05 Février 2021 À 19:24
De nombreux paysans de Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, découvrent un métier, qui permet d’augmenter leurs revenus avec la vente de miel, mais aussi avec des rendements plus importants de leurs terres grâce à une meilleure pollinisation réalisée par les abeilles. La «force» des abeilles ouest-africaines est qu’elles sont «plus sauvages, peu habituées au contact avec l’homme» contrairement aux Européennes qui sont menacées notamment par l’usage d’insecticides et pesticides. Ici, l’apiculture moderne en est à ses débuts, souligne François Silué, de la Société coopérative ivoirienne de Katiola (Nord), où est produit le miel le plus réputé du pays.r>«Notre devoir est d’amener les paysans à ne plus tuer les insectes, à changer de culture», explique l’apiculteur formé par des coopérants japonais et allemands. Sa coopérative regroupe une cinquantaine d’agriculteurs qui se sont laissé tenter par le miel. Au niveau national, il est compliqué d’avoir des statistiques sur l’apiculture : «il n’y que des chiffres parcellaires», explique le Dr Marcel Iritié, président de la Plateforme agricole de Côte d’Ivoire. Cette plateforme revendique quelque 30 tonnes de miel produites par an à travers une centaine d’adhérents et plusieurs coopératives. «Mais ça ne prend pas en compte des centaines de petits producteurs», ajoute-t-il. «Le paysan qui fait de l’apiculture gagne doublement : l’argent du miel, mais aussi ses rendements sont meilleurs grâce à une meilleure pollinisation», assure Mathieu Offi, Ivoirien, l’autre co-dirigeant du «Bon miel de Côte d’Ivoire». «Il faut me mettre cinq ruches de plus !», affirme enthousiaste Ahmed Yao, ouvrier agricole qui perçoit à la fois une partie des recettes du miel et des récoltes maraîchères. Pour convaincre, il mise aussi sur l’investissement «minime» que requiert l’apiculture. «Tout compris, une ruche coûte 35.000 F CFA (50 euros). Ajoutez une tenue et un peu de matériel, ça ne dépasse pas 65.000 (100 euros). C’est amorti dès la première année». Le prix du miel varie entre 3.000 et 10.000 francs (15 euros) le kilo, et ses produits dérivés (cire, propolis, miellat, huiles essentielles, venin d’abeilles...) se vendent bien. «Le goût du miel change selon ce que butine l’abeille. Le miel d’ici est réputé parce qu’il y a de l’acacia et de l’anacarde (noix de cajou). Il est sucré», explique Edvige Brou Adoua, vendeuse à la coopérative de Katiola. Elle insiste : à la coopérative, pas de mélange ! Dans la capitale économique Abidjan, il n’est pas rare de voir des vendeurs de rue proposer du miel coupé à l’eau et au sucre.