28 Mars 2021 À 20:36
Management & Carrière : Quelle lecture faites-vous de la réalité de la situation des femmes dans le management ?r>Inass Solimane : À l’heure actuelle, les femmes ont pleinement intégré le monde du travail. Néanmoins, la problématique de leur accès aux plus hautes sphères des entreprises demeure pertinente. En effet, les femmes apparaissent encore moins nombreuses à investir le top management de leurs entreprises que leurs homologues masculins. La rareté des femmes augmenterait à mesure que les échelons hiérarchiques sont gravis. Toutefois, la problématique de ces inégalités fait l’objet de discussions et nous espérons toutes que les mesures seront prises en charge pour réduire ces inégalités. Des modèles de femmes dans les hautes sphères sont des exemples de réussites pour les femmes marocaines, grâce à leurs actions, mais aussi leur contribution au rayonnement de la femme dans le paysage économique nationale. En toute modestie, consciente du chemin à parcourir, je suis l’exemple même de la méritocratie au féminin. J’ai commencé ma carrière au sein de KFC en 2015 en tant que responsable restaurant de Tanger et, aujourd’hui, je dirige l’équipe Marketing de KFC Maroc.
Quelles sont, selon vous, les vraies raisons qui font que les femmes sont encore peu nombreuses à accéder aux postes à responsabilités ?r>L’accès restreint des femmes dans les postes décisionnels du secteur des grandes entreprises reste un problème mondial. Néanmoins, certains pays font moins bien que d’autres. Selon les études que j’ai pu lire, lorsque je me suis intéressée au sujet, les femmes-cadres sont souvent victimes d’un «plafond de verre» et rencontrent de nombreux obstacles pour parvenir aux plus hautes fonctions dans la plupart des entreprises du monde. Sur le capital humain, il en ressort trois dimensions de l’évolution de carrière : les facteurs personnels, l’organisation familiale et le contexte organisationnel. Mais je pense aussi que cette perception est un facteur qui permet de progresser et qui pousse les femmes à se dépasser. Il est très difficile de me placer en tant que spécialiste dans cette question qui relève d’une problématique internationale avec l’avènement de plusieurs mouvements pour dénoncer les inégalités hommes-femmes, mais en tant que femme carriériste, dès qu’une personnalité féminine réussit en entreprise, en politique en encore association, je me réjouis des progrès que nous faisons chaque jour pour les femmes.
Certains experts louent les impacts positifs du management au féminin pour l’entreprise. Qu’en pensez-vous ?r>Je n’aime pas penser qu’il existe une différence en management entre les sexes. D’après mon expérience, tout dépend des compétences du manager, sa vision et sa façon de la véhiculer à ses équipes. De nombreux managers-hommes dans ma carrière ont su m’accompagner et développer mes compétences. La femme est sûrement perçue comme plus sensible, plus collaborative et plus consensuelle, mais encore une fois, chaque individu à sa propre expérience, son vécu, sa vision et c’est ce qui prime dans un management.
Vous avez eu une expérience atypique. Qu’est-ce qui a boosté votre carrière professionnelle au sein de cette structure ?r>J’ai commencé en tant que responsable d’un restaurant KFC il y a presque cinq ans. Mon rôle était d’assurer le bon fonctionnement et la qualité client de ce restaurant. J’étais chargée de manager plus d’une vingtaine de personnes qui avaient des tâches bien définies et spécifiques pour allier mon management à la qualité KFC. Aujourd’hui, je suis Marketing Manager depuis 2018. Orientée sur le développement de l’image de la marque, je déploie, à l’aide de mes équipes, une stratégie marketing adaptée aux clients, mais également aux attentes du marché si concurrentiel de la restauration. Depuis que j’occupe ce poste, KFC Maroc a obtenu plusieurs Prix décernés par American Food pour ses performances et ses projets de rationalisation des menus en 2019 ainsi que le Prix de la meilleure croissance en termes de ventes en 2019 grâce à des stratégies rudement pensées et une équipe confiante dans la vision d’Inass. Actuellement, je place le curseur sur le développement de la compétitivité, mais également sur les offres les plus attractives pour mes clients ainsi que la garantie des meilleurs aliments. De plus, nous avons mis en place, depuis la nouvelle équipe managériale en 2018, toute une stratégie produit et Marketing adaptée aux clients locaux et nous avons innové cette année en présentant un nouveau burger 100% adapté et créé pour le Maroc, le «Harissa Burger».
Que retenez-vous de cette expérience ?r>Je collabore avec des équipes jeunes et dynamiques depuis que j’ai intégré le groupe, nous sommes passionnés par un objectif commun qui est de faire grandir cette marque et gagner le cœur des consommateurs marocains. Mon expérience m’a permis de connaître l’ensemble des métiers de KFC, j’ai effectué un parcours au premier palier pour continuer et faire partie prenante de la stratégie de développement de KFC au Maroc. Le groupe investit également dans les formations internes et les Reporting aux normes internationales, par exemple la gestion de la sécurité sanitaire, la qualité des produits, la gestion de projets, qui permettent de garantir une évolution au sein de la même chaîne.r>La restauration est un secteur très compétitif, nous avons tous les jours des challenges à relever et c’est une expérience, bien qu’étant stressante, enrichissante sur le point humain et professionnel. Si je devais retenir un atout qui permettrait de se développer et de capitaliser sur sa carrière, je dirais dans mon cas, une équipe forte et soudée et surtout une curiosité à toute épreuve.