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Le PAM et l’Istiqlal bien partis pour intégrer la majorité gouvernementale, l’USFP voit ses chances s’amenuiser

La majorité gouvernementale sera connue la semaine prochaine, avait annoncé le Chef du gouvernement désigné, Aziz Akhannouch, il y a quelques jours. Toutefois, après les accords scellés au niveau des Conseils des régions et qui vont permettre au RNI, au PAM et à l’Istiqlal de diriger chacun quatre des 12 régions du Royaume, plusieurs observateurs assurent que la nouvelle majorité sera composée uniquement de ces trois partis arrivés premiers lors des législatives. Vendredi dans la soirée, le PAM a annoncé avoir accepté la proposition du chef du gouvernement désigné d’intégrer la majorité gouvernementale. Pour le PI, son conseil national se prononcera ce week-end. Quatrième au classement, l’USFP s’accroche à son «droit» de faire partie de l’alliance.

17 Septembre 2021 À 21:05

Au moment où la plupart des partis représentés au Parlement ne cachent plus leur ambition de participer à la composition du prochain gouvernement, les tractations menées de manière formelle ou informelle montrent qu’il n’y aura pas assez de places pour tout le monde. En effet, selon plusieurs observateurs, il y a de fortes chances que le prochain gouvernement soit composé de trois partis seulement. Un scénario loin d’enchanter des partis tel que l’Union socialiste des forces populaire (USFP) qui se voit déjà dans les rangs de la majorité. Une majorité qui sera connue dès la semaine prochaine, comme annoncé par le Chef du gouvernement désigné, Aziz Akhannouch, à la fin du premier round de ses consultations avec les partis politiques. Selon plusieurs sources, des réunions ont eu lieu loin des objectifs des caméras entre les chefs des trois formations de tête des dernières législatives, à savoir le RNI, le PAM et l’Istiqlal. Elles ont permis de sceller un accord à propos des questions cruciales, notamment en ce qui concerne la coordination au sein des deux Chambres du Parlement et la composition du gouvernement.r> r>Entre le PAM et l’USFP, rien ne va !r>C’est un secret de polichinelle. Les relations entre le Parti authenticité et modernité (PAM), arrivé deuxième aux législatives avec 86 sièges, et l’Union socialiste des forces populaires (USFP), arrivé quatrième avec 35 sièges, sont tendues. Nourrissant tous deux l’ambition de faire partie de la prochaine équipe gouvernementale, aucun des deux partis ne se voit dans une alliance comprenant l’autre. Le chef du PAM, Abellatif Ouahbi, a été le premier à ouvrir les hostilités. Dans une rencontre avec les nouveaux parlementaires de son parti, il s’est dit favorable à une majorité gouvernementale composée de trois partis politique, faisant allusion au RNI, à l’Istiqlal et au PAM. Une position qui n’a pas dû faire plaisir à l’USFP qui se voit aussi dans les rangs de la majorité pour la prochaine étape.  

Son premier secrétaire, Driss Lachgar, a assuré, à plusieurs reprises, que la mise en œuvre du nouveau modèle de développement est une priorité à laquelle le parti est prêt à contribuer, mais sans le PAM apparemment. Dans son édition du jeudi 16 septembre, le quotidien «Al Ittihad Ichtiraki», média arabophone de l’USFP, mettait en garde contre la tentation de «vider la nouvelle alternance de son contenu, et ce en ignorant la voix de l’électrice et de l’électeur marocains», lors du scrutin du 8 septembre. Le parti de la rose souligne clairement que le parti arrivé deuxième aux élections ne peut pas prétendre à une participation au gouvernement dans le cadre d’une pratique démocratique. Pour Driss Lachgar et ses partisans, une telle participation revient à usurper le choix des urnes et entacher la pratique démocratique.

