international. Il ne faut pas oublier qu’il y a aussi une dynamique académique marocaine assez importante, avec une école historique réelle, comme en témoignent le docteur Kenbib et d’autres, puis une dynamique institutionnelle, comme la création d’Archives du Maroc. Donc, toutes les conditions sont rassemblées pour la fondation de cette institution qui doit impulser la recherche et présenter les fruits de cette histoire multiséculaire d’une diversité extraordinaire, comme c’est rappelé dans le préambule de la Constitution. Nous avons, de ce fait, à témoigner et à dire en permanence ce qu’est notre histoire, notamment celle des Marocains du monde qui fait partie intégrante de la nôtre, même si elle se fait ailleurs. Pour cela, il faut qu’il y ait une implication du secteur public et privé, puis la participation de tous les acteurs. Je saisis cette opportunité pour dire que je suis particulièrement heureux et fier que cet ouvrage ait été édité par l’Académie du Royaume du Maroc», précise Driss El Yazami qui a intervenu à la conférence de présentation du livre aux côtés du professeur et chercheur, Mohammed Kenbib.r>Toutefois, en plus de l’avant-propos de Abdeljalil Lahjomri et la préface de Driss El Yazami intitulée «Voici donc venu le temps de l’histoire», une trentaine de contributions ont enrichi les 630 pages de cet ouvrage magnifiquement illustré, notamment celle de Jamaâ Baida, directeur des Archives du Maroc, sous la thématique de «La presse écrite au Maroc : un agent de mutation culturelle et politique (XIXe-XXe siècles)». Ainsi, Baida a abordé l’historique de cette presse en s’attardant sur quelques repères significatifs de son évolution et là où elle s’érige en facteur de mutation politique et culturelle, sans ignorer, selon lui, le rôle du journal paru à Tanger «Lissanou Al-Maghrib», animé par deux syro-libanais. «Ce qui sous-entend qu’il y avait une certaine complicité entre ces deux grands journalistes et une élite marocaine qui n’osait pas se montrer dans le contexte politique au temps de Moulay Abdelhafid. J’ai aussi cité dans cet ouvrage d’autres exemples où la presse s’est érigée, notamment pendant les années 1930, comme la tribune, par excellence, des revendications nationalistes, en commençant par celles réformistes dans le cadre du Traité de Fès de 1912, avant de passer à d’autres exemples assez proches de l’indépendance du Maroc. Donc, j’ai étalé un ensemble d’exemples pour aboutir à la conclusion que la presse au Maroc a été vraiment un facteur pédagogique de mutations culturelle et politique», explique Jamaâ Baida. On peut, de ce fait, conclure que ce livre, imposant par ses nombres de pages et la qualité des sujets traités, est un témoignage d’une évolution, d’une pensée et d’une inspiration pour un Maroc qui hisse la culture au à la position qu’elle mérite dans un pays moderne et d’ouverture.r>Dans son communiqué, l’Académie du Royaume indique que cet ouvrage, publié aux éditions La Croisée des Chemins, intervient dans une conjoncture où les connaissances historiques, en général, sont devenues un pari qui nécessite un traitement serein et continu. Aussi, la Maison de l’histoire du Maroc permettrait d’accompagner et d’affermir la vie démocratique de la nation. «Plusieurs historiens rappellent que le travail de mémoire en cours dans la société de diverses manières doit être accompagné par les pouvoirs publics, inscrit dans la durée. Les diverses contributions reprises dans cet ouvrage ont permis de donner une première esquisse de la future Maison, conçue comme un espace de recherche, d’études et d’interprétation, ainsi qu’un outil pédagogique, d’organisation de conférences et de colloques, d’édition et de mise en réseau, travaillant en partenariat avec les milieux académiques, les institutions proches (et notamment les archives et les milieux éducatifs), ainsi que la société civile».
Nouvelles missions de l’Académie du Royaume du Marocr>Rappelons que l’Académie du Royaume vient d’avoir de nouvelles missions mettant l’accent sur sa contribution à la réalisation de la renaissance intellectuelle, scientifique et culturelle du Royaume, ainsi que son rôle de faire connaître les différentes facettes de l’identité nationale avec tous ses composantes et affluents, et de diffuser les valeurs et principes universels ancrés dans le dialogue des cultures et des civilisations. Cette nouvelle vision vise à faire de l’Académie une institution nationale de référence à même de contribuer au rayonnement culturel du Maroc, et un outil de communication et d’ouverture culturelle et intellectuelle dans le respect des orientations de la Constitution du Royaume.