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OMS, experts et ONG : «Trop peu, trop tard»

Les pays les plus riches du monde ont promis de partager 1 milliard de doses de vaccins anti-Covid avec les pays défavorisés, mais ce geste laisse sur leur faim l’OMS, ses partenaires et les ONG, pour lesquels c’est trop peu, trop tard.

Si une partie de la population des pays riches reprend une vie normale grâce à la vaccination, les progrès sont encore fragiles dans les pays moins favorisés, largement privés de sérums. Ph. ONU

14 Juin 2021 À 20:25

Lors de leur sommet ce week-end en Angleterre, les dirigeants du G7 ont annoncé le don de 1 milliard de doses, de fait 870 millions doses auxquelles viennent s’ajouter les engagements déjà pris depuis février- soit en nature soit sous forme d’aide financière au système international de distribution Covax. «Nous saluons les annonces généreuses de dons de vaccins et remercions les dirigeants. Mais il nous en faut plus, et plus vite», a martelé le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus. Covax avait livré au 14 juin plus de 85 millions de doses dans 131 pays et territoires, bien moins que prévu. Carl Bildt, l’envoyé spécial de l’OMS pour le dispositif international chargé d’accélérer l’accès aux outils de lutte contre la Covid (Accélérateur ACT) appelle également à «agir maintenant». «Pour véritablement mettre fin à la pandémie, notre objectif doit être de vacciner au moins 70% de la population mondiale d’ici à ce que le G7 se réunisse à nouveau en Allemagne l’année prochaine. Cet objectif peut être atteint avec le soutien du G7 et du G20, ensemble. Pour y parvenir, nous avons besoin de 11 milliards de doses», souligne l’ancien Premier ministre de Suède. Selon ses calculs de Helen Clark, qui copréside un groupe d’experts chargé d’évaluer la gestion mondiale de la pandémie, les pays à haut revenu ont mis de côté 4,3 milliards de doses pour une population totale de 1,16 milliard de personnes. Même en comptant deux doses par personne, «il reste deux milliards de doses à redistribuer», explique l’ancienne Première ministre de la Nouvelle-Zélande. Ilona Kickbusch, fondatrice du Global Health Centre de l’Institut de hautes études internationales et du développement à Genève, se montre aussi sceptique face à la volonté affichée du G7 de renforcer l’agence onusienne : «Je croirai (ce) point lorsque les contributions à l’OMS seront augmentées».r>Pour Oxfam, il faut avant tout régler la question de la suspension des brevets sur les vaccins, afin d’accélérer leur production. Les dirigeants du G7 «disent vouloir vacciner le monde d’ici la fin de l’année prochaine, mais leurs actions montrent qu’ils se soucient davantage de protéger les monopoles et les brevets des géants pharmaceutiques», accuse Max Lawson d’Oxfam. Un constat que partage Human Rights Watch (HRW), alors que les négociations sur le sujet viennent tout juste d’être lancées à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) après des mois de discussions. Pour Aruna Kashyap de HRW, «se concentrer sur les vaccins et faire des dons de charité ne suffit pas.

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