USFP-Istiqlal, un rapprochement difficiler>Pour renforcer ses chances d’accéder au gouvernement, l’USFP a cherché à sceller un pacte avec le Parti de l’Istiqlal pour une action commune au sein de la majorité, mais sa démarche s’est avérée infructueuse. Selon des sources bien informées, la demande formulée par l’USFP a été classée sans suite par l’Istiqlal qui ne voit plus d’intérêt à tendre la main à son ancien allié au sein de la «Koutla démocratique». Au-delà de cette alliance qui n’aura pas lieu, aucun des partis prétendant à une participation au gouvernement n’a encore annoncé officiellement sa position. Une telle décision devra passer par les organes décisionnels de ces partis, en l’occurrence leurs conseils nationaux.  r>Dans ce sens, le Parti de l’Istiqlal tient, samedi 18 septembre, une session extraordinaire de son parlement présidé par Chiba Maelaïnin pour se prononcer sur ce choix décisif. «Le plus haut organe décisionnel du parti en vertu de l’article 79 du statut de ce dernier, le conseil national, est habilité à prendre officiellement les décisions qui déterminent les positions du parti sur les différentes questions relevant de la politique nationale. C’est en cette qualité juridique qu’il déterminera le positionnement du parti dans la majorité ou dans l’opposition à la lumière de la vision adoptée», lit-on sur le quotidien «L’Opinion», porte-parole du parti de la balance.  

De son côté, le bureau politique de l’USFP a convoqué une réunion du conseil national du parti ce dimanche. Cette réunion est consacrée à la discussion des développements liés aux échéances du 8 septembre et de leurs résultats. La réunion sera également consacrée à l’orientation que le parti devrait prendre en phase avec les décisions issues de son 10e Congrès et à l’expérience qu’il a accumulée en matière de défense de ses choix politiques et intellectuels, indique un communiqué du bureau politique du parti. r>Du côté du PAM, la décision a été plus facile à prendre. Le parti qui tenait, vendredi, la réunion de son conseil national, avait déjà mis un pied dans la majorité. En effet, les 86 parlementaires du parti avaient donné carte blanche au secrétaire général, Abdellatif Ouahbi, pour mener les consultations au nom du parti en vue d’intégrer la nouvelle équipe gouvernementale dirigée par Aziz Akhannouch. Alors que nous mettions sous presse, un communiqué officiel annonce que «le PAM, après consultation et validation de la majorité des membres du conseil national du parti, a accepté la proposition du chef du gouvernement désigné, Aziz Akhannouch, d’intégrer la majorité gouvernementale». 

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Zahreddine Taïbi : Un gouvernement harmonieux est nécessaire pour mettre en œuvre le nouveau modèle de développement

La prochaine étape nécessite la formation d’un gouvernement harmonieux, capable de mettre en œuvre le nouveau modèle de développement (NMD), a estimé le professeur universitaire Zahreddine Taïbi. Dans une déclaration à la MAP, M. Taïbi, professeur chercheur en sciences politiques à l’Université Mohammed Premier d’Oujda, a souligné que les attentes vont actuellement vers la formation d’une majorité gouvernementale dotée de compétences de haut niveau, à même de concrétiser sur le terrain les recommandations du rapport sur le NMD. Le prochain gouvernement doit aussi s’atteler à la réalisation des grands chantiers stratégiques, tels que la réforme de l’enseignement, de la santé et de l’administration, la généralisation de la couverture médicale et la création d’opportunités d’emploi, a-t-il ajouté.

Au niveau de la région de l’Oriental, M. Taïbi a souligné la nécessité d’être à l’écoute des attentes de la population et des électeurs qui ont voté dans l’espoir d’une meilleure gestion des affaires locales et régionales. À la lumière des résultats des élections du 8 septembre, le paysage politique régional ne connaîtra pas de grands bouleversements, a-t-il relevé, appelant les élites politiques régionales à faire preuve d’esprit d’initiative, de manière à soutenir le processus de développement et créer des richesses et des opportunités d’emploi permettant d’améliorer la situation sociale des habitants. M. Taïbi a également mis l’accent sur la nécessité de procéder à un renouvellement des élites régionales, particulièrement au niveau de la préfecture d’Oujda-Angad, afin de regagner la confiance des citoyens dans les partis politiques, sachant que cette préfecture a enregistré le taux de participation le plus bas aux triples élections du 8 septembre, avec 24,84%, contre plus de 50% au niveau national.

 

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