22 Septembre 2021 À 20:12
Les moyens de transport sont les principaux responsables de la pollution et de la mauvaise qualité de l’air dans le monde. Ils génèrent d’innombrables menaces et des dégâts de diverses natures et font de la mobilité un enjeu planétaire et sociétal. Au Maroc, la situation des transports confirme largement les constats mondiaux, particulièrement à travers l’accroissement du trafic routier.r>Afin de réfléchir sur des alternatives de déplacement et limiter ainsi la pollution, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a organisé, mercredi 22 septembre 2021, un atelier de restitution en vue de présenter son avis sur la mobilité durable au Maroc intitulé «Vers des moyens de transport durables et accessibles».r>Dans cet avis, le Conseil relève que le Maroc a, certes, réalisé des progrès indéniables en matière de développement d’infrastructures modernes, mais beaucoup reste encore à faire. «Le Royaume a fourni de nombreux efforts en matière de développement d’infrastructures modernes, ainsi qu’au niveau des modes de transport, y compris durables, comme peuvent en témoigner certains chantiers des LGV/TGV Maroc, tramways et BHNS électriques», a souligné Ahmed Réda Chami, président du CESE. «Ces progrès sont rendus possibles grâce, notamment, aux dispositifs législatifs, réglementaires et aux nouvelles formes de gouvernance territoriale, mis en place dans le cadre du processus de la régionalisation avancée. Cependant, l’offre disponible en matière de transport en commun demeure insuffisante, inadéquate et peu accessible, par rapport aux besoins de la population (en particulier les femmes, les personnes âgées, les personnes en situation de handicap et les personnes à faible revenu), aussi bien dans les aires urbaines denses que dans les aires rurales dispersées ou enclavées», a-t-il ajouté, insistant qu’il faut tenir compte des critères économiques, sociaux et environnementaux dans la mise en œuvre des politiques de mobilité pour assurer un accès pour tous les citoyennes et citoyens tout en réduisant l’impact environnemental des déplacements.r>De son côté, Idriss Ilali, rapporteur du thème, a présenté les conclusions de cet avis. Il a, dans ce sens, indiqué que le CESE entend, dans cette étude, inverser le paradigme en préconisant une approche holistique qui transforme les externalités négatives des transports en externalités positives. «Adopté à l’unanimité lors de la 121e session ordinaire du CESE, cet avis examine l’opportunité de développer une mobilité durable au Maroc visant le bien-être de la population, grâce à l’amélioration de l’exercice des libertés, du droit d’accès aux services sociaux de base et à l’emploi, et ce, via des transports de qualité, davantage accessibles et plus respectueux de l’environnement», a indiqué Idriss Ilali. Et de préciser qu’«En l’absence d’une vision claire et d’une stratégie intégrée pour la mobilité durable, les politiques nationales et territoriales peinent à inverser les approches classiques bien ancrées du système de transport. Les principales politiques et programmes nationaux et territoriaux sont principalement centrés sur les véhicules, principalement privés, et sur les déplacements, a fortiori physiques, au lieu d’être centrés sur l’individu. Ce modèle dominant ne prend pas en considération la réduction des déplacements grâce à la proximité et à l’optimisation de l’accessibilité aux services sociaux de base».
Recommandationsr>Dans ce sens, le Conseil économique social et environnemental préconise le développement d’un système intégré de la mobilité durable qui vise essentiellement à intégrer les besoins en mobilité durable (accès à l’emploi, à l’habitat et aux services publics…) aux exigences urbanistiques, d’aménagement du territoire et de planification, à améliorer l’accessibilité pour tous les citoyennes et citoyens à des moyens de transport en commun durables et développer des infrastructures rurales durables, limitant ainsi la dépendance au véhicule particulier et réduisant les fractures spatiales et sociales et à accélérer l’exécution du contrat-programme de développement des plateformes logistiques routières à la périphérie des villes, tout en assurant leur connexion au rail.r>Le CESE appelle à mettre à niveau le Code de la route et de la sécurité routière, d’une manière compatible aux principes de la mobilité durable, améliorant l’accessibilité et limitant le risque pour les usagers et l’environnement. «Il faut déployer progressivement des solutions techniques et technologiques durables, compatibles avec les besoins de toutes les catégories d’usagers et adaptées aux différentes échelles territoriales, mais aussi mettre progressivement en place un modèle économique de la mobilité durable, intégrant la condition sociale, la qualité de l’air, l’état de santé et le bien-être des populations», lit-on dans le rapport du CESE. «Il est aussi nécessaire d’élaborer des programmes de formation initiale et continue, dans tous les domaines et métiers de la mobilité durable, destinés à tous les acteurs, afin d’améliorer et de renforcer les compétences des ressources humaines, y compris des élus, à l’échelle des territoires et d’adopter une stratégie de communication et de sensibilisation des citoyennes et citoyens à la mobilité durable à travers des contenus pédagogiques portant sur l’environnement, l’état de santé et les progrès technologiques, des programmes audiovisuels et sur les réseaux sociaux, impliquant l’ensemble des partenaires sociaux», recommande le Conseil, ajoutant que le système proposé requiert notamment la nécessité de mettre en place une Commission interministérielle, dotée d’extensions régionales, en charge de la mobilité durable, pour remédier aux risques de chevauchement des compétences, de dilution des responsabilités et d’éparpillement des moyens.
Un pouvoir d’achat limité et une fragilité sociale contraignante
D’après l’avis du CESE, la voiture individuelle personnelle reste le mode de transport le plus privilégié au Maroc comme dans d’autres pays, cependant de nombreux Marocains sont encore obligés de se déplacer à pied et parfois pour de longs trajets. Le recours aux transports en commun n’est pas toujours possible. Le coût des transports représente une part non négligeable au regard des revenus modestes des personnes en situation de précarité. «L’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens est un objectif central du développement de la mobilité durable. L’offre disponible en matière de transport en commun reste insuffisante par rapport aux besoins des populations, aussi bien dans les aires urbaines denses que dans les aires rurales dispersées ou enclavées. Les périphéries urbaines et les nouvelles villes satellites souffrent également des mêmes carences, en raison de l’absence de l’intégration en amont des plans de déplacements et d’aménagement. Cette situation aggrave les inégalités sociales et pose pour les villes le défi de réguler les flux des véhicules particuliers et de gérer les nuisances et la pollution qui en résultent. Si on prend la ville de Casablanca pour exemple, elle concentre le tiers des véhicules en circulation au pays», souligne le Conseil.